Le château de Versailles était un coquet rendez-vous de chasse sous le règne du roi Louis XIII. Il a été agrandi à la fin du XVIIe siècle, sous le règne de son successeur, le Roi-Soleil Louis XIV, jusqu'à devenir le modèle de la résidence royale classique.
Imité par de nombreux souverains européens au siècle suivant, Versailles et son parc demeurent aujourd'hui l'un des plus beaux sites créés de main d'homme (sinon le plus beau... mais ne faisons pas de jaloux).
Au Siècle des Lumières, qui est aussi celui de l'absolutisme en Europe, plusieurs monarques rêvent d'égaler la gloire de Louis XIV et pour cela s'attellent à la construction d'un palais comparable à Versailles. Il y a d'abord Schönbrunn, près de Vienne, dont l'empereur Léopold Ier de Habsbourg lance la construction peu après sa victoire de 1683 sur les Turcs. Il y a aussi le palais de Caserte, près de Naples, justement surnommé le « Versailles italien ». Le roi Charles III de Bourbon, roi de Naples et de Sicile puis roi d'Espagne, en lance la construction en 1750. Le palais sera achevé en 1780. Plus modestes sont le palais de Sanssouci, à Potsdam, près de Berlin, dont le roi Frédéric II a fait sa résidence d'été, et le Palais national de Pena, à Sintra, près de Lisbonne, construit au début du XIXe siècle par Ferdinand de Saxe-Cobourg-Gotha, époux de la reine du Portugal Marie II.
Un palais à la mesure du Roi-Soleil
Louis XIV, né en 1638 à Saint-Germain-en-Laye, a d'abord partagé son existence entre ce château, sur une crête à l'ouest de Paris, et le palais des Tuileries, au coeur de la capitale. Son parrain et premier ministre Mazarin a entamé la construction d'un nouveau palais près du donjon de Vincennes. Mais c'est finalement au coeur de la forêt de Versailles que le jeune roi décide d'installer sa future demeure, loin des remous parisiens.
Par fidélité au souvenir de son père, Louis XIV conserve l'ancien château au coeur du futur ensemble palatial. La vue panoramique ci-dessus, réalisée par Patel en 1668, montre les premiers travaux d'agrandissement.
Le choix du site, un plateau au sol ingrat, marécageux et insalubre, sans eaux vives, n'est pas des plus judicieux. Il va nécessiter des travaux gigantesques pour seulement amener l'eau destinée aux bassins, jets et cascades du parc : aqueduc de Maintenon, machine de Marly...
L'architecte Louis Le Vau réalise les plans initiaux, suivant les instructions détaillées du monarque. À sa mort, en 1670, c'est à Jules Hardouin-Mansart qu'il reviendra de terminer les travaux et notamment de réaliser la prestigieuse Galerie des Glaces, avec vue sur les jardins.
La décoration intérieure est quant à elle confiée à Charles Le Brun, premier peintre du roi. Après la mort de son protecteur Colbert, Pierre Mignard prendra le relais.
Les travaux traînent en longueur jusqu'à la fin du règne, avec un maximum de 36 000 ouvriers sur le site en 1685, ce qui en en fait le plus grand chantier de son époque. Les conditions de travail sont très dures et aggravées par l'insalubrité du lieu, avec une mortalité élevée.
Toutefois, Louis XIV n'attend pas l'achèvement du chantier pour s'installer dans les murs. Le 6 mai 1682, soit vingt ans après le lancement du projet, le roi et sa Cour quittent Saint-Germain-en-Laye pour Versailles.
Le palais est plus somptueux que tout ce qu'on avait connu jusque-là, voué aux plaisirs des courtisans mais aussi à l'édification du peuple. Celui-ci a libre accès aux jardins et même à la fameuse Galerie des Glaces, à la seule condition d'être décemment vêtu et de porter une épée (!), et en tire un sentiment d'orgueil national.
Près de dix mille personnes, courtisans ou curieux, fréquentent quotidiennement la cour mais trois mille seulement logent au palais.
Versailles abandonné
Situé à moins de 20 kilomètres au sud-ouest de Paris, le palais de Versailles est définitivement abandonné par la monarchie le 6 octobre 1789, lorsque les Parisiennes en colère viennent chercher la famille royale.
Ses oeuvres d'art sont aussitôt transférées au Museum Central des Arts, le futur musée du Louvre, et le mobilier vendu sous la Ière République, en 1793-1794. Le palais lui-même échappe de peu à une vente par lots. Il abrite dès lors diverses administrations publiques.
Après son couronnement, Napoléon Ier songe à s'y installer mais il recule devant la dépense et reste fidèle aux Tuileries. Il séjourne de temps à autre au grand Trianon et laisse le petit Trianon à sa soeur Pauline puis à sa deuxième épouse Marie-Louise. Ses successeurs Louis XVIII et Charles X, qui ont gardé la nostalgie du palais de leur enfance, en assurent l'entretien. Sans plus.
Un musée pour rassembler tous les Français
Le palais est réhabilité par le roi Louis-Philippe Ier, qui décide de lui rendre sa splendeur en y aménageant un musée de l'Histoire de France. Le « roi-bourgeois » a formulé le projet de ce musée quatre ans plus tôt, dans un esprit d'oecuménisme, afin de rassembler les Français de toutes tendances politiques autour de leur Histoire commune. Au fronton des deux ailes du palais est gravée la formule : « À toutes les gloires de la France ».
Le musée est inauguré le 10 juin 1837, à l'occasion des fêtes du mariage du fils aîné du roi, Ferdinand-Philippe, duc d'Orléans.
Pour son musée, Louis-Philippe commande pas moins de 3.000 oeuvres aux artistes contemporains. Il s'agit soit de copies d'oeuvres antérieures (par exemple le Sacre, par David), soit d'oeuvres originales, qui vont garnir la galerie des Batailles. Alimenté en particulier par des commandées à des peintres contemporains,
Beaucoup de représentations iconographiques de l'Histoire de France remontent à cette entreprise. Par exemple la reddition de César à Alésia ou Philippe Auguste à la bataille de Bouvines.
Les régimes suivants, du Second Empire à la IIIe République, délaissent quelque peu le palais, trop vaste, trop loin de Paris, trop coûteux.
Arrive la Première Guerre mondiale. David Rockefeller, fils et héritier du magnat du pétrole John Rockefeller, s’engage dans l’armée américaine en 1918 pour combattre sur le front européen. Blessé aux cervicales, il est soigné dans la Galerie des Glaces du château de Versailles, transformé en hôpital de campagne. Allongé sur le dos pendant de longues semaines, il voit l’eau suinter à travers la voûte décrépite et se jure d’y remédier plus tard. Il tiendra sa promesse dès 1922 avec un don très généreux de la Fondation Rockefeller pour la remise en état du palais. Ce sera le début de sa renaissance…
Outre qu'il reste l'un des sites les plus visités de France, le palais de Versailles conserve un petit rôle politique en accueillant les parlementaires de l'Assemblée nationale et du Sénat quand ils se réunissent en Congrès pour les grandes occasions comme le vote des réformes constitutionnelles... Mais depuis le départ du général de Gaulle, la Galerie des Glaces n'est plus utilisée pour des banquets avec les hôtes de marque.
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