Quand le monde était européen

La colonisation, ses partisans et ses détracteurs

La pénétration des Européens en Afrique et en Asie (hormis les Indes) est très récente et remonte pour l'essentiel à la deuxième moitié du XIXe siècle. En Afrique subsaharienne, jusque-là, les difficultés d'accostage des navires, l'insalubrité des côtes infestées de moustiques et la pauvreté du continent les dissuadaient de s'aventurer dans l'intérieur des terres.

C'est ainsi que les conquêtes coloniales sont devenues un enjeu politique dans les années 1870. Elles suscitent dès le début de vifs débats dans les démocraties européennes, en France et en Grande-Bretagne en particulier, certains leur reprochant leur coût et d'autres y voyant un impératif national ou moral.

Les partisans de la colonisation se situaient en France plutôt à gauche de l'échiquier politique, en Angleterre plutôt à droite :
• Les « colonistes » français étaient mûs par l'ambition d'exporter les « valeurs universelles » de la Révolution, au besoin à la pointe des baïonnettes.
• Leurs homologues britanniques étaient quant à eux soucieux de consolider leurs comptoirs commerciaux et protéger leur commerce, fut-ce au prix d'une guerre comme la guerre de l'opium.

André Larané
L'opinion publique et les conquêtes coloniales

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Les empires coloniaux à la veille de la Première Guerre mondialeEn 1914, l'« empire colonial français » recouvrait sur le planisphère près de 10 millions de km2, dont la plus grande partie en Afrique, dans la zone saharienne et subsaharienne. Il comptait 60 millions d'indigènes (somme toute assez peu en regard des 40 millions de citoyens français). Les instituteurs de la République se plaisaient à en montrer l'étendue aux écoliers, sous la forme d'une grande tache rose sur la carte du monde. L'Exposition coloniale de 1931 en souligna la diversité. Tardive, cette exposition étala ses fastes au moment où de l'autre côté de la Manche, les Anglais songeaient déjà à octroyer aux Indes le statut très avantageux de dominion.
Il n'empêche que les classes populaires restèrent largement indifférentes aux enjeux coloniaux tout au long de la IIIe République, si l'on met à part la fraction ultra-minoritaire engagée outre-mer : fonctionnaires coloniaux, négociants, aventuriers, missionnaires, soldats (quelques dizaines de milliers de personnes au total). Jamais jusqu'à l'indépendance de l'Algérie en 1962, les électeurs français ne se mobilisèrent pour la conservation de l'empire colonial. Il en alla tout autrement de la classe politique, tant à gauche qu'à droite.

La colonisation en débat

– Apologie de la colonisation

En 1872, le Premier ministre britannique Benjamin Disraeli annonce au Crystal Palace (Londres) sa volonté de promouvoir l'empire anglais (« uphold the Empire of England », dit-il). La même année, alors que la France peine à se remettre de sa défaite dans la guerre franco-prussienne et de la perte de l'Alsace-Lorraine, le républicain de gauche Léon Gambetta lance à Angers : « Pour reprendre véritablement le rang qui lui appartient dans le monde, la France se doit de ne pas accepter le repliement sur elle-même. C'est par l'expansion, par le rayonnement dans la vie du dehors, par la place qu'on prend dans la vie générale de l'humanité que les nations persistent et qu'elles durent ; si cette vie s'arrêtait, c'en serait fait de la France ».

Ce propos trouve un écho en 1874 dans le livre à succès d'un jeune géographe de 31 ans, Paul Leroy-Beaulieu : De la colonisation chez les peuples modernes. L'auteur, qui est aussi le gendre de l'économiste saint-simonien Michel Chevalier, plaide avec passion pour la colonisation, en laquelle il croit voir l'outil de la puissance : « Un peuple qui colonise c'est un peuple qui jette les assises de sa grandeur dans l'avenir et de sa suprématie future. Toutes les forces vives de la nation colonisatrice sont accrues par ce débordement au-dehors de cette exubérante activité... »

Visionnaire comme il se doit, le poète Victor Hugo a plaidé avant quiconque pour la colonisation du monde. Dès le 21 août 1849, au Congrès de la Paix qu'il préside, il engage les Européens à unir leurs efforts pour apporter la civilisation à l'ensemble du monde, y compris l'Afrique et l'Asie : « Au lieu de se déchirer entre soi, on se répandrait pacifiquement sur l’univers ! Au lieu de faire des révolutions, on ferait des colonies ! Au lieu d’apporter la barbarie à la civilisation, on apporterait la civilisation à la barbarie ! » (note).

