Nicolas Machiavel (1469 - 1527)
« Divide ut imperes ! » (en latin)
« Divise pour régner ! » (traduction)
Formule de Nicolas Machiavel (Niccolo Machiavelli en italien).
Né sous le règne de Laurent le Magnifique, Niccolo Machiavelli voit les Français de Charles VIII entrer à Florence et Savonarole étriller la cité (1494-98).
Secrétaire de chancellerie, il participe à des missions diplomatiques délicates auprès des puissances du moment, en particulier de César Borgia, fils du pape Alexandre VI, puis du nouveau pape Jules II. Il convainc Louis XII de France de ne pas secourir Ferrare assiégée par le pape en 1510. En 1512, les Médicis, qui ont repris le contrôle de Florence, le tiennent à l'écart.
Retiré à San Casciano, il compose de nombreux ouvrages (L'art de la guerre, Histoires florentines, la Mandragore,...).
Le plus connu de ses livres, Il Principe (Le Prince, 1513), est un court essai dédié à Laurent de Médicis, duc d'Urbino, dans lequel l'auteur expose l'art et la manière de gouverner en jouant habilement des sentiments populaires. Il donne en exemple César Borgia, fils naturel du pape Alexandre VI, qui gouverna dans les années précédentes les États pontificaux en faisant preuve d'une absence totale de scrupules.
On a présenté Machiavel comme un cynique dépourvu d'idéal et tiré de son nom un adjectif commun : machiavélique, alors que cet homme politique était seulement soucieux du bien public mais sans illusion sur les vertus des hommes. De son chef-d'oeuvre, retenons cette sentence : «Car la force est juste quand elle est nécessaire», mais aussi «Divise pour régner !» (en latin : «Divide ut imperes !»), et pour finir : «Si tu peux tuer ton ennemi, fais-le, sinon fais-t'en un ami».
Urbain VIII (1568 - 1644)
« Quod non fecerunt Barbari, fecerunt Barberini » (en latin)
« Ce que les Barbares n'ont pas fait, les Barberini l'ont fait » (traduction)
Élu pape en août 1623 sous le nom d'Urbain VIII, Maffeo Barberini clôt la période austère de la Contre-Réforme catholique.
Issu d'une vieille famille florentine, ce pape est un mécène très ouvert aux idées artistiques et intellectuelles de son temps. Ainsi a-t-il été l'ami de Galilée.
Il dote la Ville éternelle d'un nouveau palais destiné à représenter dignement sa famille et porte à son apogée le style baroque.
Il achève aussi la basilique Saint-Pierre. Pour façonner le baldaquin monumental de Saint-Pierre, il fait enlever les plaques de bronze qui recouvrent le porche du Panthéon, seul monument de la Rome antique resté à peu près intact. Cela lui vaut de la rumeur publique («Pasquino») la cinglante formule ci-dessus.
On a paraphrasé cette formule à Athènes, quand Lord Elgin enleva les marbres du Parthénon pour les transférer à Londres : « Quod non fecerunt Gothi, hoc fecerunt Scoti » (Ce que les Goths n'ont pas fait, les Écossais l'ont fait, graffiti de 1813).
Sir Thomas More (1498 - 1535)
« Ayez l'obligeance de me donner la main pour monter, car pour descendre, je me débrouillerai bien tout seul »
Prière de Sir Thomas More au bourreau chargé de le décapiter sur l'échafaud le 6 juillet 1535. Sa tête allait ensuite être exposée pendant un mois sur le pont de Londres (London Bridge, le seul pont dont disposait la ville à l'époque). Thomas More avait été nommé chancelier du royaume d'Angleterre par Henri VIII en 1529, bien qu'il eût désapprouvé la répudiation de la reine Catherine d'Aragon. Les rapports du nouveau chancelier avec le roi se dégradèrent lorsque celui-ci signa, en 1534, l'Acte de Suprématie par lequel il rompait avec le catholicisme. Sir Thomas en tint pour la foi catholique ce qui lui valut d'être condamné à mort pour trahison. Homme de conviction et brillant humaniste, More a gagné l'immortalité avec son ouvrage majeur, L'Utopie, où il décrit un État de «nulle part» (c'est le sens du néologisme utopie) où règnent la tolérance et la paix civile. -
François 1er (1494 - 1547)
« De toutes choses ne m'est demeuré que l'honneur, et la vie qui est sauve »
Ces mots délicats sont extraits de la lettre du roi François 1er à sa mère, Louise de Savoie, après qu'il eut été battu en Italie et fait prisonnier par le connétable de Bourbon à Pavie, au sud de Milan, le 24 février 1525. -
Jacques de La Palice (1470 - 1525)
« Un quart d'heure avant sa mort, il était encore en vie »
La bataille de Pavie fut fatale au maréchal Jacques de Chabannes, seigneur de La Palice. Le soir de la bataille, ses soldats chantèrent en guise d'hommage un couplet naïf signifiant qu'il s'était battu avec la dernière énergie : «Un quart d'heure avant sa mort, il faisait encore envie». Mais ce vers somme toute banal aurait été transformé en : «Un quart d'heure avant sa mort, il était encore en vie». De là vient le mot «lapalissade», qu'inventa Edmond de Goncourt, au XIXe siècle, pour désigner une vérité évidente. Héros des guerres d'Italie, ayant combattu à Ravenne, Marignan, La Bicoque,... La Palice fut l'un des plus grands hommes de guerre de son temps avant de devenir un nom commun.
Cuauhtémoc (1496 - 1525)
« Et moi, suis-je sur un lit de roses ? »
Mexique, 1520-1521. Après la mort tragique de son oncle, l'empereur Moctezuma II, et celle de son successeur, victime de la variole, Cuauhtémoc anime la résistance du peuple aztèque face aux Espagnols conduits par Hernan Cortés (en français Fernand Cortez). Il est capturé lors de la chute de sa capitale, Tenochtitlan, le 13 août 1521. Les Espagnols le livrent aux bourreaux, ainsi que le cacique (chef) de Tacuba, en vue de lui faire avouer l'endroit où serait caché le trésor de son oncle.
Comme son compagnon d'infortune est torturé sur le gril avec lui et sur le point d'avouer, Cuauhtémoc lui aurait répondu selon l'historien espagnol Gomara, chapelain de Cortés : «Esto yo en algun deleite o bano ?», ce que Montaigne a plus tard traduit par : «Et moy, suis-je dans un bain ?» (Essais, III, 6) et que la chronique a «enjolivé» sous la forme ci-dessus.
Ayant résisté à six heures de souffrance, Cuauhtémoc est maintenu en prison par Cortès, comme garantie de la soumission aztèque. Mais le 28 février 1525, il est exécuté dans sa cellule pendant que le chef espagnol est en expédition en Amérique centrale.