De 500 av. J.-C. à 622

Antiquité classique

Prophètes et mysticisme

L'Antiquité classique coïncide avec la naissance de la plupart des grandes religions et systèmes philosophiques qui guident aujourd'hui encore nos destinées.
Cela commence au VIe siècle avant notre ère (entre 600 et 500 av. J.-C.) avec la naissance en Inde d'un prince du nom de Siddharta Gautama. Il resta dans les mémoires sous le nom de Bouddha (l'Illuminé). En Chine, à la même époque, vivent Lao Tseu, le fondateur du taoïsme, et Confucius, dont les préceptes moraux régissent encore la vie des Chinois.
En Perse, un prophète appelé Zarathoustra (ou Zoroastre) énonce la doctrine du mazdéisme, qui a inspiré les religions monothéistes. Des prophètes se lèvent aussi chez les Hébreux en exil à Babylone. De retour en Palestine, ils reconstruisent le Temple de Jérusalem détruit par Nabuchodonosor et font de la Bible la loi de leur communauté.
Au cours des siècles suivants, la philosophie et la raison s'épanouissent au pied de l'Acropole d'Athènes, avec Socrate, Platon ou encore Aristote. Cette effervescence spirituelle aboutit au rapprochement de l'Orient et de l'Occident à travers l'art gréco-bouddhiste du Gandhara, quand des artistes grecs amenés dans cette province indienne par Alexandre le Grand représentent Bouddha sous les traits d'Apollon...

Statuette du Bouddha grec de Gandhara (Peshawar), II-IVe s., musée national de Bangkok, Thaïlande.

Sous le règne de l’empereur romain Tibère, un juif de Galilée se présente comme le Fils de Dieu. Il est à l'origine du christianisme, dont près d’un tiers de l’humanité est aujourd’hui l’héritière. Le temps des prophètes se clôt avec la prédication de Mahomet dans le désert d'Arabie. Sa religion s’est imposée dans une grande partie du Vieux Monde, de l’Atlantique au Pacifique, et guide aujourd’hui plus d’un homme sur cinq.

Frise chronologique commentée (Herodote.net)

L'Antiquité classique a vu émerger en un peu plus d'un millénaire les premiers empires à vocation universelle (Perse, Rome, Chine) mais aussi la démocratie. Elle a  jeté les fondements de nos civilisations. Elle a inventé la philosophie et la pensée spéculative, enfin  inventé les grandes religions actuelles.

Tout cela avec seulement 150 à 250 millions d'âmes (quarante fois moins qu'aujourd'hui) ! La population mondiale se concentre alors dans quatre foyers principaux : la Chine, l'Inde, le bassin méditerranéen et le Moyen-Orient. L'Afrique subsaharienne et les Amériques sont encore des déserts humains.

Les origines de la Grèce

Au coeur du monde antique figure la Grèce. Sa civilisation s’épanouit 500 ans av. J.-C. dans les cités des bords de la mer Égée. Elle puise son inspiration en Crète, une île de la Méditerranée qui donna naissance à la civilisation minoenne, du nom de Minos, un roi légendaire (2000 av. J.-C.).

Les Minoens vénéraient des divinités féminines et accordaient aussi dans leur culture une place particulière au taureau (d'où la légende grecque du Minotaure). Comme les anciens Égyptiens et les Étrusques, un peuple de la péninsule italienne, ils pratiquaient peu l’esclavage et respectaient une relative égalité entre les hommes et les femmes.

La société minoenne a été bouleversée par l’invasion d'un peuple venu d'Asie mineure, les Achéens (1 500 av. J.-C.). Ceux-ci ont bâti une nouvelle et grande civilisation en Grèce continentale et en Crète. En témoignent des ruines cyclopéennes, notamment à Mycènes, dans le Péloponnèse. On sait aussi qu'une guerre a mis aux prises quelques cités achéennes et la cité de Troie. De cette guerre obscure, contemporaine du pharaon Ramsès II et de Moïse, il nous reste la plus grande épopée de tous les temps, écrite bien plus tard par Homère  : L’Iliade et l’Odyssée (d’après Ilion, autre nom de Troie, et Odysseus, autre nom du héros Ulysse).

