Citations et Mots d'Histoire

Le temps des Révolutions

Sébastien Vauban    (1633 - 1707)

« II faut donc se résoudre à faire la course comme un moyen le plus aisé, le moins cher, le moins hasardeux et le moins à charge de l'État, d'autant même que les pertes n'en retomberont pas sur le roi qui ne hasardera rien; à quoi il faut ajouter qu'elle enrichira le royaume, fera quantité de bons officiers au roi et réduira dans peu de temps ses ennemis à faire la paix »

Ingénieur et militaire d'une activité débordante et d'une imagination hors du commun, Sébastien Le Prestre de Vauban a convaincu le roi de développer la « guerre de course » pour combattre sur les mers les Anglais et les Hollandais.

Sébastien Le Prestre de Vauban (1633-1707)Couverts par une commission de l'Amiral de France, des armateurs acquièrent le droit de commettre des actes de piraterie contre les puissances ennemies de la France. Ils ont l'obligation de partager leur butin selon des règles imposées : 1/5e pour le roi, 1/10e pour l'Amiral de France, 2/3 pour l'armateur et le reste pour l'équipage. Les marins qui s'adonnent à la guerre de course sont appelés « corsaires » : René Duguay-Trouin, Jean Bart, plus tard Robert Robert Surcouf...

Sur terre, Vauban conçoit de nouvelles méthodes d'attaque dont tirent profit les armées du Roi-Soleil Louis XIV. Il dresse surtout, autour de la France, une ceinture de forteresses capables de résister à l'artillerie (Landau, Neuf-Brisach,...). Pour les corsaires, il fortifie habilement les ports de Dunkerque et Saint-Malo, qui deviennent comme des canons pointés vers l'ennemi (l'Angleterre et les Provinces-Unies).

Ému par la misère du peuple, Vauban publie à la fin de sa vie un Projet d'une dixme royale. Le livre est aussitôt interdit et vaut une mise à l'écart au vieux maréchal, coupable de proposer un impôt universel.


Marie-Adélaïde de Savoie    (1685 - 1712)

« Princesse aujourd'hui, rien demain, et dans deux jours oubliée... »

Murmure de Marie-Adélaïde de Savoie, duchesse de Bourgogne, épouse de l'héritier du trône de France, petit-fils de Louis XIV, le Roi-Soleil. La dauphine répondait sur son lit de mort aux exhortations du cardinal de Noaïlles qui l'assurait que toute la France priait pour elle. Mariée à 12 ans au fils aîné du prince Louis dit le Grand Dauphin et de Marie de Bavière, la jeune Savoyarde s'en est venue vivre à Versailles. Destiné à apaiser les relations tumultueuses des Maisons de France et de Savoie depuis deux siècles, le mariage se révéla bientôt une rencontre heureuse de caractères faits pour s'accorder. De fait, la jeune duchesse séduit des personnages aussi désabusés que Saint-Simon. Elle joue la comédie avec le Petit Dauphin dans le théâtre de Madame de Maintenon, qu'elle appelle affectueusement ma tante, et illumine la cour peuplée de personnages vieillis, sous la surveillance sévère de la favorite piquée de dévotion. Mais voilà qu'arrive le temps des malheurs. Le Grand Dauphin meurt le 14 avril 1711, faisant du duc de Bourgogne le dauphin en titre. L'hiver suivant, une épidémie de rougeole frappe la cour et emporte la duchesse Marie-Adélaïde de Bourgogne, bientôt suivie de son époux.

Les médecins s'activent désormais au chevet des princes héritiers, tous deux prénommés Louis, ducs de Bretagne et d'Anjou, prodiguant force saignées... Mais le dauphin Louis meurt à son tour. Son frère, le duc d'Anjou, devient à tout juste deux ans l'héritier en titre de son arrière-grand-père, le vieux Roi-Soleil ! Grâce aux bons soins de sa gouvernante, qui l'arrache aux soins de la faculté et l'amène à Vincennes, loin des miasmes de la cour, il pourra régner sous le nom de Louis XV.


Jonathan Swift    (1667 - 1745)

« Burn everything that comes from England except its coal » (en anglais)
« Brûlez tout ce qui vient d'Angleterre, hors le charbon » (traduction)
Source : Appel pour la consommation exclusive de produits irlandais

L'auteur célébrissime des Voyages de Gulliver (1720) est né à Dublin, en Irlande, dans une famille anglicane d'origine anglaise. Il ne tarde pas à souffrir des discriminations qui frappent les habitants de l'île, tant catholiques qu'anglicans. Il est l'un des premiers Irlandais à se révolter contre cet état de fait. C'est ainsi qu'il publie en 1720 un Appel pour la consommation exclusive de produits irlandais d'où est tiré l'ironique formule ci-dessus.

En 1729, trois ans après la publication de son chef d'oeuvre, Les voyages de Gulliver (à la fois conte d'enfant et satire de la société moderne), Swift récidive avec une Modeste proposition pour empêcher les enfants des pauvres d'être à la charge de leurs parents ou de leur pays et pour les rendre utiles au public. Dans ce pamphlet inspiré par la profonde misère qui sévit en Irlande, il propose rien moins que de rôtir et manger les enfants en surnombre : «Quand à notre ville de Dublin, on pourrait y aménager des abattoirs, dans les quartiers les plus appropriés, et qu'on en soit assuré, les bouchers ne manqueront pas, bien que je recommande d'acheter plutôt les nourrissons vivants et de les préparer "au sang" comme les cochons à rôtir»...


