Louis XIV (1638 - 1715)
« Ultima ratio regnum » (en )
« Le dernier argument des rois » (traduction)
Cette inscription latine était gravée sur les bouches de canon du Roi-soleil, Louis XIV, en concurrence avec d'autres devises comme la célèbre - et obscure - «Nec pluribus impar» (pas inégal à plusieurs). Introduite avec le symbole du soleil à l'occasion des grandes fêtes du carrousel des Tuileries, les 5 et 6 juin 1662, elle voulait traduire la place à part du roi de France parmi tous les souverains régnants.
Le règne de Louis XIV, le plus long de l'Histoire de France (1643-1715), marque à bien des égards l'apogée du pays. Le roi ne voit pas de limites à ses ambitions qui sont celles de la France. Il entreprend des guerres contre tous ses voisins (sauf la Suisse) : Angleterre, Pays-Bas, princes allemands, Savoie et princes italiens, Espagne, Autriche, Prusse, Barbaresques. Malgré des revers notables, l'ennemi ne réussira pas à pénétrer dans le «pré carré»remarquablement fortifié par Vauban.
« Messieurs, voici le roi d'Espagne ! »
À son lever, le 16 novembre 1700, le Roi-Soleil, âgé de 62 ans, présente de la sorte son petit-fils Philippe d'Anjou (17 ans) aux courtisans et aux diplomates massés dans la Galerie des glaces du château de Versailles : «Messieurs, voici le roi d'Espagne ! La naissance l'appelait à cette couronne, le feu roi aussi par son testament ; toute la nation l'a souhaité et me l'a demandé instamment, ce que je leur ai accordé avec plaisir, c'était l'ordre du Ciel».
Puis, se tournant vers son petit-fils, le duc d'Anjou : «Soyez bon Espagnol, c'est présentement votre premier devoir ; mais souvenez-vous que vous êtes né Français, pour entretenir l'union entre les deux nations ; c'est le moyen de les rendre heureuses et de conserver la paix en Europe».
Le jeune prince a été désigné pour le trône d'Espagne aux termes du testament du vieux roi Charles II qui a hésité longtemps entre l'archiduc Charles de Habsbourg, son cousin germain, et le jeune Bourbon issu d'une dynastie hostile depuis deux siècles.
Le Mercure Galant, dans sa relation de l'épisode, attribue à Rios la fameuse phrase: «Quelle joie Sire ! Il n'y a plus de Pyrénées !»
« Il arrive souvent qu'on veut obscurcir le mérite des bonnes actions en s'imaginant que le monde se gouverne de lui-même, par certaines révolutions fortuites et naturelles, qu'il était impossible d'éviter : opinion que les esprits du commun reçoivent sans peine parce qu'elle flatte leur peu de lumière et leur paresse, leur permettant d'appeler leurs fautes du nom de malheur et l'industrie d'autrui du nom de bonne fortune. »
Cette citation ci-dessus est extraite de l'essai de Jacques Bainville, Les conséquences politiques de la paix (1920). Elle illustre le bon sens du Roi-Soleil et sa confiance en l'action politique et individuelle...