Après les Achéens surgissent les Doriens, autrement plus brutaux. Avec eux, vers 1 200 av. J.-C., la Grèce et la Crète plongent dans un Âge sombre dont ils ne sortent que lentement, cinq ou six siècles plus tard. Après cela, la Grèce entre dans un lent renouveau d’où émergent la poésie d’Homère, les Jeux olympiques, la naissance d’un nouvel alphabet inspiré de celui des Phéniciens et l’invention de la monnaie ! Des savants comme Pythagore et plus tard Thalès et Euclide jettent les bases des mathématiques.

La Grèce et l’avènement de la raison

Dans les cités grecques, les rivalités entre les possédants et les autres hommes libres se concluent au VIIe siècle av. J.-C. par des arbitrages qui vont donner naissance à une première forme de démocratie.

À Athènes, Dracon instaure une loi commune assez dure pour convaincre chacun de renoncer à tirer lui-même vengeance des affronts faits à son clan… d’où l’adjectif draconien qui désigne une disposition très sévère. Son œuvre est complétée par Solon, qui répartit les citoyens d’Athènes en quatre classes selon leur richesse, avec des droits et des obligations propres à chacune. Un troisième réformateur, Clisthène, achève de jeter les bases de la démocratie athénienne. Celle-ci est ouverte à tous les hommes libres de plus de 18 ans.

La démocratie, qui rend les hommes solidaires de la Cité, est mise à l’épreuve avec l’irruption des Perses. Sous le commandement de Darius, ils débarquent dans la plaine de Marathon au nombre de plusieurs dizaines de milliers. Les citoyens athéniens ne se démontent pas. Ils chargent les intrus au pas de course. Les Perses rembarquent dans le désordre cependant qu’un soldat grec prend sur lui de courir jusqu’à Athènes pour annoncer la victoire dans un ultime soupir. Son exploit est à l’origine de l’épreuve sportive du marathon (490 av. J.-C.).

À Persépolis, la défaite passe mal. Xerxès, fils de Darius, tente de prendre sa revanche dix ans plus tard. Mais son armée est retardée par le sacrifice héroïque de Léonidas et de ses guerriers spartiates dans le défilé des Thermopyles. Quand les Perses arrivent à Athènes, c’est pour y trouver une cité vidée de ses habitants. À l’instigation de Thémistocle, les citoyens athéniens ont pris la mer et c’est sur les flots, près de l’île de Salamine, qu’ils remportent une victoire décisive en anéantissant la flotte perse.

Le poète Eschyle a chanté en des termes immortels cette victoire, premier témoignage de la supériorité des démocraties sur les despotes quels qu’ils soient, de Xerxès à Hitler.

La défaite des Perses inaugure le grand siècle d'Athènes. Ce Ve siècle av. J.-C. est appelé « siècle de Périclès », du nom du principal dirigeant de cette époque. Périclès fait reconstruire l'Acropole, la colline sacrée ravagée par les Perses, avec le concours du sculpteur Phidias. Le résultat suscite encore l'admiration malgré les ravages du temps.

De grands dramaturges  : Eschyle, Euripide, Sophocle, transforment les cérémonies religieuses, avec un chœur et un récitant, en pièces de théâtre à part entière. La pensée rationnelle se développe. Face aux mystères de la nature, les historiens Hérodote et Thucydide et plus tard le philosophe Aristote ne se contentent pas de chercher des explications dans les mythes. Ils réfléchissent, raisonnent et vérifient par l'expérience la validité de leurs conclusions.

Alexandre le Grand et l’hellénisme

Les Grecs sont eux-mêmes la cause de leur malheur. Ils s’engagent dans une guerre fratricide et après trente ans de rebondissements, Athènes est vaincue par Sparte, grande cité du Péloponnèse. La démocratie sombre alors dans les rivalités de clans. La suite n'est plus qu'un long déclin jusqu'à l'avènement d'un héros. Sans doute le plus grand que l'Histoire ait connu...

Alexandre le Grand, né en 356 av. J.-C., est l’héritier d’un petit royaume, la Macédoine. Il est éduqué par Aristote en personne et à 18 ans, soumet la Grèce puis gagne l’Asie.

Trois batailles mythiques ont raison du grand roi des Perses  : Le Granique, Issos et Gaugamèles. Non content d’avoir conquis la Perse, Alexandre songe à atteindre l’extrémité du monde ! Il traverse l’Indus et entame la guerre contre des princes hindous. Mais ses hommes sont las et l’obligent à prendre le chemin du retour.

