11 septembre 2021 : ouvrons le journal, allumons la télé. Nous voilà inondés de mauvaises nouvelles. Serait-ce que le monde va de mal en pis ? Nous avons voulu y voir plus clair et nous avons mesuré la violence guerrière de Napoléon à nos jours.
Surprise. Nous découvrons que les attentats du 11-Septembre, si spectaculaires qu'ils fussent, ont inauguré les deux décennies les plus pacifiques qu'ait connues le monde depuis 1910, voire 1840, avec une baisse significative du nombre de victimes par rapport aux décennies antérieures. Cette baisse tendancielle de la violence s'est confirmée de 2011 à 2021, en dépit de Daech et de la guerre en Syrie...
Notre enquête porte sur la violence d'État. Elle inclut toutes les violences qui résultent d'une décision politique ou idéologique : guerres civiles, invasions, famines planifiées, terrorisme et attentats. Elle exclut les violences domestiques et la criminalité ordinaire, ainsi que les autres sources du malheur humain : misère, injustice sociale, violence économique (pour cause de sous-développement, d'oppression ou d'exploitation), sans compter les catastrophes, tremblements de terre, accidents d'avions, etc.
Tous les conflits, depuis l'origine des temps, connaissent leur lot de violences (blessures, sévices, viols, mutilations, traumatismes, incarcérations, privations de nourriture...) mais aucune des personnes sujettes à ces violences n'est comparable à une autre, ce qui rend impossible les comparaisons chiffrées de conflit à conflit. Il en va autrement des morts, y compris des personnes mortes des suites de leurs blessures (civils, militaires, francs-tireurs, mercenaires). Leur nombre est relativement bien connu et se prête à des comparaisons d'un conflit à l'autre. Nous nous en sommes tenus à cet indicateur pour évaluer le degré de violence des différents conflits car c'est le seul qui soit à peu près objectif et fiable (note). Notons que c'est de lui aussi que l'on se sert pour mesurer la criminalité ordinaire, la violence routière ou encore l'importance relative d'une catastrophe.
Nous avons obtenu le nombre de décès imputables à la violence d'État en nous référant, dans les principaux conflits, aux conclusions admises par la communauté des historiens et, en ce qui concerne les conflits récents, aux sources publiques. Même si celles-ci sont biaisées par la propagande des différents camps, elles donnent des ordres de grandeur assez pertinents pour les besoins de l'analyse, avec des fourchettes plus ou moins larges.
Même en considérant le haut de la fourchette, il s'ensuit un constat sans appel : la violence d'État a causé un million de décès en 2001-2010 ainsi qu'en 2011-2020 ; soit beaucoup moins que dans les décennies antérieures, de 1840 à 2000 (à l'exception de la décennie 1900-1910). La violence d'État a été moins meurtrière que la criminalité ordinaire (60 000 homicides en 2019 rien qu'au Brésil) et ne parlons pas de la mortalité routière (plus d'un million de morts dans le monde chaque année, dix à quinze millions dans une décennie).
Cette tendance à la baisse est-elle durable ? On peut l'espérer malgré le fiasco des révolution arabes qui a déjà provoqué plus d'un demi-million de victimes. Si la guerre perdure au Yémen, elle s'est pratiquement interrompue en Irak, en Afghanistan et en Syrie. En Afrique subsaharienne, au Mali et en Éthiopie, subsistent plusieurs foyers de rébellion. Le reste du monde ne connaît aucune guerre déclarée, seulement des foyers de tensions en Ukraine, dans le Caucase et la mer Égée, au Cachemire ou encore en mer de Chine.
Avec la fin de la guerre d'Afghanistan et sous réserve que les conflits en Éthiopie et en Ukraine ne dégénèrent pas, l'année 2022 pourrait s'afficher comme la première année de paix universelle depuis 1975 (cette année-là, pour la première fois depuis le XIXe siècle, le monde connut quelques mois de paix totale entre la fin de la guerre du Vietnam et la reprise de la guerre en Angola) (note).
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2001-2021 : des conflits limités
Dans les deux premières décennies du XXIe siècle, nous avons recensé trois zones de conflits principales :
Très variable selon les sources (note), le bilan de la deuxième guerre du Golfe (2003-2011), suite à l'invasion de l'Irak le 20 mars 2003, peut être estimé à 200 000 morts violentes, à quoi s'ajoutent les victimes de la décennie suivante (100 000 ?).
