10 septembre 2022. La cancel culture qui prétend faire table rase du passé occidental n’a que le tort de décrire un monde qui n’existe pas. Peu lui importe car elle est au-delà de la vérité, de la raison et du débat, autant de concepts honnis, hérités de la pensée occidentale ! Seul compte l'objectif : en finir avec la civilisation européenne et ses acquis, en attendant que les Européens eux-mêmes consentent à disparaître par dénatalité et métissage...
La connotation raciste de la cancel culture n'est plus à démontrer comme on le voit par exemple dans l'essai paru en 2023 : L'Opposé de la blancheur (Léonora Miano). Ce racisme anti-blanc est aussi une forme de racisme anti-noir car il tend à infantiliser les populations africaines en les faisant passer pour d'éternelles victimes, ce que dénonce l'essayiste ivoirien Kakou Ernest Kigori dans L'Afrique à désintoxiquer (2018).
Rappelons, pour qui en douterait, quelques enseignements tirés de l'Histoire :
Notre civilisation européenne, née il y a mille ans, est à l'origine des plus incroyables progrès matériels et intellectuels qu'ait accomplis l'humanité depuis la naissance de l'écriture. En dépit de leurs réalisations éminentes, les autres civilisations n'avaient quant à elles rien changé aux conditions de vie de leurs représentants. Ainsi, malgré Eschyle, Phidias, Thalès, Platon, Socrate, Aristote, etc., les Grecs du IIIe siècle avant notre ère ne vivaient guère mieux que leurs ancêtres d'avant Homère, cinq cents ans plus tôt.
Les progrès accomplis par l'Europe et aujourd'hui par l'humanité toute entière tiennent aux ressorts mis en place par la chrétienté médiévale (primauté de la loi sur l'arbitraire, respect des femmes, etc.). Ils ont permis aux Européens de bâtir dès le Moyen Âge une société urbaine, industrieuse et libre. Il s'en est suivi d'immenses avancées tant dans le domaine matériel que dans le domaine intellectuel.
Ces succès sont montés à la tête des Européens qui, saisis par l'hubris, ont été conduits à de graves excès au XIXe siècle et au début du XXe. Mais rappelons qu'ils furent eux-mêmes les principales victimes de ces excès !
Aucune population colonisée des autres continents n'eut à souffrir autant que les Irlandais (famine des années 1840), les Ukrainiens, les juifs européens et l'ensemble des Européens eux-mêmes durant les deux guerres mondiales. A contrario, de Tamerlan à Chaka en passant par les Taïping, les peuples des autres continents ont amplement démontré qu'ils n'avaient pas de leçons à recevoir des Européens en matière de crimes et d'horreurs.
Si l'on veut bien oublier l'effroyable crise des années 1914-1945 dont l'Europe s'est vite remise, notre Vieux Continent apparaît aujourd'hui non seulement comme la région la plus prospère du monde mais aussi comme de loin la plus démocratique, la plus ouverte, la moins affectée par le racisme et les discriminations en tous genres, celle où les femmes ont le meilleur sort qui soit (ou le moins mauvais). Sur chacun de ces points, toutes les autres régions du monde, y compris l'Amérique du nord, auraient beaucoup plus à se reprocher.
L’absence de racisme et l'égalité de droits entre tous les citoyens et citoyennes, indépendamment du sexe, de la religion et de la race, sont la marque la plus voyante de l'Europe occidentale et de la France en particulier. Le racisme n’y a jamais eu de prise chez les autochtones, y compris à l’égard des noirs et des musulmans (sauf en France du fait de la guerre d’Algérie). Dans le répertoire de la bêtise humaine - une réalité universelle -, les insultes et les brimades à tonalité raciale ne dépassent pas en violence les insultes ordinaires (« moche ! », « poil de carotte ! », « gros ! », etc.).
En ce qui concerne non pas l'Europe mais les États-Unis, on peut concéder que les descendants d’esclaves ont longtemps fait l’objet de discriminations et que les femmes n’ont accédé que récemment à une totale égalité de droits. Mais aujourd'hui, les États-Unis offrent à chacun les mêmes chances de promotion par l'étude et le travail. Les minorités issues du monde chinois et du sous-continent indien ne s’y trompent pas. Elles affichent des revenus égaux ou supérieurs aux blancs, investissent avec succès les meilleures universités et se gardent de participer au wokisme.
Alors, certes, tout n'est pas parfait, y compris en France, et des progrès sont encore possibles pour atteindre la perfection absolue que certains appellent le Paradis. Mais faut-il, pour accomplir ces ultimes progrès, prendre le risque de casser tout ce qui a fait ce que nous sommes ? La raison ne commande-t-elle pas de réfléchir aux principes millénaires qui nous ont permis d'accéder à notre situation actuelle et de les améliorer en veillant à ne pas les détruire ?
Hélas, c'est tout le contraire qui se produit. Depuis deux décennies et plus précisément depuis le tournant de l'année 2015, le wokisme, par petites touches, gangrène le corps social et le nécrose. Les médias et la classe politique, y compris à droite, dénoncent régulièrement sur le ton de l’évidence des discriminations dont ils seraient bien en peine de démontrer la réalité, tant à l’égard des noirs que des musulmans, des femmes, des homosexuels, etc. Chacun est sommé de se reconnaître soit victime soit coupable de méfaits imaginaires. Tous malades !
La France n'a aucun motif de rougir de son Histoire même si celle-ci a pu être entachée de quelques horreurs (moins que toute autre région de la planète). La majorité des Français tirent fierté d'appartenir à une grande et belle nation, y compris la majorité des ultra-marins, immigrés et enfants d'immigrés. Si, toutefois, la cancel culture étasunienne a investi notre pays, on peut en voir la raison dans un travers de l'âme humaine, illustré par le « syndrome de Monsieur Perrichon » (note) : personne n'apprécie d'avoir une dette de reconnaissance ! Et moins que quiconque ceux qui ne se sentent pas en situation de pouvoir rembourser cette dette !
Si les Indiens, les Vietnamiens ou encore les Chinois ne tiennent pas rigueur aux Occidentaux des méfaits qu'ils ont subi du fait de leur impérialisme au XIXe siècle, c'est qu'ils se savent en capacité de leur rendre la monnaie de leur pièce.
À l'inverse, certains Africains s'irritent de la bienveillance maladroite dont leur témoignent les Européens, que ce fusse par la colonisation ou, aujourd'hui, par la multiplication des missions humanitaires. Comme M. Perrichon, ils y voient (non sans raison) une marque de condescendance à leur égard et donc de mépris. Insupportable. Le remède existe néanmoins. C'est celui qu'ont utilisé les Japonais de l'ère Meiji et les Chinois de l'ère Deng Xiaoping : il consiste à emprunter aux Occidentaux le meilleur de leur civilisation pour en faire une arme. Mais sans doute est-ce plus difficile que de chouiner et gémir...
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