Le conquérant engage le pari de réunir Grecs, Macédoniens et Perses en un seul peuple. Au cours d’une cérémonie grandiose, plusieurs milliers de ses hommes épousent des princesses perses (lui-même donne l’exemple en épousant la belle Roxane).

Puis Alexandre le Grand s’établit à… Babylone et rend à l’auguste cité son rang de capitale. C’est là qu’il est frappé par la maladie. Il meurt au sommet de la gloire à 33 ans ! Ses généraux, les diadoques (« successeurs »), aussitôt se partagent les conquêtes.

Résultat surprenant de l’épopée d’Alexandre  : la culture grecque, bien que déclinante, va se développer dans tout le bassin méditerranéen sous le nom d’hellénisme. De l’Afrique du nord à la Mésopotamie, la langue grecque va devenir la langue usuelle (koinè) des échanges jusqu’à la conquête arabe, mille ans plus tard. C’est en grec que s’exprimeront César, Auguste… et les évangélistes.

Les conquêtes d'Alexandre le Grande (338-323), source : Herodote.net

Chine, naissance d’une Nation

Le siècle suivant (IIIe siècle av. J.-C.) voit l’émergence aux extrémités de la Terre de deux empires autrement plus durables que celui d’Alexandre. Le premier est l’empire chinois. Il doit sa naissance à un homme d’exception, Zhen Ying, qui est connu dans l'Histoire sous le nom de Qin Shi Huangdi («  Premier empereur Ts'in »). Zhen Ying monte sur le trône d’un petit royaume à l'âge de 13 ans (247 av. J.-C.). À 21 ans, il entreprend de réduire tous les royaumes rivaux qui se partagent la Chine du nord. Il y réussit en une dizaine d’années.

Pour prévenir de nouvelles scissions, l’empereur unifie l'administration, la monnaie, les systèmes de mesure et surtout l'écriture (en Chine, où l'on parle encore aujourd'hui de multiples langues, les idéogrammes restent le principal facteur d'unité). Il fait aussi brûler les livres anciens et persécute les disciples de Confucius, Lao Tseu et Mencius, qui cultivent la nostalgie du régime antérieur. Il fait creuser des canaux d'irrigation pour prévenir sécheresses et famines. Beaucoup sont encore en service.

Pour protéger le pays contre les Mongols, Zhen Ying réunit en une ligne continue les fortifications éparses des confins septentrionaux. C'est ainsi qu'au prix d'efforts immenses, la Chine se dote de la «  Grande Muraille », le plus long monument créé de main d'homme (2000 km).

Zhen Ying envoie également une armée au sud du fleuve Yang Tseu Kiang et procède à des échanges massifs de populations pour introduire la culture chinoise dans la région. La Chine, auparavant limitée au bassin céréalier du fleuve Jaune, va étendre son emprise dans les régions méridionales au climat tropical, aux collines boisées et aux vallées rizicoles.

Obnubilé à la fin de sa vie par la quête de l’immortalité, l’empereur se fait construire un fabuleux tombeau où il est inhumé en compagnie de… 7000 soldats en terre cuite et en grandeur nature. Ce tombeau a été découvert en 1974, près de la ville de Xian, pour notre plus grand bonheur.

La mort du Premier empereur Ts'in est suivie de graves troubles et il faut attendre huit ans avant qu’un aventurier du nom de Lieou Pang ne rétablisse l’ordre. Le nouvel empereur consolide l’œuvre de son prédécesseur. Sa dynastie, les Han, va régner sur la Chine pendant quatre siècles et les Chinois lui en gardent une telle reconnaissance qu’aujourd’hui encore, ils se dénomment officiellement « fils des Han  » ou « Han » tout court.

Triomphe de la république romaine

Pendant ce temps, dans le bassin méditerranéen, s’affrontent deux cités l’une et l’autre promises à un grand destin  : Rome et Carthage.

Carthage, près de l’actuelle Tunis, en Afrique du nord, a été créée par des marchands venus de Phénicie (le Liban actuel). Elle s’est enrichie grâce au commerce maritime. Comme la plupart des États-cités de cette époque, elle est dirigée par une assemblée, le Sénat, où se retrouvent les représentants des principales familles.

