Le cheval

Une arme de combat

Dans la Bible, l’Apocalypse est annoncée par des cavaliers. Rien de tel en effet pour créer la panique chez l’adversaire. Indispensable auxiliaire des armées de l'Eurasie pendant cinq millénaires, le cheval a changé bien souvent le cours de l’Histoire.

Isabelle Grégor

Cheval et porteur de lance pour cavalier de tournoi, 1719, Dresde, Staatliche Kunstsammlungen, Rüstkammer.

Cheval de bataille

« Donnes-tu au cheval la bravoure, revêts-tu son cou d'une crinière ?
Le fais-tu bondir comme la sauterelle ? Son hennissement altier répand la terreur.
Il piaffe de joie dans le vallon, avec vigueur il s'élance au-devant des armes.
Il se moque de la peur et ne craint rien, il ne recule pas devant l'épée.
Sur lui résonnent le carquois, la lance étincelante et le javelot.
Frémissant d'impatience, il dévore l'espace ; il ne se tient plus quand sonne la trompette.
À chaque coup de trompette, il crie : Héah !
Il flaire de loin la bataille, la voix tonnante des chefs et les cris »
(La Bible, Le Livre de Job, 39).

Fresque de Paestum, VIIe siècle av. J.-C., musée de Paestum, Italie.

Du char de guerre au cavalier

S'ils ont sans doute été mis au point dans les steppes russes, c'est à Ur, en Mésopotamie, en 3 500 av. J.-C., que s'imposent les premiers chars de guerre, montés en général par deux hommes, le cocher et l'archer. Ils deviennent rapidement indispensables à toute armée digne de ce nom, et c'est avec des centaines de ces véhicules légers que Hittites et Égyptiens vont s'affronter à la célèbre bataille de Qadesh, dans l'actuelle Syrie, en 1274 av. J.-C.

Les chars de guerre prospèrent aussi à l'autre extrémité de l'Eurasie, en Chine, où la majorité des 600 chevaux en terre cuite enterrés avec l'empereur Qin (IIe siècle av. J.-C.) sont de fait attelés à des chars !

Peigne avec scène de bataille (détail), art scythe, IVe siècle av. J.-C., Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage.Mais dès avant notre ère, les chars de guerre cèdent la place à la cavalerie montée. Celle-ci, imitée des nomades de la steppe, vient en appui de l'infanterie, phalanges d'Alexandre le Grand ou légions de César.

Devenu sous les Romains un spectacle pour les arènes, l'art de la conduite du char ne résiste pas aux progrès de la cavalerie, moins coûteuse, plus légère et rapide sur le champ de bataille. Ben-Hur peut rentrer à l'écurie.

Dans les temps barbares qui succèdent à l'empire romain comme à l'empire chinois, l'infanterie demeure la reine des batailles, avec des combattants solidement armés et protégés (casque, armure, bouclier).

Ces fantassins ou soldats à pied, quand ils sont disciplinés et bien formés, peuvent vaincre les nomades de la steppe sur leurs chevaux rapides. Près de Poitiers, en 732, ce sont essentiellement des guerriers francs à pied qui ont raison des cavaliers arabes.

L'Âge d'Or de la chevalerie

L'arrivée de l'étrier au VIIIe siècle - sans doute une invention des nomades Avars -, va changer la donne en apportant aux cavaliers beaucoup plus de stabilité et une incroyable force de frappe.

Campés sur leurs étriers, avec des armures en métal et cuir (cote de maille, baudrier, heaume recouvrant tête et visage) qui les rendent quasiment invincibles, ils peuvent asséner au galop, de leur lance ou à l'épée, des coups d'une énergie redoublée, tels les chars d'assaut d'aujourd'hui.

Dans les armées de Charlemagne et de ses successeurs émerge ainsi une élite guerrière composée des hommes assez riches pour s'offrir un cheval et l'équipement qui l'accompagne... et assez forts et vigoureux pour le monter. 

Chevalier toscan, Carminia Regia, 1335, Londres, British LibraryCes chevaliers vont constituer la classe dirigeante de la société féodale. L'Église s'efforce de civiliser leurs moeurs et de leur transmettre un certain code de l'honneur, sous le nom de « chevalerie ».

Compagnon indispensable des nobles chevaliers, le cheval occupe dans la société médiévale une place privilégiée, plus proche de la gent humaine que de la gent animale.