Il renouvelle son exhortation trente ans plus tard : « Dieu offre l'Afrique à l'Europe. Prenez-la. Prenez-la, non pour le canon, mais pour la charrue ; non pour le sabre, mais pour le commerce ; non pour la bataille, mais pour l'industrie ; non pour la conquête, mais pour la fraternité. Versez votre trop-plein dans cette Afrique, et du même coup résolvez vos questions sociales, changez vos prolétaires en propriétaires. Allez, faites ! Faites des routes, faites des ports, faites des villes ; croissez, cultivez, colonisez, multipliez » (18 mai 1879). Mais à la différence de Leroy-Beaulieu, ce n'est pas pour accroître la puissance de la nation qu'il en appelle à coloniser le reste du monde mais pour le bien des peuples colonisés eux-mêmes ! En cela, il annonce déjà la « mission civilisatrice » revendiquée par Jules Ferry.

De ce moment-là, en tout cas, les États européens vont s'engager dans la « course au clocher » (dico) en Afrique et en Asie... mais sans que les citoyens s'y intéressent le moins du monde. L'Afrique noire, considérée comme une terre sans maître, fait l'objet d'un partage au cordeau à la Conférence de Berlin en 1885.

Il ne s'agit plus comme aux siècles précédents d'installer des comptoirs commerciaux ou de peupler des territoires vierges (Amérique ou Australie), selon la première signification du mot colonie. L'objectif des dirigeants européens, en particulier des impérialistes britanniques et des républicains français, est de planter le drapeau dans un maximum de territoires comme une preuve du rayonnement national. En France, les républicains, au pouvoir depuis 1870 et la défaite face aux Prussiens, voient dans la colonisation le moen d'assurer leur légitimité face aux royalistes. Elle témoigne de leur capacité à poursuivre l'oeuvre des rois en agrandissant la France et en la réinstallant parmi les grandes nations !

Les conquêtes coloniales, comme celle du Congo par Savorgnan de Brazza, en 1880, sont dans un premier temps exaltées par les porte-parole de la gauche républicaine, à commencer par Jules Ferry : « Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Je répète qu'il y a pour les races supérieures un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures » (28 juillet 1885).

Il ne faut pas voir de racisme dans ces propos mais le désir de secourir et élever les populations les plus démunies de la planète, dans une démarche très proche des ONG contemporaines.

L'argument économique est relégué à l'arrière-plan dans les discours du parti dit « coloniste » ; c'est avant tout par altruisme et non pour s'enrichir ou enrichir le pays que l'on veut conquérir de lointains territoires.

Cette ambition plaît aux jeunes officiers de marine, souvent d'ascendance bourgeoise ou aristocratique, catholiques bon teint et même parfois royalistes. Ils y voient l'occasion de valoriser leur arme, dépréciée depuis la défaite de Trafalgar, et plus que tout, l'occasion de combler leur envie d'épopée, de gloire et d'exotisme. C'est le cas du conquérant du Congo, Brazza, comme de celui du Tonkin, Francis Garnier. De l'autre côté de la Manche, le jeune Winston Churchill ne pense pas autrement.

Dès 1864, Francis Garnier, déplore dans une brochure la pusillanimité du gouvernement impérial en matière de colonisation : « D'ailleurs en considérant la question d'un point de vue plus élevé, un pays comme la France, quand il pose le pied sur une terre étrangère et barbare, doit-il se proposer exclusivement pour but l'extension de son commerce et se contenter de ce mobile unique, l'appât du gain ? Cette nation généreuse dont l'opinion régit l'Europe civilisée et dont les idées ont conquis le monde, a reçu de la Providence une plus haute mission, celle de l'émancipation, de l'appel à la lumière et à la liberté des races et des peuples encore esclaves de l'ignorance et du despotisme. Éteindra-t-elle en ses mains le flambeau de la civilisation vis-à-vis des ténèbres de l'Annam ? Fermera-t-elle ses yeux devant cette misère immense ? Renoncera-t-elle à la plus belle partie de son oeuvre ? ». Le jeune lieutenant de vaisseau ne dit somme toute pas autre chose que Jules Ferry, vingt-et-un ans plus tard... ou que les promoteurs contemporains de « la France pays des droits de l'Homme ».

À défaut de se concilier la droite conservatrice et les milieux d'affaires, le parti coloniste, républicain et anticlérical, va nouer une alliance de raison avec une partie du clergé catholique, soucieux de porter la Bonne Parole au-delà des mers. Son plus illustre représentant est le cardinal Lavigerie, archevêque d'Alger depuis 1867 et fondateur de la congrégation missionnaire des Pères blancs, qui, du coup, en 1890, lève son verre à la santé de la République !