Rome, au centre de la péninsule italienne, est aussi une république dirigée par un Sénat. Sa fière devise s’affiche sur tous ses monuments  : SPQR, ce qui veut dire Senatus populusque romanus (Le Sénat et le peuple romain). Elle a peu à peu imposé son hégémonie sur toute la péninsule italienne.

Le conflit entre les deux cités éclate à propos de la Sicile. Rome, pour l’occasion, s’initie à la guerre maritime. En un quart de siècle, elle sort victorieuse de cette première guerre dite punique, d’après l’autre nom donné aux Carthaginois. La Sicile devient la première province de Rome.

Désireux de prendre une revanche, le général carthaginois Hamilcar conquiert l’Espagne avec son fils Hannibal. C’est le début de la deuxième guerre punique. Hannibal franchit les Alpes avec ses soldats et ses éléphants. À Rome, on se prépare au pire. Mais le général, malgré son immense talent de stratège, est bientôt obligé de se replier. Il est finalement écrasé près de Carthage.

La troisième guerre punique, cinquante ans plus tard, est presque une formalité. Elle se solde par la ruine définitive de Carthage (146 av. J.-C.). Entre temps, Rome est devenue sans qu’il y paraisse la première puissance du monde méditerranéen. Elle a réduit à l’état de provinces l’Espagne, la Grèce ainsi que l’Afrique (nom donné à la région de Carthage et plus tard étendu à l’ensemble du continent).

Rome, de la république à l’empire

Hélas, on ne gouverne pas un empire de la même façon qu’une cité-État. Le Sénat romain s’en rend très vite compte. Il doit faire face à la montée des revendications de la plèbe, autrement dit les hommes libres mais pauvres qui affluent dans la Ville.

Pendant un siècle, Rome est la proie de guerres civiles cruelles opposant les réformateurs aux partisans de l’immobilisme. Plusieurs généraux prestigieux tentent de réformer les institutions, de Marius à Pompée en passant par Sylla. C’est finalement Jules César qui emporte la mise.

Nommé dictateur à vie, César réforme l'administration à marches forcées et met en place un mode de gouvernement qui durera environ six siècles. Il a inspiré beaucoup de souverains modernes qui lui ont emprunté son nom (tsar en russe, Kaiser en allemand). Nous lui devons un calendrier désormais universel. Le mois de juillet rappelle son prénom Jules et le mois d’août celui de son héritier, Auguste.

Dandy friand de plaisirs en tous genres, César fut aussi un excellent communiquant. Son récit de la guerre des Gaules est un chef-d’œuvre aussi palpitant qu’agréable à lire.

Mais à l’instigation de sa maîtresse Cléopâtre, ultime reine d’Égypte, César songe à se doter d’un titre royal pour pérenniser son œuvre.

C’est plus que n’en peuvent supporter les sénateurs. Ils l’assassinent de leurs propres mains (15 mars de l’an 44 av. J.-C.). Les guerres civiles reprennent et se concluent 15 ans plus tard par le triomphe du jeune Octave, petit-neveu de César. Son rival Antoine se suicide ainsi que sa maîtresse, l’inusable Cléopâtre.

Octave consolide l’œuvre de son grand-oncle en s’attribuant la totalité du pouvoir mais en se gardant de modifier dans la forme les institutions républicaines. Le Sénat, reconnaissant, lui octroie le titre honorifique d’Auguste, qui désigne une personne agissant sous de bons auspices. C’est sous ce nom qu’il restera dans l’Histoire, au terme d’un règne des plus glorieux.

Notons que sous son règne naît en Palestine, dans une étable, un Juif prénommé… Jésus.

L'empire romain à son apogée, à la mort d'Auguste

Apogée de l’empire romain

Faute d’un fils, ni Jules César ni Auguste n’ont pu imposer une règle successorale simple à la tête de l’empire romain et c’est à la faveur d’intrigues de palais ou sous la pression des légions que les nouveaux empereurs vont se succéder. Ce désordre au sommet de l’État n’empêche pas les habitants de jouir d’une paix relative pendant plusieurs siècles, d’où l’expression « pax romana » (en français, paix romaine) pour qualifier le principal apport de Rome.