C'est l'âge d'or du destrier (celui que l'on tient de la main droite, la (« dextre ») que l'on n'enfourche qu'au dernier moment, lorsqu'il est temps de « monter sur ses grands chevaux ».

À côté de ce cheval destiné à la guerre et aux tournois, les gens du Moyen Âge distinguent le palefroi, cheval de marche employé pour les déplacements par les chevaliers et leurs dames. À celles-ci, on destine également la haquenée, jument tranquille qui marche à l'amble (de côté).

Pour le transport des coffres du seigneur, quand il est en déplacement, on emploie le robuste sommier. Enfin, à côté du destrier, relevons l'auferrant (mot rare qui désigne un cheval d'armes cuirassé).   

Fragilisés par la difficulté de se mouvoir et trop souvent indisciplinés, les chevaliers vont se montrer de moins en moins efficaces face aux armes à feu.

Les premières bombardes, employées à Castillon-sur-Dordogne, en 1453, à la fin de la guerre de Cent Ans, effraient bien davantage les chevaux qu'elles ne tuent les hommes. Mais leur efficacité va très progresser de même que celle des arquebuses et des fusils et mettre fin à la primauté du chevalier et de sa monture dans les batailles.

Au coeur de l'Eurasie, les canons vont aussi mettre un terme aux invasions de cavaliers nomades, périodiquement renouvelées, des Huns à Tamerlan, en passant par les Avars et surtout les Turcs de Seldjouk et les Mongols de Gengis Khan.

Tournois, chevaliers et nobles dames

Les nobles, au Moyen Âge, ne se séparent guère de leur cheval, que ce soit à la guerre, à la chasse ou au tournoi, des activités à peu près aussi violentes les unes que les autres.

Voici, dans les célèbres Romans de la Table ronde, un récit qui voit le chevalier Lancelot participer à un tournoi que préside la reine Guenièvre...

« La reine commande à la demoiselle d'aller au plus tôt le retrouver et lui dire qu'elle lui mande et le prie de combattre le mieux qu'il pourra. Et la demoiselle répond qu'elle s'en ira immédiatement, sans chercher un délai. Elle descend de la tribune jusqu'en bas, où son valet l'attendait avec son palefroi. Elle se met en selle et s'en va trouver le chevalier à qui elle dit : "Messire, ma dame vous mande maintenant de combattre le mieux que vous pourrez" ! Lui répond : "Vous lui direz que rien ne me rebute du moment que cela lui plaît, et que tout ce qui lui plaît me fait plaisir". [...]
Alors Lancelot dirige et éperonne son cheval à la rencontre d'un chevalier élégamment armé et le frappe si fort qu'il l'envoie rouler loin de son cheval, à plus de cent pas. Il se met à combattre si bien de son épée et de sa lance qu'il n'y en a aucun parmi ceux qui ne portent pas d'armes, qui n'éprouve du plaisir rien qu'à le regarder. Même ceux qui portent des armes y trouvent de quoi se réjouir et y prennent plaisir, car c'est une joie que de voir comment il fait renverser et tomber à terre à la fois chevaux et chevaliers. Il n'y a guère de chevalier avec qui il engage le combat qui demeure en selle, et les chevaux qu'il gagne, il en fait cadeau à qui les voulaient. » (Chrétien de Troyes, Lancelot ou le chevalier de la charrette, vers 1180).

Combat de Lancelot, extrait du manuscrit en 4 volumes réalisé au XVe s. pour le bibliophile Jacques D’Armagnac, duc de Nemours.

Pas d'Amérique sans cheval

La seule région du monde qui soit restée imperméable au cheval est l'Afrique intertropicale, en raison des ravages causés par la mouche tsé-tsé. Le Nouveau Monde a quant à lui adopté le cheval dès l'arrivée des explorateurs européens, qu'il s'agisse des Amériques au XVe siècle ou de l'Océanie au XVIIIe siècle. 

Robe peinte, art sioux, XIXe siècle, musée du quai Branly, Paris.En 1493, douze mille ans après que leurs ancêtres venus d'Asie par le détroit de Béring eussent disparu du continent américain, les chevaux sont de retour dans les bagages de Christophe Colomb. Contrit de ne pas trouver de montures sur place, celui-ci s'empresse dès son second voyage d'importer à Hispanolia (Saint-Domingue) douze étalons et deux juments.

