Hô Chi Minh (1890 - 1969)
« Il vaut mieux manger encore dix ans la crotte des Français que celle des Chinois pendant mille ans ! »
Hô Chi Minh, de son vrai nom Nguyên Tat Thanh ou Nguyên Ai Quôc, est né dans la famille d'un lettré vietnamien sans fortune. Il étudie au lycée de Hué (Annam) puis se fait matelot, gagne les États-Unis et aboutit à Paris pendant la Grande Guerre où il prend goût à l'action politique. Il adhère au Parti communiste français dès sa création à la Noël 1920 à Tours. Son militantisme lui vaut dès lors quelques séjours en prison. En 1930, il crée le Parti Communiste Indochinois et s'impose comme le chef de file du mouvement nationaliste indochinois. Il jouit de l'appui du Komintern, l'Internationale communiste animée par Staline. En 1941, il fonde le Vietminh ou Front pour l'indépendance du Viêt-nam (on écrit aussi Viêt-Minh). Réfugié à Canton, il est jeté en prison par le chef chinois anticommuniste Tchang Kaï-chek mais les Alliés anglo-saxons forcent celui-ci à le libérer. Prenant le surnom d'Hô Chi Minh (Celui qui éclaire), le révolutionnaire prend la direction de la résistance contre les Japonais en Indochine même. Les nationalistes vietnamiens profitent de l'éviction des Français par les forces japonaises pour entrer à Hanoi en août 1945. Hô Chi Minh proclame l'indépendance de son pays le 2 septembre en fondant la République Démocratique du Viêt-nam. Mais il ne tarde pas à se heurter aux velléités hégémonique du grand voisin chinois. Aussi se tourne-t-il vers les Français et négocie-t-il le 6 mars 1946 un accord d'autonomie avec Jean Sainteny, le représentant de la France. L'«oncle Hô» justifie ce renoncement provisoire à l'indépendance avec les paroles ci-dessus, citées pas son biographe Jean Lacouture. Las, la coopération ne s'installe pas véritablement et la guerre entre le Vietminh et les Français éclate quelques mois plus tard, avec l'émergence d'une armée populaire menée de main de maître par le général Giap, un instituteur qui se révèlera un stratège de génie. Les accords de Genève consacrent en 1954 la partition du pays et ouvrent la voie à une terrible guerre civile, dans le contexte de la «guerre froide» entre les États-Unis et les puissances communistes (1963-1975). Pendant cette seconde guerre d'Indochine, Hô Chi Minh fait en sorte de conserver l'indépendance de son pays et de se tenir à égale distance de la Chine populaire et de l'URSS, tout en profitant de l'aide fournie par ces deux pays. Hô Chi Minh meurt en 1969 sans avoir vu le triomphe de son camp. La ville de Saïgon, conquise en 1975 par les troupes du Nord-Vietnam, est rebaptisée Hô Chi Minh-Ville en son honneur et le pays réunifié sous la bannière communiste.