Dans les deux premiers siècles de notre ère, les légions repoussent les limites de l’empire jusqu’au Rhin, au Danube et à l’Euphrate. Au Sud, le désert les arrête.

La mer Méditerranée devient une mer romaine, pacifiée et débarrassée de ses pirates, et les Romains la qualifient avec fierté de Mare Nostrum (en français, notre mer).

Rome atteint son apogée au IIe siècle, ou « siècle des Antonins », du nom d’un empereur. La ville compte alors un million d’habitants. L’empire lui-même en recense cinquante millions, soit autant que l’empire chinois des Han, tandis que la Terre dans son ensemble en compte environ 250 millions.

Proculus et son épouse ; portrait de couple romain (fresque de Pompéi, Ier siècle après JC)
L’empire en crise

Après l’assassinat de l’empereur Commode (voir le film Gladiator), les symptômes de crise se multiplient. Les campagnes romaines se dépeuplent du fait d’une dénatalité déjà ancienne. Aux marges de l’empire, on recrute des Barbares pour combler les effectifs des légions et remettre les terres en culture. L’industrie s’étiole par manque de débouchés. L’État tente de réagir par des réglementations tatillonnes qui ne font qu’aggraver les maux de la société.

La citoyenneté romaine, que les provinciaux avaient à cœur d’obtenir par leurs mérites et leur travail, est accordée d’emblée à tous les hommes libres de l’empire par l’empereur Caracalla qui y voit le moyen d’engranger quelques taxes supplémentaires (211).

Aux frontières, les Barbares se font menaçants  : Maures en Afrique du nord, Germains sur le Rhin et le Danube, Parthes en Orient… À Rome même, les légions et la garde prétorienne (la garde privée de l’empereur) font et défont les empereurs.

La crise atteint son maximum quand un empereur est capturé et supplicié par les Perses. Dans le même temps, la Gaule se constitue en empire dissident pour résister par ses propres moyens aux Barbares.

Une succession de généraux originaires d’Illyrie (la Serbie actuelle) et portés à la tête de l’empire par leurs légions redressent la situation. Rome est ceinturée de remparts et toutes les villes de l’empire l’imitent l’une après l’autre (c’est seulement 1300 ans plus tard que l’on en viendra à abattre les remparts !).

L’empereur Dioclétien comprend que le gouvernement de l'empire dépasse désormais les forces d'un seul homme. Impossible d’être partout à la fois ! Il instaure la « tétrarchie », autrement dit un gouvernement à quatre, chaque co-empereur surveillant une partie des frontières.

Dans le souci de renforcer la cohésion de l’empire, Dioclétien organise aussi de grandes persécutions contre les chrétiens.

Les disciples de Jésus-Christ, crucifié à Jérusalem près de trois siècles plus tôt, se sont rapidement multipliés dans l’empire et au-delà, jusqu’en Inde. Ils cultivent la foi en un Dieu unique et l’espérance en la vie éternelle.

Ils prêchent aussi la charité et l’égalité de tous les hommes et de toutes les femmes devant Dieu. Ils tiennent à se distinguer des juifs, nombreux dans tout l’empire.

L’administration romaine reproche aux chrétiens de ne pas accepter de rendre un culte à l’empereur et les désigne volontiers comme boucs émissaires en cas de difficultés.

Malgré les persécutions ou à cause d’elles, le christianisme rallie à lui une fraction de plus en plus grande du peuple et des élites romaines.

L'empire romain à son déclin, face aux invasions germaine (Ve siècle)

L’empire chrétien

En définitive, l’œuvre de Dioclétien ne survit pas à son abdication. L’un de ses successeurs, Constantin, réunifie l'empire romain sous son égide et déplace la capitale sur le détroit du Bosphore, à proximité des frontières les plus menacées, pour être mieux en mesure de les défendre (11 mai 330). Cette « deuxième Rome » prendra plus tard le nom de l’empereur : Constantinople (en grec : Constantinopolis, la ville de Constantin). Constantin accorde par ailleurs droit de cité au christianisme et se fait lui-même baptiser sur son lit de mort.

C'est le moment où les Germains accentuent leur pression aux frontières de l'empire. Ils sont poussés en avant par de rudes nomades, les Huns et les Turcs, eux-mêmes chassés des steppes d’Asie centrale par une brusque aggravation des conditions climatiques. Ces nomades se dirigent les uns vers l’Extrême-Orient et la Chine, les autres vers l’Occident et l’Europe, avec des conséquences dramatiques pour ces deux grandes aires de civilisation.

