Les réseaux sociaux européens s'émeuvent de ce que plusieurs géants de l'alimentation et de la grande distribution ont représenté sur leurs produits des églises grecques privées de leur croix traditionnelle...
L'alerte a été donnée à l'occasion de la sortie par le distributeur allemand Lidl d'une gamme de produits « grecs » agrémentés d'une représentation des églises de Santorin surmontées d'un ridicule moignon au lieu et place de la croix.
Mais d'autres groupes ont procédé à un semblable maquillage sur leurs emballages de yaourts à la grecque (si peu authentiques qu'ils ne contiennent souvent pas de lait de brebis comme les vrais yaourts grecs). C'est le cas de Carrefour, Danone et Nestlé.
Notons tout de même au moins une exception méritoire. C'est le groupe Auchan qui présente sur ses produits les fameuses églises non mutilées...
De la propagande politique à la privation de mémoire
Le maquillage des images à des fins de propagande ou de « communication » n'est pas une nouveauté, loin de là. Les sbires de Staline s'en sont faits une spécialité en effaçant des photos officielles les personnalités entrées en défaveur et éliminées par le pouvoir.
Il s'agit là d'une forme outrancière de réécriture de l'Histoire dont les prémices remontent aux Égyptiens : quand il arrivait qu'un pharaon s'empare du pouvoir en rupture avec son prédécesseur, le nom de celui-ci était martelé sur tous les monuments. Ainsi en a-t-il été de l'hérétique Akhenaton et de Hatchepsout.
Le martelage a aussi tenté quelques serviteurs zélés du pouvoir en France même.
À Paris, dans le parc Montsouris, on peut ainsi voir une mire de pierre qui marque le passage à cet endroit du méridien de Paris. Elle a été érigée en l'an 1806 « du règne de XXXXXX » (les lecteurs d'Herodote.net voient de suite de qui il s'agit).
Plus près de nous, la campagne présidentielle de 1981 qui a vu l'élection de François Mitterrand est associée à un slogan et une image célèbres : « La force tranquille ».
Le candidat apparaît sur l'affiche avec, au deuxième plan, un paysage bucolique (gauche écologique oblige !) qui montre une église bourguignonne à laquelle il est attaché. À ce détail près que l'église est aussi privée de sa croix de clocher (gauche laïque oblige !).
Ce maquillage prête à sourire car il oppose le bon sens politique, qui interdit à un candidat de gauche de s'afficher à côté d'un symbole religieux, et l'affect de François Mitterrand, qui a néanmois tenu à s'afficher à côté d'une église de village (mysticisme oblige !).
Cerveau disponible et privation de sens
L'affaire qui nous occupe aujourd'hui n'a pas de signification politique. C'est tout le contraire et c'en est quelque part plus inquiétant pour l'avenir de notre société.
Des géants mondialisés de la distribution et de l'industrie alimentaire ont cru pertinent d'effacer d'une image la référence chrétienne qui lui donne sens. Une église grecque sans croix n'est plus, en effet, une église grecque mais un décor de parc d'attractions.
Sur les réseaux sociaux et dans la mouvance de droite, d'aucuns y voient une allégeance aux islamistes. Comme si les directeurs de la communication de ces grands groupes avaient anticipé d'éventuelles protestations des Frères musulmans ou de leurs compagnons de route laïcistes. C'est leur prêter beaucoup trop d'intelligence politique.
On peut aussi penser que ces groupes ont agi par grandeur d'âme : « Nous évitons l’utilisation de symboles religieux, car nous ne souhaitons exclure aucune croyance religieuse », se justifie Lidl. Que voilà une belle tartufferie de la part de gens dont l'unique ambition se résume à réaliser un maximum de profit et n'hésitent pas pour cela à pressurer leurs salariés, tromper leurs clients et pousser les paysans à la ruine ou au suicide... Leur prêter une intention idéologique est leur faire trop d'honneur.
Plus trivialement, je crois que les communicants de ces groupes ont voulu, sans penser à plus, extirper de leurs images publicitaires des symboles qui pouvaient distraire leurs clients du seul devoir qui importe : consommer. Il ne s'agit pas que le soir, à l'heure du dîner, la vue d'une croix, si modeste soit-elle, réveille en eux une réflexion sur le vide de leur existence !
En ce sens, Lidl et les autres sont en phase avec Patrick Le Lay, ancien directeur de la chaîne TF1 : « Pour qu'un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible » (2004). Réjouissons-nous, nous tous qui sommes morts (au sens collectif), que ces bonnes âmes prennent soin de nous quand Dieu, la Politique et l'Art se mettent aux abonnés absents. Il nous reste toujours le plaisir de faire nos courses dans des centres commerciaux voués à la seule consommation, loin des clochers et des beffrois.
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Voir les 4 commentaires sur cet article
shaï (15-09-2017 22:29:11)
Mitterand,Lidl, Carrefour...
De leurs basses cuisines, européenne, que restera-t-il d'eux dans cinquante ans ? Dans cent ?
Bon appétit!
Elzo (12-09-2017 13:59:33)
L'Europe paiera très cher l'abandon de la croix.......
Jacques (12-09-2017 12:30:30)
Dans le genre MASQUONS ce que l on ne saurait voir allez dans le "Panthéon" de Rennes ( salle du rdc de l' hôtel de ville) & L EMPLACEMENT portant le nom DE PETAIN, hétos de la Guerre 14/18 est m... Lire la suite