Là-dessus, la guerre civile en Syrie a conclu de façon dramatique le si mal nommé « printemps arabe ». Elle s'est soldée en dix ans (2011-2020) par environ 600 000 morts et un pays ravagé, sans compter l'émergence de l'« État islamique » (Daech) (2014-2017). L'autre guerre consécutive au « printemps arabe », en Libye, s'est soldée en 2011 par quelques dizaines de milliers de morts.
La deuxième guerre d'Afghanistan, de l'invasion du 7 octobre 2001 à la chute de Kaboul, le 15 août 2021, s'est soldée par un total d'environ 240 000 morts violentes en vingt ans (note).
Des groupes tutsis et hutus venus du Rwanda voisin se sont affrontés dans cette zone de 1994 à 2003 et sans doute au-delà. Avec plusieurs centaines de victimes civiles chaque semaine (assassinats, viols, enlèvements), ce fut sans doute la zone la plus conflictuelle du moment mais à coup sûr la moins médiatique (CNN et les marines en étaient absents !). Il s'ensuit des estimations très incertaines du nombre de victimes, peut-être 300 000 à 400 000 pour les années 2000.
Rappelons aussi le drame du Darfour (Soudan) qui a débuté le 26 février 2003 (200 000 à 300 000 victimes) et, dans la deuxième décennie du siècle, la guerre civile du Sud-Soudan (200 000 à 300 000 victimes).
Le Levant fait beaucoup parler de lui depuis un siècle. Mais le retentissement médiatique des affrontements israélo-palestiniens et la descente aux enfers du Liban sont heureusement sans commune mesure avec leur violence meurtrière.
L'actualité des vingt dernières années s'est également nourrie de conflits mineurs. Notons la Somalie, un État failli livré aux bandes et aux pirates. La guerre de Géorgie a occasionné plusieurs centaines de victimes. En Occident, le terrorisme islamiste s'est soldé par un total d'environ 4 000 assassinats depuis les attentats du 11 septembre 2001 (New-York et Washington, Madrid, Londres, Paris, Bruxelles, etc.).
Ajoutons des émeutes à Lhassa et Maputo, des bombes à Bilbao, des coups d'État ou des révolutions ici et là. D'une décennie à l'autre, ces drames se soldent au total par plusieurs milliers de victimes. Ils ne se distinguent guère de la violence ordinaire (homicides, violence routière...).
Faisons le récapitulatif de la violence d'État pendant les vingt dernières années sur la base de ces estimations :
• 2001-2010 : Irak (200 000), Darfour (200 000 à 300 000), Afghanistan (140 000), Congo (300 000 à 400 000).
• 2011-2020 : Syrie (600 000), Irak (100 000), Sud-Soudan (200 000 à 300 000), Afghanistan (100 000).
En considérant les grandes incertitudes sur les recensements des victimes et en retenant à chaque fois le haut de la fourchette, ces conflits et drames aboutissent sur les deux premières décennies du XXIe siècle à un total d'environ deux millions de morts violentes. Sur la deuxième décennie, on a peut-être dépassé le seuil du million de morts, les conflits les plus coûteux en vies humaines étant les guerres civiles en Syrie et au Sud-Soudan, particulièrement cruelles si l'on en croit les observateurs.
1912-2000 : une folie guerrière sans guère de précédent
Bien plus belliciste apparaît le XXe siècle avec, pour chaque décennie, un total nettement supérieur à un million de morts (deux millions de morts ou davantage dans la plupart des cas, y compris dans les années 1990) :
• Années 1990 : Tchétchénie, Rwanda et Grands Lacs (800 000 victimes du génocide et sans doute plus de 2 millions dans la guerre des Grands Lacs qui a suivi au Congo-Zaïre), Liberia, Érythrée-Éthiopie, Yougoslavie (plus de cent mille morts), guerre du Golfe et blocus de l'Irak (plusieurs centaines de milliers de victimes), offensive des talibans en Afghanistan.
La dernière décennie du XXe siècle fut d'une violence sans comparaison avec la première du XXIe et si nous l'avons déjà oublié, c'est sans doute que les conflits du coeur de l'Afrique ont eu moins de résonance médiatique que les attentats du 11 septembre 2001 sur le sol américain.
• Années 1980 : Irak-Iran (près d'un million de morts), guerre d'indépendance de l'Érythrée (70 000 morts), occupation de l'Afghanistan par les Soviétiques (environ 100 000 morts militaires, plus de 500 000 morts civiles), guerre des Malouines...