Faute de pouvoir faire autrement, les empereurs romains concèdent à certaines tribus germaines le droit de s’établir avec armes et bagages dans telle ou telle région dépeuplée. Les villes de l’empire se font peu sûres. Leurs habitants se réfugient dans les campagnes et se mettent sous la protection de riches et puissants propriétaires.

La « pax romana » n'est bientôt plus qu'un souvenir...

La religion chrétienne devient pour tous les habitants de l’empire une source de réconfort et d’espérance. Forte de sa popularité, elle est élevée au rang de religion d’État sous le règne de Théodose. À l’heure de mourir, en 395, celui-ci partage l’empire entre ses deux fils. À l’un l’Orient ; à l’autre l’Occident. Les contemporains ne se doutent pas que cette séparation sera définitive. Elle se retrouve aujourd’hui encore dans la frontière qui sépare la Croatie de la Serbie !

Envahi par les Germains, l’empire romain d’Occident est fractionné en royaumes barbares. Sur les bords du Rhin dominent les Francs (qui donneront leur nom à la France), dans la plaine d’Alsace, les Alamans (d’où le nom d’Allemagne), sur le Rhône les Burgondes (d’où le nom de Bourgogne), autour de Toulouse les Wisigoths, en Italie les Ostrogoths, en Espagne les Vandales (d’où le nom d’Andalousie).

Rome est mise à sac par une bande de Barbares (410). Saint Augustin, évêque d’Hippone (aujourd’hui en Algérie), s’émeut de ce drame sans précédent qui affecte la Ville éternelle où les apôtres Pierre et Paul, premiers chefs de l’Église chrétienne, ont été martyrisés.

Plus tard, les Huns, sous la conduite d’Attila, font une incursion en Gaule et menacent Lutèce, défendue par Sainte Geneviève.

Douloureux sursaut

La situation se stabilise avec un jeune chef franc du nom de Clovis (de son nom dérive le prénom Louis qui sera celui de 19 rois de France). Clovis soumet toute la Gaule des Pyrénées au Rhin et au-delà. Il obtient le soutien du clergé gallo-romain grâce à sa conversion au catholicisme, ce qui permettra à sa descendance de dominer l’Occident romain pendant trois siècles.

Le salut de l’Occident va venir curieusement de la petite Irlande, à l’extrémité des terres émergées. Dès leur conversion par Saint Patrick, au milieu du Ve siècle, les Irlandais s’adonnent en pédagogues à la culture classique (grammaire latine, grec). Avec saint Colomba, à la fin du VIe siècle, en Angleterre (monastère d’Iona) et en Europe continentale, ils relancent l’enseignement du latin, devenu entretemps langue morte.

Au siècle suivant, les monastères anglo-saxons du Kent (Cantorbery), du Wessex (Malmesbury), de Northumbrie (Jarrow, Wearmouth) devancent les Irlandais aussi bien dans l’exégèse que dans l’étude du latin. À la même époque, en Italie, le monastère de Bobbio fondé par l’Irlandais saint Colomban (à ne pas confondre avec saint Columba) devient un centre essentiel d’études des Écritures saintes et des Pères. En Gaule, on note des activités de copistes dans les monastères de Corbie, Saint-Martin de Tours, Fleury-sur-Loire ou encore Laon.

L’empire romain d’Orient est, lui, relativement épargné par les Germains. Il se transforme en un État bureaucratique. À Constantinople, l’empereur prend rang de chef religieux et omnipotent. Il est vénéré de son vivant à la manière des rois orientaux.

Le principal empereur d’Orient est Justinien. Son règne doit beaucoup aux qualités personnelles de son épouse Théodora, fille d’un simple dompteur d’ours et prostituée repentie. Justinien fait construire la basilique Sainte-Sophie, dédiée à la Sagesse (Sophia en grec). Il entame aussi la compilation du droit romain. Cet ouvrage juridique du nom de Digeste inspirera les légistes européens et notamment les rédacteurs du Code Civil. Nous lui devons une partie de nos lois.