Voltaire    (1694 - 1778)

« Mon nom, je le commence, et vous finissez le vôtre ! »

De son vrai nom François Marie Arouet, Voltaire est le philosophe et l'écrivain le plus célèbre de l'époque de Louis XV. Fils de notaire, le futur philosophe effectue d'excellentes études classiques au collège de Clermont (aujourd'hui le lycée Louis-le-Grand), à Paris. Mais il abandonne ses études de droit pour le libertinage et l'écriture, mettant à profit son style littéraire et son insurpassable talent dans le persiflage. Une épigramme moquant les prétendues amours incestueuses du Régent lui vaut un premier séjour à la Bastille en 1717. En sortant, il adopte pour pseudonyme une anagramme approximative de son nom sous lequel il accèdera à l'immortalité. En 1726, au chevalier de Rohan-Chabot qui se moque de ce nouveau nom, Voltaire répond par les termes ci-dessus, ce qui lui vaut une bastonnade et un deuxième séjour à la Bastille...


Marie Leszczynska    (1703 - 1768)

« Eh quoi, toujours coucher, toujours grosse, toujours accoucher ! »

Fille de Stanislas Leszczynski, roi déchu de Pologne et duc de Lorraine, la princesse Marie a été élevée avec soin. Outre le polonais, elle maîtrise le français, l'allemand et le latin. Le rejet inopiné de l'alliance espagnole lui  vaut d'être fiancée à Louis XV malgré son absence de fortune... Le mariage est célébré le 4 septembre 1725. Louis XV, bel adolescent de 15 ans, épris de chasse et timide, se montre sincèrement amoureux de sa jolie épouse, de sept ans plus âgée, et dès le 14 août 1727, Marie accouche de deux jumelles. Louis XV reste pleinement fidèle à sa femme pendant sept ans... ce qui constitue une prouesse, considérant le milieu délétère de la Cour à cette époque. Il lui conserve de l'amour jusqu'à la naissance de leur dixième et dernier enfant, dans la dixième année de leur mariage... Mais la reine, dont la santé a été mise à mal par son dernier accouchement, doit temporairement se refuser à son époux sans oser lui avouer ses raisons. Louis XV s'offusque de ce refus et dès lors s'éloigne d'elle. La reine, épuisée par dix grossesses et lassée par les assiduités de son époux, s'accommode sans mal de cette séparation de fait... même si elle ne s'est jamais permise l'exclamation apocryphe ci-dessus ! Sept de ses enfants survécurent à leur naissance. Sur sept filles, quatre restèrent célibataires. Pour leur aménager des appartements, le roi a dû faire abattre dans son palais de Versailles un fameux escalier dit «des ambassadeurs». Dès 1732, le cardinal de Fleury a réussi à attacher le souverain à une première maîtresse, Louise-Julie de Nesles, comtesse de Mailly. Plus tard se succèderont maintes favorites, en particulier la marquise de Pompadour, qui soutint le parti des «philosophes» et le ministère Choiseul, et la Du Barry, qui fit tomber le même Choiseul.


Comte d' Anteroche    (1743)

« – Messieurs les Français, tirez les premiers
– A vous l'honneur ! »

Il existe de nombreuses versions de ce dialogue tenu au cours de la bataille de Fontenoy, dans le Hainaut belge, près de Tournai, le 11 mai 1745. Pendant la guerre de Succession d'Autriche, les Français, sous le commandement du maréchal Maurice de Saxe et en présence du roi Louis XV et du Dauphin (15 ans), rencontrent en ce lieu l'armée anglo-hollandaise commandée par le duc de Cumberland.

D'après le récit d'un témoin, le marquis de Valfons, les Anglais s'approchent à cent pas de la ligne française. Leurs officiers mettent le chapeau à la main et saluent les officiers des gardes françaises qui se découvrent à leur tour, dans une scène qui évoque irrésistiblement la « guerre en dentelles ». Ensuite, Charles Hay, capitaine des gardes anglaises, s'avance et, s'adressant au comte d'Anterroche, lieutenant des grenadiers : « Monsieur, faites tirer vos gens ». À quoi l'autre répond : « Non, Monsieur, nous ne commençons jamais ». Il s'agit d'une fausse politesse car le premier qui tire se trouve aussitôt démuni face à l'assaillant...

Après un dernier salut, les officiers rentrent dans leur rang et le feu anglais commence, meurtrier. C'est en définitive aux Français que reviendra la victoire, l'une des dernières en date de l'Ancien Régime. Occupant les Pays-Bas autrichiens (l'actuelle Belgique) puis Maastricht, dans les Provinces-Unies (les actuels Pays-Bas), les Français sont bientôt en mesure d'imposer le traité d'Aix-la-Chapelle.

Le soir de la bataille, comme le Dauphin manifeste une joie débordante à l'évocation des combats, son père l'admoneste avec une sagesse inaccoutumée : « Voyez tout le sang que coûte un triomphe. Le sang de nos ennemis est toujours le sang des hommes. La vraie gloire, c'est de l'épargner ». En récompense de ses exploits à Fontenoy, le maréchal de Saxe reçoit quelques mois plus tard, en cadeau du roi, le domaine de Chambord.

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