François Mitterrand (1916 - 1996)
« Il ne faut pas ajouter la guerre à la guerre »
Source : interview accordée au Point en 1993
L'attitude du président François Mitterrand et du gouvernement français face au génocide et aux crimes de guerre commis par Slobodan Milosevic est tout entière contenue dans cette phrase d'anthologie. Le maréchal Pétain l'eût volontiers prise à son compte quand il signa l'armistice de 1940 au prétexte d'épargner des souffrances inutiles à la population française.
« Les fusées sont à l'Est, les pacifistes à l'Ouest »
Extrait d'un discours prononcé le 20 janvier 1983 par François Mitterrand, président de la République française, devant les députés du Bundestag, à Bonn (capitale de l'Allemagne fédérale). L'enjeu est de taille : les Soviétiques installent dans les pays satellites d'Europe centrale des missiles nucléaires (les SS-20) pointés vers l'Europe occidentale. Face à cette menace, les Américains et leurs alliés de l'OTAN se proposent de répliquer en installer en Allemagne fédérale des missiles tout aussi puissants (les Pershing) orientés vers l'Europe communiste et l'URSS. Les pacifistes et gauchistes occidentaux se mobilisent contre ce projet au nom de l'aphorisme : «Plutôt rouges [communistes] que morts !». Par sa prise de position énergique devant les députés allemands, François Mitterrand a retourné l'opinion occidentale en faveur des Américains et contribué à la reculade soviétique, l'URSS se résignant à démanteler ses SS-20.
« Il faut laisser du temps au temps »
Comme on ne prête qu'aux riches, François Mitterrand se voit régulièrement attribuer la paternité de la formule ci-dessus, qu'il a effectivement employée.
Il s'agit en fait de la traduction d'un aphorisme espagnol assez courant : «Dar tiempo al tiempo».Il trouve son origine dans une Nouvelle exemplaire de Cervantès, La petite Gitane : «(...) ainsi donnera-t-on du temps au temps lequel souvent accorde une douce issue aux plus amères difficultés».
« Le seuil de tolérance [en matière d'immigration] a été atteint dès les années 1970. »
Source : interview accordée à Christine Okrent, Antenne 2, 1989
Le 10 décembre 1989, le président de la République François Mitterrand accorde une interview télévisée à la rédaction d'Europe 1 et d'Antenne 2 au cours de laquelle il se prononce sur le « seuil de tolérance » :
- [Question de Christine Ockrent] : Justement, Monsieur Mitterrand, est-ce que vous acceptez, comme une grande majorité de Français, cette notion qu'il y a en fait un seuil de tolérance ? Est-ce que c'est une notion que vous acceptez ?
- [François Mitterrand] : Ne me demandez pas mon avis sur le caractère moral, bien que j'aie quelque opinion, mais le seuil de tolérance a été atteint dès les années 1970 où il y avait déjà 4 100 000 à 4 200 000 cartes de séjour, comme à partir de 1982.
Le 12 janvier 1990, François Mitterrand revient sur l’emploi de l'expression « seuil de tolérance » à l'occasion d'une interview au journal Vendredi :
« J'ai parlé de "seuil de tolérance" parce que la question m'avait été posée. Mais un débat avec quatre journalistes va vite et ma réponse a été trop elliptique. "Le seuil de tolérance" est une notion trop vague pour n'être pas suspecte. J'ai simplement constaté en réalité le nombre d'immigrés en France disposant d'un titre de séjour et donc acceptés par les instances administratives était à peu près constant depuis quinze ans. (…) Le principe de mon action est simple. Les travailleurs étrangers reconnus par nos lois ont leur place, toute leur place parmi nous. Les autres, qui ne peuvent rester en France, doivent être traités conformément au droit des gens. »