Après la mort de Justinien, l’empire d’Orient est soumis à de vives attaques de la part de nouveaux-venus au nord, Slaves et Bulgares, ainsi que des Perses, ses ennemis traditionnels. Un général victorieux du nom d’Héraclius revêt la pourpre, symbole de l’autorité impériale. Il transforme l’empire romain d’Orient en empire byzantin (du nom de Byzance, nom grec de Constantinople). Héraclius s’épuise à repousser les Bulgares et les Perses et doit s’accommoder de la conquête de la Syrie et de l’Égypte par des intrus nouveaux-venus que personne n’attendait  : des cavaliers arabes guidés par une nouvelle religion, l’islam.

L’islam

À l’écart du monde romain, dans l’oasis arabe de La Mecque, un marchand du nom de Mahomet confie à sa femme qu’il aurait reçu la parole de Dieu (Allah en arabe) de la bouche de l’archange Gabriel. Il fait de premiers disciples mais se heurte à l’hostilité des riches Mecquois. Le 16 juillet 622, la petite communauté s’enfuit dans une oasis voisine qui prend le nom de Médine. De ce jour - l’Hégire (d’après un mot arabe qui signifie émigration) - date la naissance officielle de l’islam.

Cette religion monothéiste dont le nom signifie en arabe soumission (à Dieu) prône des préceptes simples (les piliers de l’islam)… Son livre de référence est le Coran, qui contient la parole de Dieu révélée à Mahomet. Il a été rédigé peu après la mort du prophète à partir des archives de ses disciples.

À Médine, Mahomet et sa petite communauté pillent des caravanes pour assurer leur subsistance. Ils font la guerre aux Mecquois, ce qui vaut au prophète d’être blessé au combat.

Mahomet fait aussi exécuter quelques centaines de juifs qui s’opposent à sa prédication. Déçu par l’attitude de ces derniers, il prescrit à ses fidèles de ne plus se tourner comme auparavant vers Jérusalem pour la prière mais vers La Mecque. Sur la fin de sa vie, le prophète peut rentrer en triomphateur à La Mecque et il a la satisfaction de convertir par le glaive toute la péninsule arabe.

Après la disparition de sa première femme, Mahomet a eu plusieurs épouses, dont Aïcha, sa préférée. Elle avait 9 ans et le prophète 50 quand ils se sont mariés.

Malgré cela, le prophète n’a eu que des filles. Aussi ses fidèles, à sa mort, désignent-ils l’un des leurs pour lui succéder à la tête de la communauté avec le titre de calife (d’après un mot arabe qui signifie remplaçant). Le calife cumule tous les pouvoirs séculiers et spirituels.

Le prohète Mohammed guidant la prière avec Abraham, Moïse et Jésus, manuscrit médiéval persan.

Fin de l’Antiquité

L’Antiquité s’achève pour de bon quand les premiers cavaliers musulmans quittent la péninsule arabe pour envahir les terres de vieille civilisation que sont l’empire byzantin et l’empire perse. En quelques décennies, la religion de Mahomet se répand des Pyrénées aux portes de la Chine. Cet événement majeur coupe en deux moitiés rivales le monde méditerranéen qu'avaient unifié les Romains.

À la même époque, la partie occidentale de l’empire romain entre dans la période la plus noire de son Histoire. En Gaule et sur le Rhin, les rois mérovingiens qui succèdent à Clovis et Dagobert s'avèrent si insignifiants que la postérité les qualifiera de « rois fainéants ».

À l'autre extrémité du monde, la Chine se relève d'une longue décadence et des invasions barbares grâce à un nouvel empereur, Li Che-min, plus connu sous le nom de T’ai Tsong le Grand. Il est à l’origine de la prestigieuse dynastie des T'ang.


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Vincent raconte...
Publié ou mis à jour le : 2021-09-21 11:03:25
Canessa (23-10-2017 19:21:28)

"L'Iliade, la plus grande épopée de tous les temps" : et le Mahābhārata, qu'est-ce que vous en faites ?... Avec ses quelque 250.000 vers, il fait quinze fois l'Iliade, et il est une vérit... Lire la suite

Tilde (12-10-2017 14:33:56)

Magnifique article. Merci pour ce parcours tellement réussi. Belle pédagogie, au "bon goût de revenez-y". Sans compter la frise chronologique, les cartes et illustrations. Bravo !

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