On raconte qu'un peu plus tard, les habitants du Yucatan, s'étant vu confier un cheval par Hernan Cortès, en firent une statue et commencèrent à l'adorer sous le nom de Tziman-Chac.

Cette légende montre combien la découverte de l’équidé a dû être un choc pour ces sociétés et un facteur primordial dans leur soumission, comme l’a lui-même reconnu Cortès : « Après Dieu, nous dûmes la victoire aux chevaux ».

L'animal va parfaitement s'adapter à son nouveau cadre de vie au point de se multiplier et retourner à la vie sauvage.

Arrivé en Amérique du Nord par le Mexique, il est adopté par les Apaches et les Navajos avant de rejoindre les tribus des Plaines, jusqu'à l'océan Pacifique.

Ces nomades peuvent alors se lancer dans la chasse aux bisons et les razzias, jusqu'à ce que les arrivants européens les contraignent à se sédentariser.

Ce sont alors cowboys, Pony Express et charges de cavaleries qui vont prendre leur place dans l'imaginaire pour créer la légende du Far-West. Aujourd'hui la culture équestre reste très présente dans le pays mais aussi dans d'autres régions du continent, notamment avec les gauchos d'Argentine.

« Rencontre de Cortes et Moctezuma » dans Diego Duran, Histoire des Indiens, 1579, bibliothèque nationale, Madrid.

Charges de cavalerie

Si la colonisation du Nouveau Monde doit tout au cheval, dans l'Ancien Monde, celui-ci voit sa fonction militaire se réduire drastiquement à partir de la Renaissance.

Dans les armées professionnelles des nouveaux États-Nations, les régiments de cavalerie - cuirassés, hussards venus de Hongrie, dragons qui héritent du surnom du seigneur de Wailly (XIIe siècle), uhlans ou encore spahis de l'armée d'Afrique (XIXe siècle) -, doivent composer avec des régiments d'infanterie aussi compacts que les antiques phalanges macédoniennes et qui plus est équipés d'armes à feu à longue portée. 

Théodore Géricault, Officier de chasseur à cheval de la garde impériale chargeant, 1812, musée du Louvre, Paris.Ils doivent aussi et surtout faire face à une artillerie de plus en plus terrifiante, le summum étant atteint pendant la Grande Guerre, avec les obus à fragmentation qui déchiquettent les chairs des hommes et des chevaux.

Ces régiments de cavalerie sont ordinairement employés pour poursuivre l'ennemi en retraite mais également en solution de dernier recours, quand il s'agit de rattraper la victoire sur le fil.

Ainsi avec la folle charge des douze mille cavaliers du maréchal Murat, à Eylau, en février 1807, qui va briser la contre-offensive du général russe Bennigsen et sauver Napoléon Ier d'une défaite annoncée. Un peu plus tard, à Waterloo, le maréchal Ney et ses cavaliers n'auront pas autant de succès.

Un demi-siècle plus tard, pendant la guerre de Crimée, sous le règne de son neveu Napoléon III, la non moins célèbre charge de la brigade légère de lord Cardigan va se solder par un fiasco sanglant. Et le règne de Napoléon III va se terminer par des charges de cavalerie aussi héroïques qu'inutiles et sanglantes à Reichshoffen et Morsbronn, en 1870.

On peut y voir le début de la fin pour la cavalerie de guerre.

Reste le souvenir d'une guerre pimpante, avec beaux uniformes, grande prestance et actions héroïques. Il se conserve en France dans les défilés toujours très populaires de la Garde républicaine comme en Angleterre dans ceux des régiments de la reine.

La charge des chevaux colosses de Waterloo

Avec un demi-siècle de recul, Victor Hugo nous offre dans Les Misérables une description magistrale et épique de la bataille de Waterloo : 

« Ils étaient trois mille cinq cents. Ils faisaient un front d'un quart de lieue. C'étaient des hommes géants sur des chevaux colosses. […] L'aide de camp Bernard leur porta l'ordre de l'empereur. Ney tira son épée et prit la tête. Les escadrons énormes s'ébranlèrent. Alors on vit un spectacle formidable.