Dès 1870, dans une Note sur l'Algérie, le cardinal dénonçait comme Francis Garnier la pusillanimité du gouvernement de Napoléon III et prônait la colonisation active de l'Algérie avec un programme que la IIIe République s'efforcera de suivre à la lettre :
 « Deux choses manquent (en Algérie) et sont absolument nécessaires :
1°) Des terres pour établir des colons ;
2°) Des colons pour peupler les terres
. (note).

Le socialiste Jean Jaurès commente l'enjeu colonial dans un article de La Petite République (17 mai 1896) :
« Nous aurons beau dénoncer toutes les vilenies, toutes les corruptions, toutes les cruautés du mouvement colonial, nous ne l'arrêterons pas ». Il propose donc d'encadrer cette politique par trois règles pratiques : « La première c'est de veiller constamment à ce que les compétitions coloniales des divers peuples ne puissent jamais aboutir entre eux à la guerre. La deuxième sera de demander pour les peuples vaincus ou les races soumises de l'Asie, de l'Amérique, de l'Afrique, le traitement le plus humain, le maximum de garanties. Enfin, il me semble que les socialistes devraient avoir comme troisième règle de marquer de plus en plus d'un caractère international les principales forces économiques que se disputent avidement les peuples ».

Émile Zola lui-même, qui a pris la tête du parti de la justice dans l'Affaire Dreyfus, écrit à propos de l’Algérie : « Ce royaume appartiendra au laboureur qui aura osé le prendre, s’y tailler à son gré un domaine aussi vaste que la force de son travail l’aura créé » (Fécondité, 1899).

Au XXe siècle, à l'image des précédents, les républicains de gauche restent fidèles à la « mission civilisatrice » de la France tout en tentant de faire valoir les profits pour l'économie nationale et les débouchés pour les Européens désireux d'émigrer. Ainsi le chef de la SFIO, Léon Blum, devant la Chambre des députés le 9 juillet 1925 : « Nous avons trop l’amour de notre pays pour désavouer l’expansion de la pensée, de la civilisation françaises… Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de les appeler aux progrès réalisés grâce aux efforts de la science et de l’industrie ». Il prend soin de préciser que « la race supérieure ne conquiert pas pour le plaisir, dans le dessein d’exploiter le faible, mais bien de le civiliser et de l’élever jusqu’à elle ».

En 1931, au congrès de la Ligue des Droits de l’Homme qui se tient à Vichy, son président Albert Bayet réplique à ceux qui dénoncent la colonisation :
« Il me semble que la France moderne, fille de la Renaissance, héritière du XVIIe siècle et de la Révolution, représente dans le monde un idéal qui a sa valeur propre et qu’elle peut et doit répandre dans l’univers.
Apporter la Science aux peuples qui l’ignorent, leur donner routes, canaux, chemins de fer, autos, le télégraphe, le téléphone, organiser chez eux des services d’hygiène, leur faire connaître enfin les Droits de l’Homme, c’est une tâche de fraternité »
. Tout est dit.

– Condamnation de la colonisation

L'anticolonialisme naît en même temps que la colonisation elle-même, au XVIe siècle, en Amérique. Son initiateur est le prêtre dominicain Bartolomeo de Las Casas.

Au « Siècle des Lumières », les élites libérales prennent le relais. Elles s'inquiètent fort justement des effets délétères du protectionnisme colonial sur l'économie. En 1830, l'économiste Jean-Baptiste Say écrit : « Les vraies colonies d'un peuple commerçant, ce sont les peuples indépendants de toutes les parties du monde. Tout peuple commerçant doit désirer qu'ils soient tous indépendants pour devenir plus industrieux et plus riches, car plus ils seront nombreux et productifs, plus ils présenteront d'occasions et de facilités pour les échanges. Les peuples deviennent alors pour nous des amis utiles et qui ne nous obligent pas de leur accorder des monopoles onéreux, ni d'entretenir à grands frais des administrations, une marine et des établissements militaires aux bornes du monde. Un temps viendra où on sera honteux de tant de sottise et où les colonies n'auront plus d'autres défenseurs que ceux à qui elles offrent des places lucratives à donner et à recevoir, le tout aux dépens du peuple ». Cette thèse libérale classique est en complète opposition avec celle que développera à la génération suivante, on l'a vu, Paul Leroy-Beaulieu...

William GladstoneDans les années 1870, l'opposition aux conquêtes coloniales est portée en Angleterre par le chef du parti libéral (whig), William Gladstone, un Écossais animé par des convictions religieuses très rigides, grand rival de Benjamin Disraeli...

