Le 24 octobre 1681, le roi Louis XIV fait une entrée somptueuse à Strasbourg, au son des cloches et des canons. Il célèbre l'annexion de la ville à la France devant des habitants peu rassurés.
La prospère métropole alsacienne perd son indépendance. Jusque-là tournée vers la Rhénanie, elle va se réorienter vers les Vosges et Paris.
Française malgré elle
Ville libre du Saint empire romain germanique, Strasbourg affichait une neutralité de façade dans les griefs qui opposaient le roi de France à l'empereur et au reste de l'Europe.
Ces grief s'étaient multipliés avec la politique des « Réunions » : profitant de la paix consécutive au traité de Nimègue (1678), le Roi-Soleil utilisait des arguments juridiques plus ou moins valides pour rattacher au royaume des places fortes frontalières.
Louis XIV ne cachait pas ses visées sur Strasbourg mais n'ignorait pas l'hostilité de ses habitants envers les Français et il les savait prêts à se mobiliser contre ses troupes.
Lorsqu'il apprend en 1681 qu'un général des armées impériales, le baron de Mercy, est dans les murs de la ville, il y voit les préparatifs de manoeuvres militaires. Aussitôt, dans la nuit du 27 au 28 septembre, trois régiments de dragons se postent devant Strasbourg. Le lieutenant général Pons de Guimera, baron de Montclar, signifie aux habitants qu'ils doivent se soumettre.
Ce déploiement de force sème la panique et le magistrat de la ville envoie un émissaire à Louvois. Ce dernier lui répond sans ménagement que la ville a vingt-quatre heures pour se soumettre.
Le 30 septembre, les Français investissent Strasbourg sans avoir à combattre. Moins d'un mois plus tard, le 24 octobre, le Roi-Soleil, âgé de 43 ans et à l'apogée de sa gloire, franchit les murs de la ville. Les privilèges et les institutions de Strasbourg sont confirmés. La liberté de culte est garantie, mais la cathédrale rendue aux catholiques.
Comme souvent, on fait frapper une médaille qui commémore l'événement. Elle a pour légende : « Clausa Germanis Gallia » (la Gaule fermée aux Germains).
Après une décennie de paix relative, l'Europe, excédée par les « Réunions », va une nouvelle fois se coaliser contre le Roi-Soleil. Cette guerre de la Ligue d'Augsbourg (1688-1697) va se conclure par le traité de Ryswick, le 30 octobre 1697. Il confirmera l'annexion de Strasbourg ainsi que de Sarrelouis et de la plus grande partie de l'Alsace mais obligera Louis XIV à restituer ses autres « Réunions » et donnera un coup d'arrêt à ses conquêtes.
Vos réactions à cet article
Recommander cet article
Aucune réaction disponible