Toute cette cavalerie, sabres levés, étendards et trompettes au vent, formée en colonne par division, descendit, d'un même mouvement et comme un seul homme, avec la précision d'un bélier de bronze qui ouvre une brèche, la colline de la Belle-Alliance, s'enfonça dans le fond redoutable où tant d'hommes déjà étaient tombés, y disparut dans la fumée, puis, sortant de cette ombre, reparut de l'autre côté du vallon, toujours compacte et serrée, montant au grand trot, à travers un nuage de mitraille crevant sur elle, l'épouvantable pente de boue du plateau de Mont-Saint-Jean. Ils montaient, graves, menaçants, imperturbables ; dans les intervalles de la mousqueterie et de l'artillerie, on entendait ce piétinement colossal.[…] [L’infanterie anglaise] écoutait monter cette marée d'hommes. Elle entendait le grossissement du bruit des trois mille chevaux, le frappement alternatif et symétrique des sabots au grand trot, le froissement des cuirasses, le cliquetis des sabres, et une sorte de grand souffle farouche. Il y eut un silence redoutable, puis, subitement, une longue file de bras levés brandissant des sabres apparut au-dessus de la crête, et les casques, et les trompettes, et les étendards, et trois mille têtes à moustaches grises criant : vive l'empereur ! Toute cette cavalerie déboucha sur le plateau, et ce fut comme l'entrée d'un tremblement de terre » (Victor Hugo, Les Misérables, 1862).

La bataille de Waterloo (William Sullivan, 1898)

Horreurs partagées

Estafette allemande à cheval équipée d'un masque à gaz, 1916, Berlin, BPK.Pendant la Première Guerre mondiale, trop vulnérable face aux mitrailleuses, la cavalerie laisse peu à peu la place aux nouveaux blindés pour mieux se limiter aux opérations logistiques.

C'est ainsi que près de deux millions d'animaux sont venus appuyer les troupes françaises, sacrifice qui se soldera par la mort de 80% d'entre eux et qui aura un impact psychologique non négligeable sur les combattants, en grande partie issus des campagnes.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le transport demeure la principale activité des chevaux utilisés par les Allemand et les Russes sur le front de l'Est.

Le souvenir de ces victimes involontaires de la folie des hommes se retrouve dans le film de Steven Spielberg, Cheval de guerre (2011), comme dans la légende des chevaux gelés du lac de Lagoda, en 1942, près de Leningrad.

Le carrousel de glace de Ladoga

L'écrivain italien Curzio Malaparte fait revivre un épisode (certainement légendaire) du siège de Léningrad, en hiver 1942.

« Le troisième jour, un immense incendie flamba dans la forêt de Raikkola. Enfermés dans un cercle de feu, les hommes, les chevaux, les arbres poussèrent des cris terribles. Les sissit [commandos finnois] assiégeaient l’incendie, tiraient sur le mur de flammes et de fumée, empêchant toute sortie. Fous de terreur, les chevaux de l’artillerie soviétique – ils étaient presque mille – se lançant dans la fournaise, brisèrent l’assaut du feu et des mitrailleuses. Beaucoup périrent dans les flammes ; mais une grande partie atteignit la rive du lac et se jeta dans l’eau. [...]
Pendant la nuit, ce fut le vent du Nord (le vent du Nord descend de la mer de Mourmansk, comme un Ange, en criant, et la terre meurt brusquement). Le froid devint terrible. Tout à coup, avec un son vibrant de verre qu’on frappe, l’eau gela. La mer, les lacs, les fleuves gèlent brusquement, l’équilibre thermique se brisant d’un moment à l’autre. Même l’eau de mer s’arrête au milieu de l’air, devient une vague de glace courbée et suspendue dans le vide.
Le jour suivant, quand les premières patrouilles de sissit, aux cheveux roussis, au visage noir de fumée, s’avançant précautionneusement sur la cendre encore chaude à travers le bois carbonisé, arrivèrent au bord du lac, un effroyable et merveilleux spectacle s’offrit à leurs yeux. Le lac était comme une immense plaque de marbre blanc sur laquelle étaient posées des centaines et des centaines de têtes de chevaux. Les têtes semblaient coupées net au couperet. Seules elles émergeaient de la croûte de glace. Toutes les têtes étaient tournées vers le rivage. Dans les yeux dilatés on voyait encore briller la terreur comme une flamme blanche. Près du rivage, un enchevêtrement de chevaux férocement cabrés émergeait de la prison de glace. Les soldats du colonel Merikallio descendaient au lac, et s'asseyaient sur les têtes des chevaux. On eût dit les chevaux de bois d'un carrousel. »
(Curzio Malaparte, Kaputt, 1946).

