Claire Ollagnier (Picard, 160 pages, 19 €, 2021)

La chambre et l’intime, ces deux notions qui semblent aujourd’hui inextricablement liées, trouvent leur origine à l’aube du XVIIIe siècle. À cette époque, quand chambre à coucher il y a, elle n’est pas encore le lieu de l’intime. Et pour cause : l’intime n’apparaît nullement comme un facteur dominant, comme un constituant majeur de la vie des hommes et des femmes. Cela ne signifie pas que l’intimité n’existe pas, elle n’est juste pas mise en œuvre.
À ce titre, la chambre à coucher la plus emblématique est sans nul doute celle qu’occupe Louis XIV à Versailles à partir de 1701. Rien de ce qui s’y passe ne peut être ignoré. Elle est le lieu dans lequel se déroulent les grands moments de la journée du monarque. Ceux qui, par sa volonté propre, sont le plus soumis à la rigueur de l’étiquette.
Le roi y tient publiquement les cérémonies du Lever et du Coucher, il y dîne à son Petit Couvert ; tantôt il y reçoit, tantôt il y dort. Comme si, à aucun moment, il n’eut pu imaginer abriter son sommeil dans un autre lieu que celui où la France – et même l’Europe entière – se figure qu’il dort. Ici, l’intimité s’exerce en public.
Tout a été dit, ou presque, sur cette chambre au centre du château, sur ce lit au centre de la chambre et sur ce roi au centre du monde. C’est pourtant par là qu’il faut commencer : décrire le cheminement, les mètres d’enfilade, voir les larges portes s’ouvrir et pénétrer dans la chambre du roi pour assister à son Lever.
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Publié ou mis à jour le : 22/10/2021 17:17:15
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