• Années 1970 : Vietnam, Cambodge (1,5 à 2,2 millions de victimes), Angola, Bangladesh...
• Années 1960 : guerre Chine-Inde, guerre du Vietnam, Indonésie, Révolution culturelle (Chine, plusieurs millions de victimes), Congo, Biafra (près d'un million de victimes)...
• Années 1950 : Corée (2 à 5 millions de victimes, avec des bombardements américains qui ont fait plus de victimes civiles qu'en Allemagne et au Japon pendant la Seconde Guerre mondiale), Indochine, Algérie, Grand bond en avant (Chine, plusieurs millions de victimes)...
Est-il utile de s'étendre sur le début du XXe siècle ?
• Années 1940 : la Seconde Guerre mondiale (50 millions de morts) est suivie de la scission indo-pakistanaise (un million de morts), etc.
• Années 1930 : Goulag en URSS, famine planifiée en Ukraine (6 millions de morts), guerre civile et invasion japonaise en Chine, guerre d'Espagne, guerre du Chaco...
• Années 1920 : guerres civiles en Russie, en Chine, en Hongrie, au Mexique...
• Années 1910 : c'est évidemment la Grande Guerre (10 millions de morts) et quelques conflits secondaires (guerres balkaniques : plus de deux cent mille morts).
La première décennie du XXe siècle (1900-1910), que l'on appellera plus tard la « Belle Époque », est plutôt calme si on la compare aux décennies suivantes du XXe siècle. Le continent européen connaît de fortes tensions sociales mais ses élites profitent alors d'un bien-être sans précédent dans un monde très ouvert. Les principales guerres se tiennent comme aujourd'hui à la périphérie des empires : guerre des Boers en Afrique australe, guerre russo-japonaise, massacre des Hereros... Elles font malgré tout bien moins d'un million de morts au total.
Le tiers de siècle 1914-1947 apparaît au final comme la période la plus meurtrière de toute l'Histoire de l'humanité avec 100 à 200 millions de morts violentes sur une planète alors peuplée d'environ deux milliards d'êtres humains.
Si l'on rapporte le nombre de décès pour cause de guerre à l'ensemble des décès de cette même période, on obtient un taux exceptionnel de 5 à 10%. C'est cinq à dix fois plus que les grandes périodes de guerre habituelles (époque napoléonienne, guerres du XVIIIe siècle...). Il n'y a sans doute que Gengis Khan et ses fils qui ont fait pire en ayant exterminé, suppose-t-on, un quart de l'humanité de leur temps.
Il s'ensuit que toute personne née au début du XXe siècle et qui aura pu atteindre le XXIe siècle aura tout à la fois traversé la génération la plus meurtrière de l'Histoire (1914-1947) et la période sans doute la moins violente (2001-...).
1815-1912 : la plus longue période de paix qu'ait connue l'Europe
Il faut en définitive remonter aux années 1815-1840 pour discerner une violence d'État aussi peu meurtrière qu'aujourd'hui. En effet, après les guerres de la Révolution et de l'Empire (probablement 3 à 4 millions de morts en Europe dont un million pour la France de 1792 à 1814), l'humanité n'a eu affaire qu'à des conflits mineurs de 1815 à 1840 : Amérique latine, Grèce, Serbie, Algérie. Mais cette accalmie n'a pas duré et les choses se sont à nouveau gâtées dans les années 1840 en Europe et dans le reste du monde :
• Au XVIIIe siècle, la Chine, repliée sur elle-même, avait vécu dans une relative aisance. Mais les Anglais l'ayant convaincue de s'ouvrir au reste du monde au nom du libre-échange, elle entre dans une période de graves turbulences à partir de 1842 : guerre de l'opium, Taiping (20 millions de victimes), Boxers... dont elle ne sortira que dans les années 1970.
• Dans le même temps, les Occidentaux se lancent dans des entreprises coloniales coûteuses en vies humaines (Indes, Mexique, Afghanistan - déjà -, Afrique noire...) sans parler des guerres internes : guerre de Sécession (600 000 morts), guerre de Crimée, etc.