À cheval, gendarme !

Héritière de la maréchaussée, terme désignant à l'origine l'« écurie » (de marh, « cheval », en langue germanique), la gendarmerie, créée en 1791, a conservé un lien étroit avec le cheval puisque ne pouvaient en faire partie et devenir « gens d'armes » que ceux qui étaient capables de monter avec assurance. Ils devenaient alors propriétaires de leur animal, règle qui perdura jusqu'en 1919.

Durement concurrencé au sein de la gendarmerie par la bicyclette puis la moto, moins chers à l'entretien, le cheval a aujourd'hui encore nombre d’atouts qui en font un bon auxiliaire de sécurité dans la surveillance des parkings comme des plages ou des forêts.

Cinq cents chevaux et autant de cavaliers participent aussi dans la Garde républicaine à des « missions de sécurité et d’honneur aux profit des hautes instances gouvernementales et des hautes autorités de l’État » qui contribuent au rayonnement de la République.

La Garde républicaine est l'héritière de la Garde municipale de Paris créée par Napoléon 1er en 1802 et réorganisée par son neveu en 1849 pour devenir la structure que nous connaissons. Ses trois régiments, qui associent fantassins et cavaliers, appartiennent à l’armée tout en étant sous les ordres du préfet de police. Ils incluent depuis deux siècles une fanfare à cheval guidée par le trompette-major chargé de transmettre au clairon le signal de la charge ou du ralliement.

Les gardes républicains, de haute taille et de belle prestance, portent une tunique « à la Soubise » ornée de boutons au bas des manches, dont l’utilité reste d’ailleurs un mystère : faut-il croire ceux qui affirment qu’il s’agit d’un usage préventif, Napoléon ne supportant pas de voir ses hommes se moucher le nez d’un revers adroit ? L'uniforme est complété par un casque de près de 1,5 kilogramme agrémenté d’une crinière qui devait à l’origine protéger la nuque, le sabre ennemi glissant sur elle.

Notons qu’à l’occasion, la Garde républicaine n’hésite pas à cabotiner et charger sur les plateaux de cinéma pour La Révolution française (1989) ou La Reine Margot (1993) !

Le régiment de la cavalerie de la Garde républicaine, défilé 14 juillet 2008 sur les Champs-Elysées, Paris, © Marie-Lan Nguyen / Wikimedia Commons.

« Un animal politique »

Cette formule d'Aristote, censée désigner l'Homme, pourrait aussi qualifier son compagnon. Pendant des siècles en effet, il n'y eut pas de vainqueur qui ne parade à cheval pour fêter sa victoire.

Jeune noble à cheval, 1290, British Museum, Londres.Simple question pratique, direz-vous : on voit simplement mieux le héros sur ce piédestal mobile !

Mais l'origine de cette tradition est aussi à rechercher du côté de l'association entre cheval et pouvoir qui en fait un animal à part dans nombre de sociétés.

Membres d'une élite par leur richesse et leur supposée valeur guerrière, les cavaliers ont donné naissance à l'ordre équestre dans la Rome antique avant de devenir chevaliers au Moyen Âge.

Pour ces nobles, on l'a vu, seul le combat à cheval était respectable, et l'on se souvient de l'expression : « Mon royaume pour un cheval ! » que Shakespeare prête à un Richard III bien fâché d’être redevenu piéton.

La paix retrouvée, soldats et souverains n'aimaient rien tant que de se faire représenter à cheval, montrant au peuple d'une main leur maîtrise de l'équitation et de l'autre le chemin de la victoire.

De Charlemagne à Henri IV, de Louis XIV à Bonaparte, tous ont voulu copier la statue équestre de Marc-Aurèle (IIe siècle) pour en partager un peu de gloire.

Et qu'importe si en réalité le vainqueur n'est qu'un piètre cavalier, à l'exemple du maréchal Joukov qui est venu à bout des armées du IIIe Reich : il aura quand même sa statue équestre non loin de la place Rouge.

Et c'est bien sûr à cheval que les généraux et maréchaux de la Grande Guerre ont paradé devant l'Arc de triomphe pour le défilé de la victoire, le 14 juillet 1919.


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Publié ou mis à jour le : 2020-12-10 15:02:32

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