En France, les principaux opposants se recrutent chez les royalistes, qui ne voient pas l'intérêt de disperser tous azimuts les forces vives de la nation, et dans la droite nationaliste qui veut privilégier la revanche sur l'Allemagne, vainqueur de la France en 1870-1871.

Le sénateur monarchiste Albert de Broglie gémit à la tribune du Sénat :
« Les colonies affaiblissent la patrie qui les fonde. Bien loin de la fortifier, elles lui soutirent son sang et ses forces ». Il dénonce dans la politique coloniale « une charge qui grève la nation, qu'elle ne peut porter longtemps, et qui, avant de lui échapper, peut avoir amené la ruine à la fois de la colonie et de la métropole » (11 décembre 1884).

Paul Déroulède, fondateur de la Ligue des Patriotes et chantre de la « revanche », déplore que « la plus grande France », c'est-à-dire l’Empire colonial, fasse oublier aux Français le « relèvement de la vraie France ». On lui prête aussi cette formule à propos des conquêtes coloniales de la République : « J'ai perdu deux enfants, l'Alsace et la Lorraine, et vous m'offrez vingt domestiques ! »

La gauche compte une seule personnalité anticoloniste : Georges Clemenceau. Le chef des radicaux fait figure d'électron libre en dénonçant avec une singulière vigueur les entreprises coloniales de Jules Ferry :
« Races supérieures ? Races inférieures, c'est bientôt dit ! Pour ma part, j'en rabats singulièrement depuis que j'ai vu des savants allemands démontrer scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre franco-allemande parce que le Français est d'une race inférieure à l'Allemand... » (discours du 31 juillet 1885 à la Chambre des députés).

Au XXe siècle, enfin, on commence à dénoncer les excès de l'exploitation coloniale, à l'image d'André Gide (Voyage au Congo, 1927)... Hubert Lyautey, officier de cavalerie très impliqué dans l'expansion coloniale, affiche un respect absolu pour les populations et les cultures placées sous sa responsabilité, en particulier au Maroc. Monarchiste de coeur et catholique social, il parrainera la construction de la Grande Mosquée de Paris. « Les Africains ne sont pas inférieurs, ils sont autres », écrit-il dans les années 1920. 

Retournements d'opinion

Jusqu'en 1962, en France, les enjeux coloniaux ont mobilisé exclusivement les élites. La gauche républicaine a été très longtemps le moteur du parti « coloniste ». C'est elle qui a promu à partir des années 1870 la conquête de l'Afrique noire et de l'Indochine. Après la Seconde Guerre mondiale, les communistes eux-mêmes ont soutenu la colonisation, y voyant un cadre plus propice que des nations balkanisées à la révolution qu'ils appelaient de leurs voeux. Ils ont ainsi soutenu la répression de Sétif en Algérie. C'est seulement à la fin des années 1950 que, confrontés à la montée du tiers-monde et à leurs propres contradictions, communistes et socialistes français condamnèrent la colonisation, faisant même oublier leur implication dans celle-ci (note).
La droite française a suivi un cours opposé. Elle a d'abord été massivement hostile aux entreprises coloniales, au nom de la liberté des échanges et des Évangiles. À la suite de l'affaire de Fachoda, en 1898, une fraction de la droite s'est toutefois rapprochée des « colonistes » de gauche, en partie pour faire pièce à la Grande-Bretagne, en partie aussi pour des motifs humanitaires et religieux. Après la Première Guerre mondiale, le soutien de la droite à l'Empire colonial ne cessa ensuite de croître, en partie pour la grandeur de la France, en partie par reconnaissance à l'égard des indigènes qui avaient contribué à la victoire (Lyautey inaugure ainsi la Grande Mosquée de Paris).
Aujourd'hui, tant à droite qu'à gauche, aucune personne sensée ne regrette le « temps béni des colonies ».


De Brazza à nos jours, une Histoire de l'Afrique racontée aux enfants (1981, 12 min59s),  source : INA
Publié ou mis à jour le : 2024-02-09 09:52:13
Gilles Aerts (12-01-2020 22:11:07)

Devinette clin d'oeil: Qui a dit? « Dieu offre l'Europe à l'Afrique. Prenez-la. Prenez-la, non pour le canon, mais pour la charrue ; non pour le sabre, mais pour le commerce ; non pour la bataille, ... Lire la suite

bilicoque (21-11-2017 18:40:34)

Monsieur à cette heure de la nuit,il faut se méfier des fantômes.

hourryya (14-09-2006 22:58:59)

Sujet brûlant mais extrêmement bien traité dans cet article. En effet l'histoire devient un instrument politique et sert a nourrir les idéologies comme l'anti-racisme, le tiers mondisme etc... qui... Lire la suite

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