L'Europe proprement dite va connaître une exceptionnelle période de paix de 1815 (Waterloo) à 1912 (guerres balkaniques), à peine brouillée par trois ou quatre conflits conventionnels vite éteints : indépendance italienne (Solferino, 1859), guerre prusso-autrichienne (Sadowa, 1866), guerre franco-prussienne (1870). Les premières se seront soldées par quelques milliers de morts, la dernière, relativement meurtrière, par environ 200 000 morts. Au total, guère plus que les conflits qui ont endeuillé l'Europe des sept dernières décennies (Budapest, 1956 ; guerres de Yougoslavie, 1992-1995). Aussi, contrairement à ce que l'on entend couramment, nous ne vivons pas la plus longue période de paix jamais connue. La plus longue période de paix relative qu'ait connue l'Europe est le XIXe siècle (1815-1912).
Le niveau de violence guerrière se mesure au nombre de victimes rapporté à la population. C'est ainsi que les guerres du XXIe siècle se rapportent à une population mondiale de sept milliards d'êtres humains, tandis que la guerre des Gaules est survenue dans un pays de 12 millions d'habitants et dans un monde qui comptait tout au plus 250 millions d'humains ! Autrement dit, le million de Gaulois qui ont péri du fait de la conquête romaine pourraient se comparer aux victimes de l'une ou l'autre des deux guerres mondiales.
Cette observation corrobore notre conclusion selon laquelle le niveau de violence actuel, rapporté à la population mondiale, a été en 2001-2021 plus faible qu'il ne l'a jamais été dans l'Histoire universelle.
Une violence devenue insupportable
Après le constat ci-dessus, comment expliquer que nous ayons le sentiment d'une violence sans pareille ? Suffit-il de s'en tenir aux statistiques ?...
• Peut-être sommes-nous victimes d'une forme de saturation médiatique ? Jour après jour, les journaux et la télévision doivent remplir leurs pages et leurs tranches d'actualités. C'est ainsi que l'arraisonnement d'un cargo humanitaire par les Israéliens, en mai 2010, occupe autant de pages dans les journaux du monde entier qu'en 1943 la bataille de Stalingrad (deux millions de morts).
• La résonance médiatique d'un événement peut aussi être à l'opposé de son impact humain ainsi que le relève l’essayiste Jean-Claude Guillebaud : « En 2004, par exemple, selon les statistiques du Département d’État américain, le monde a connu six cent cinquante-cinq attentats terroristes, qui ont fait mille neuf cent sept morts et quelque sept mille blessés. La même année, les guerres et les massacres en Afrique (Congo, Soudan, etc.) faisaient des centaines de milliers de victimes » (Le commencement du monde, Gallimard, 2008).
• Nous n'échappons pas à la « loi du mort-kilomètre », une expression journalistique pour traduire l'idée qu'un drame est d'autant plus fortement ressenti qu'il est proche de nous. Seize morts dans un attentat à Barcelone en 2017 suscitent plus de bruit médiatique que les dix mille morts d'un tremblement de terre en Chine, la même année.
• Peut-être la violence actuelle, quantitativement peu meurtrière mais aveugle, spectaculaire, bruyante et diffuse, se révèle-t-elle plus angoissante que les grandes opérations militaires du passé ? Vingt ans après, nous commémorons tant et plus le drame du 11-Septembre que chacun a pu voir en direct sur son poste de télévision, alors qu'en 1965, soit vingt ans après 1945, les commémorations de la libération d'Auschwitz, de la capitulation de l'Allemagne et d'Hiroshima avaient été reléguées dans les pages intérieures des journaux.
• Sans doute sommes-nous enfin d'autant plus sensibles à la violence que celle-ci est devenue plus rare, conformément au « paradoxe de Tocqueville » (note). Tant mieux si cela nous convainc de l'éradiquer plus complètement.
Les raisons de la paix
Laissons aux sociologues le soin d'identifier les raisons de la paix retrouvée, si relative soit-elle. Plusieurs pistes se dessinent :
• Peut-être ces raisons résident-elles dans l'incroyable croissance économique dont ont bénéficié en ce début du XXIe siècle les pays asiatiques et dans une moindre mesure les pays africains, sud-américains et orientaux ? Les statistiques (mortalité infantile, espérance de vie, illettrisme, famines) attestent que la violence économique s'est atténuée, nonobstant les menaces qui pèsent sur l'humanité (désordres financiers, réchauffement climatique). On peut supputer que l'« allergie à la violence » (Jean-Claude Guillebaud) croît avec l'amélioration des conditions de vie.
