Le dictionnaire de l'Histoire

colonie, colonisation, colonialisme

La colonisation a des sens multiples qu'il importe de bien distinguer :

• Sous l'Antiquité gréco-romaine, le mot colonie (du latin colere, mettre en culture, cultiver) désignait un groupe de gens qui quittaient leur région d'origine et mettaient en culture une région en friches. Massilia (aujourd'hui Marseille) fut par exemple fondée au VIe siècle av. J.-C. par un groupe de Grecs originaires de la cité de Phocée, en Ionie, près de l'actuelle Smyrne. Dès avant notre ère, l'Afrique subsaharienne a aussi connu un vaste mouvement de colonisation par les Bantous, une population à peau noire apparue à l'ouest du Cameroun actuel. S'étant initiée à l'agriculture, elle a bénéficié d'une mortalité moindre, s'est multipliée et s'est progressivement répandue sur tout le continent, au détriment des populations de chasseurs-cueilleurs à peau cuivrée (Khoisans, Pygmées...).

• Au XVIe siècle, l'emploi du mot colonie a été étendu aux immenses territoires du Nouveau Monde parcourus par les chasseurs-cueilleurs, conquis, peuplés et mis en culture par les Européens. Notons toutefois que les Andes et l'isthme américain, déjà solidement occupés par les cultivateurs amérindiens (Incas, Mayas...) ont été davantage conquis que colonisés... Dans les siècles suivants, les Européens ont aussi colonisé, autrement dit mis en culture, d'autres territoires seulement occupés par des nomades, en Sibérie, à la pointe méridionale de l'Afrique, en Australasie (Australie et Nouvelle-Zélande)...

• Au XIXe siècle, par abus de langage, le mot colonie s'est appliqué à des territoires conquis et administrés par les Européens sans que les conquérants aient eu le souci de peupler ces territoires (ce fut le cas de la plus grande partie de l'Afrique noire ainsi que de l'Asie du Sud). Ces conquêtes se sont faites par souci de prestige et de grandeur nationale, bien plus que par volonté d'enrichissement. En France, par exemple, les colonistes, partisans des conquêtes coloniales, se recrutaient essentiellement dans la gauche républicaine et affichaient leur volonté de généreusement « civiliser les races inférieures » (Jules Ferry).

Dans quelque sens que ce soit, la colonisation se traduit par l'introduction des mœurs et du droit des nouveaux arrivants dans les territoires concernés. Elle se distingue de ce point de vue de l'immigration ordinaire, qui voit les nouveaux arrivants adopter les mœurs et le droit des habitants du pays d'accueil. Ainsi les premiers Européens établis en Amérique du Nord furent-ils des colons par le fait qu'ils imposèrent leur domination et leurs mœurs aux autochtones amérindiens ; les Européens qui les suivirent à la fin du XIXe sièce se comportèrent quant à eux en simples immigrants car ils s'assimilèrent assez spontanément aux premiers arrivants.

Voir : La colonisation de l'Afrique et ses détracteurs

Aucune réaction disponible

Respectez l'orthographe et la bienséance. Les commentaires sont affichés après validation mais n'engagent que leurs auteurs.

Actualités de l'Histoire
Revue de presse et anniversaires

Histoire & multimédia
vidéos, podcasts, animations

Galerie d'images
un régal pour les yeux

Rétrospectives
2005, 2008, 2011, 2015...

L'Antiquité classique
en 36 cartes animées

Frise des personnages
Une exclusivité Herodote.net