Commençons en 1598 : c’est l’année où le roi Henri IV met un terme aux guerres de religion. Il doit alors redresser un pays ravagé par trente-six années de conflits, appuyé par son ministre le duc de Sully.
Henri IV et le retour de la paix
Pour réduire les importations de Flandre, Henri IV fait installer des tapissiers flamands dans ce qui deviendra la manufacture des Gobelins. Pour faciliter le commerce, il amorce la construction du canal de Briare qui relie la Seine et la Loire et devient le premier canal fluvial de France.
En 1601, sa victoire contre le duché de Savoie en continuité des guerres de religion lui permet de récupérer quelques territoires. Enfin le commerce des fourrures en Nouvelle-France est considérablement renforcé grâce à la fondation du poste de Québec par Samuel de Champlain en 1608, qui complète celui de Tadoussac créé quelques années plus tôt.
Deux ans plus tard, tandis qu’Henri IV prépare une nouvelle guerre contre l’Espagne catholique, il est assassiné par Ravaillac, un extrémiste catholique. Son fils Louis XIII n’ayant que 9 ans, c’est la reine Marie de Médicis qui assure la régence. Certains nobles relancent alors les révoltes sur fond de querelles religieuses, et les états généraux sont réunis en 1614 pour apaiser ces conflits internes. Un an plus tard, Marie de Médicis marie son fils à une Habsbourg, Anne d’Autriche.
Louis XIII et la naissance de l’absolutisme
Devenu majeur, Louis XIII est contraint de mener deux coups de force pour écarter sa mère, en 1617 et en 1622. Deux ans plus tard, le cardinal de Richelieu devient son principal ministre et va diriger l’État avec un impératif constant : le renforcement de la monarchie française, cela au moment où le voisin anglais bascule dans la guerre civile, prélude à une monarchie parlementaire.
L’action du cardinal passe d’abord par la suppression des places fortes qui ont été accordées aux protestants, ce qui rouvre la guerre contre ces derniers de 1620 à 1628. Son point culminant est le siège de la Rochelle où les protestants soutenus par les Anglais résistent plus longtemps. En parallèle, Louis XIII crée la compagnie des mousquetaires en tant que corps d’élite.
La volonté de contrer la menace espagnole le pousse ensuite à s’allier aux protestants du Saint Empire romain germanique dans le cadre de la guerre de Trente Ans. La France s’y implique à partir de 1635 et prend peu à peu l’ascendant.
En parallèle, Richelieu met en place une véritable flotte de guerre. Il encourage aussi la colonisation de la Nouvelle-France où émergent les établissements de Montréal et de Trois-Rivières, tandis que Port-Royal se développe en Acadie. Cette époque voit aussi le développement de la littérature favorisée par la fondation de l’Académie française en 1635, notamment avec Pierre Corneille qui publie Le Cid en 1637.
Louis XIII meurt de maladie en 1643 quelques mois après Richelieu. Son fils Louis XIV n’ayant que quatre ans, c’est la reine Anne d’Autriche qui assure la régence, épaulée par le Premier ministre Mazarin.
À nouveau, cette régence favorise la contestation de l’autorité royale par une partie de la noblesse : c’est le début de la Fronde qui dure de 1648 à 1653. Devenu majeur, Louis XIV parvient à rétablir l’ordre et pose alors les bases de l’absolutisme de droit divin.
Louis XIV et la monarchie française à son apogée
En 1659, la guerre contre l’Espagne amorcée en 1635 s’achève par le traité des Pyrénées : outre la Haute Alsace acquise dès 1648, la France récupère notamment l’Artois et le Roussillon. Ce traité implique aussi son mariage avec Marie-Thérèse d’Autriche, de la Maison des Habsbourg.
À la mort de Mazarin en 1661, Louis XIV écarte Fouquet des finances au profit de Colbert. Pour réduire les importations, celui-ci encourage le développement des industries, comme celle du verre avec la fondation de la future entreprise Saint-Gobain.
Il développe aussi le commerce intérieur, ce qui passe par la fondation de nombreuses colonies et comptoirs : à l’ouest se développent les colonies de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Guyane, puis de Saint-Domingue un peu plus tard.