• Peut-être résident-elles aussi dans la « modernisation » des mœurs, avec des indices de fécondité qui rejoignent les indices occidentaux en Asie comme au Moyen-Orient ? On est peu disposé à faire la guerre quand on a seulement un ou deux enfants avec l'espoir de leur offrir un avenir prospère et, a contrario, le risque de les perdre en cas de guerre. Faut-il s'étonner que les principaux foyers de guerre actuels coïncident avec les régions les plus pauvres et à plus forte fécondité (Afghanistan, Yémen, Afrique centrale, Sahel) ?
• Peut-être les raisons de la paix résident-elles enfin dans l'équilibre de la terreur, les grandes puissances nucléaires étant freinées dans leur agressivité par la crainte de « suicider » l'humanité ?
Quoi qu'il en soit, notre constat rejoint l'analyse prémonitoire de l'historien Emmanuel Todd sur un monde en voie d'apaisement (Après l'Empire, 2002, Gallimard). Ce constat et cette analyse sont de nature à réconforter les hommes et les femmes de paix qui se battent sans trêve dans la vie quotidienne, les gouvernements et les institutions internationales pour étouffer autant que faire se peut les germes de conflit.
La vigilance s'impose
Ne rêvons pas. Si l'on se tue assez peu dans le monde actuel, celui-ci n'est pas pour autant devenu pacifique :
• L'égoïsme des possédants atteint des sommets qui rappellent les injustices de la « Belle Époque ». Or, si la première décennie du XXe siècle (1900-1910) fut relativement paisible, n'oublions pas aussi qu'elle précéda la Grande Guerre et la révolution bolchévique, à l'origine des hécatombes passées.
• Les déséquilibres démographiques et environnementaux, sont aujourd'hui plus grands que jamais (Italie : un enfant par femme ; Niger : six enfants par femme !) et font peser de lourdes menaces de nature encore imprévisible.
• Nous devons compter avec de nouvelles formes de violences comme la criminalité mafieuse. Au Salvador, celle-ci aboutit à 100 homicides pour 100 000 habitants, soit 1 décès sur 7 en 2015 ; c'est beaucoup plus qu'au Moyen Âge ! Cette criminalité mafieuse atteint les banlieues ethniques de l'Europe et pourrait entraîner celle-ci dans un scénario à la sud-américaine en cas de relâchement des États et des citoyens eux-mêmes.
• Dans le domaine proprement militaire, nos états-majors planchent sur l'hypothèse de conflits de « haute intensité ». C'est tout dire...
24 février 2023 : notre inquiétude en conclusion de l'analyse ci-dessus n'était pas vaine ; les décennies 2001-2021 pourraient bien n'avoir été qu'une accalmie dans la violence inhérente à l'histoire des hommes. Les années 2011-2020 avaient déjà amorcé une reprise des conflits avec sans doute plus d'un million de victimes selon notre décompte ci-dessus.
L'actuelle décennie (2021-2031) débute très mal. Il y a d'abord eu la guerre du Tigré, qui a vu les habitants de cette province éthiopienne pris en tenaille entre l'armée gouvernementale du Premier ministre Abiy Ahmed (Prix Nobel de la Paix 2019 !) et celle de son voisin, le dictateur de l'Érythrée Isaias Afwerki. Du 3 novembre 2020 au cessez-le-feu, deux ans plus tard, le 3 novembre 2022, la guerre aura fait 300 000 à 600 000 morts. Il y a enfin la guerre d'Ukraine, qui a débuté en 2014 mais s'est intensifiée avec l'invasion russe du 24 février 2022. Un an après, le nombre de victimes s'élève sans doute déjà à plus de 200 000.
La Shoah
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Voir les 6 commentaires sur cet article
Michel (11-09-2024 18:55:12)
Le commerce d’armes de plus en plus létales, florissant, me paraît représenter un danger important pour l’avenir avec la multiplication du nombre des populations déplacées par les conflits dâ... Lire la suite
Christian (13-09-2023 15:42:21)
Mon impression est que les hommes en général (et les dirigeants politiques en particulier) ont tendance à oublier ou à négliger les leçons des expériences passées, notamment celles qui ont con... Lire la suite
Pierre (12-09-2023 15:24:58)
Merci pour cette belle analyse et compte tenu des inévitables incertitudes statistiques dans ce domaine. Je pense cependant qu'il n'est pas possible de déduire d'une relative accalmie, une tendance ... Lire la suite