Des esclaves africains commencent à être utilisés pour les plantations, ce qui conduit à la fondation de Saint-Louis au Sénégal dès 1659 et au commerce triangulaire (dico).
La Nouvelle-France connaît aussi un développement rapide à cette époque, notamment par l’envoi de huit cents orphelines à marier. Elle devient un pôle d’exploration vers le Mississipi. En 1682, Cavelier de la Salle redescend le fleuve jusqu’à son embouchure, posant les bases de la Louisiane. Des forts sont fondés le long du fleuve, puis de véritables colonies. La Nouvelle-France englobe alors le Canada, l’Acadie et la Louisiane.
En parallèle, le commerce avec l’Inde se développe avec la fondation des comptoirs de Pondichéry et de Chandernagor. Fondé sur le commerce des épices et des tissus, il s’avère bien plus rentable que le commerce occidental.
Sur le plan militaire, le règne de Louis XIV est marqué par des guerres régulières qui visent essentiellement à l’accroissement du territoire. En 1678, la fin de la guerre de Hollande lui permet d’annexer la Franche-Comté et de compléter les conquêtes précédentes dans l’Artois et le Hainaut. Il poursuit en s’emparant de Strasbourg en 1681, puis de larges régions de la Sarre, de la Lorraine et du Luxembourg en 1684. L’enclave du Charolais est récupérée cette même année.
Cet expansionnisme agressif provoque toutefois une grande alliance contre la France en 1688 qui rassemble le Saint Empire, la Suède, l’Espagne, l’Angleterre, la Savoie, les Provinces-Unies, le Portugal et l’Écosse. Cette guerre de la Ligue d’Augsbourg dure 9 ans. Bien qu’isolée, la France parvient à résister, mais doit rendre ses conquêtes les plus récentes.
En 1700, le roi d’Espagne Charles II meurt sans descendance. Pour garantir l’intégrité du territoire espagnol, il a désigné le duc d’Anjou, petit-fils de Louis XIV, comme héritier sous le nom de Philippe V.
Il se forme aussitôt une nouvelle alliance contre les Bourbons menée par les Habsbourg évincés à laquelle se joint notamment la Grande-Bretagne. Les treize années de cette guerre de la Succession d'Espagne tournent cette fois en défaveur de la France : si la dynastie des Bourbons est consolidée sur le trône d’Espagne, celle-ci perd de nombreuses possessions au profit de l’Autriche et de la Savoie. Quant à la France, elle doit céder l’Acadie à la Grande Bretagne.
La France métropolitaine n’est toutefois pas touchée, notamment grâce aux nombreuses fortifications érigées par l’ingénieur royal Vauban qui forment un véritable glacis défensif. À la fin du règne de Louis XIV, la France est devenue la première puissance démographique de l’Europe avec plus de 20 millions d’habitants, et elle rayonne dans tous les domaines. Le théâtre est à l’honneur dans le domaine de la tragédie avec Racine comme de la comédie avec Molière. La construction et la restauration des châteaux se multiplient, comme ceux de Vaux-le-Vicomte, des Tuileries, du Louvre, et surtout de Versailles qui devient la nouvelle résidence royale à partir de 1682. Le Nôtre s’illustre dans les parcs et jardins, le Vau dans l’architecture, Le Brun dans la peinture, Lully dans la musique, et Boileau dans la poésie.
L’accroissement considérable des dépenses nécessite toutefois une forte augmentation des impôts qui ne suffit pas à combler la dette. Par ailleurs, le règne de Louis XIV est terni par deux grandes famines qui provoquent près de deux millions de morts, notamment liées au petit Âge Glaciaire qui sévit à cette époque.
Enfin, la révocation de l’édit de Nantes en 1685 provoque l’exode de nombreux protestants qui porte préjudice à l’économie du pays. Finalement, la mort de Louis XIV en 1715 après 72 ans de règne va permettre de redonner une certaine respiration au royaume, alors le plus puissant et le plus prestigieux d’Europe.
Lettre ouverte à Louis XIV
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