Louis XIV (1638 - 1715)
« Il arrive souvent qu'on veut obscurcir le mérite des bonnes actions en s'imaginant que le monde se gouverne de lui-même, par certaines révolutions fortuites et naturelles, qu'il était impossible d'éviter : opinion que les esprits du commun reçoivent sans peine parce qu'elle flatte leur peu de lumière et leur paresse, leur permettant d'appeler leurs fautes du nom de malheur et l'industrie d'autrui du nom de bonne fortune. »
Cette citation ci-dessus est extraite de l'essai de Jacques Bainville, Les conséquences politiques de la paix (1920). Elle illustre le bon sens du Roi-Soleil et sa confiance en l'action politique et individuelle...
Jacques Chirac (1932 - 2019)
« Si vous ajoutez à cela le bruit et l'odeur, eh bien le travailleur français sur le palier devient fou. Et il faut le comprendre, si vous y étiez, vous auriez la même réaction. Et ce n'est pas être raciste que de dire cela. »
Source : Régis Guyotat, Le débat sur l'immigration Le maire de Paris : « Il y a overdose », Le Monde, 21 juin 1991
Le 19 juin 1991, lors d’un dîner-débat à Orléans, devant 1 300 militants et sympathisants RPR, le maire de Paris, Jacques Chirac, déclare :
« Notre problème, ce n'est pas les étrangers, c'est qu'il y a overdose. C'est peut-être vrai qu'il n'y a pas plus d'étrangers qu'avant la guerre, mais ce n'est pas les mêmes et ça fait une différence. Il est certain que d'avoir des Espagnols, des Polonais et des Portugais travaillant chez nous, ça pose moins de problèmes que d'avoir des musulmans et des Noirs. (…) Comment voulez-vous que le travailleur français qui habite à la Goutte d'or où je me promenais avec Alain Juppé il y a trois ou quatre jours, qui travaille avec sa femme et qui, ensemble, gagnent environ 15 000 francs, et qui voit sur le palier à côté de son HLM, entassée, une famille avec un père de famille, trois ou quatre épouses, et une vingtaine de gosses, et qui gagne 50 000 francs de prestations sociales, sans naturellement travailler ! Si vous ajoutez à cela le bruit et l'odeur, eh bien le travailleur français sur le palier devient fou. Et il faut le comprendre, si vous y étiez, vous auriez la même réaction. Et ce n'est pas être raciste que de dire cela. Nous n'avons plus les moyens d'honorer le regroupement familial, et il faut enfin ouvrir le grand débat qui s'impose dans notre pays, qui est un vrai débat moral, pour savoir s'il est naturel que les étrangers puissent bénéficier, au même titre que les Français, d'une solidarité nationale à laquelle ils ne participent pas puisqu'ils ne paient pas d'impôt ! (...) Il faut que ceux qui nous gouvernent prennent conscience qu'il y a un problème de l'immigration, et que si l'on ne le traite pas et, les socialistes étant ce qu'ils sont, ils ne le traiteront que sous la pression de l'opinion publique, les choses empireront au profit de ceux qui sont les plus extrémistes. »
Suite au tollé provoqué par son discours, Jacques Chirac affirme le lendemain que le FN n'a pas « le monopole de souligner les vrais problèmes », et qu'il a lui aussi le droit d'« exprimer tout haut ce que beaucoup pensent tout bas ».
François Mitterrand (1916 - 1996)
« Le seuil de tolérance [en matière d'immigration] a été atteint dès les années 1970. »
Source : interview accordée à Christine Okrent, Antenne 2, 1989
Le 10 décembre 1989, le président de la République François Mitterrand accorde une interview télévisée à la rédaction d'Europe 1 et d'Antenne 2 au cours de laquelle il se prononce sur le « seuil de tolérance » :
- [Question de Christine Ockrent] : Justement, Monsieur Mitterrand, est-ce que vous acceptez, comme une grande majorité de Français, cette notion qu'il y a en fait un seuil de tolérance ? Est-ce que c'est une notion que vous acceptez ?
- [François Mitterrand] : Ne me demandez pas mon avis sur le caractère moral, bien que j'aie quelque opinion, mais le seuil de tolérance a été atteint dès les années 1970 où il y avait déjà 4 100 000 à 4 200 000 cartes de séjour, comme à partir de 1982.
Le 12 janvier 1990, François Mitterrand revient sur l’emploi de l'expression « seuil de tolérance » à l'occasion d'une interview au journal Vendredi :
« J'ai parlé de "seuil de tolérance" parce que la question m'avait été posée. Mais un débat avec quatre journalistes va vite et ma réponse a été trop elliptique. "Le seuil de tolérance" est une notion trop vague pour n'être pas suspecte. J'ai simplement constaté en réalité le nombre d'immigrés en France disposant d'un titre de séjour et donc acceptés par les instances administratives était à peu près constant depuis quinze ans. (…) Le principe de mon action est simple. Les travailleurs étrangers reconnus par nos lois ont leur place, toute leur place parmi nous. Les autres, qui ne peuvent rester en France, doivent être traités conformément au droit des gens. »
Napoléon Bonaparte (1769 - 1821)
« Citoyens, la révolution est fixée aux principes qui l'ont commencée »
En présentant la Constitution qui consacre son pouvoir et installe le Consulat, le Premier Consul Napoléon Bonaparte déclare devant le Sénat, le 24 Frimaire An VII (15 décembre 1799) : « La Constitution est fondée sur les vrais principes du gouvernement représentatif, sur les droits sacrés de la propriété, de l'égalité, de la liberté. Les pouvoirs qu'elle institue sont stables et forts ». Et il conclut par les mots ci-dessus.
Ne nous méprenons pas sur leur sens. Ils signifient non pas que l'on tournerait le dos à la Révolution mais au contraire que la Révolution a achevé son oeuvre et que l'on peut désormais s'appuyer sur celle-ci pour construire l'avenir.
Pétri de culture classique, Napoléon Bonaparte a toujours eu un sens aigu de la continuité de l'Histoire. On lui prête ainsi cette formule que tout dirigeant de la France devrait avoir en permanence au cœur : « De Clovis jusqu’au Comité de salut public, je me sens solidaire de tout ».
Charles de Gaulle (1890 - 1970)
« La véritable école du commandement est celle de la culture générale. »
Source : Vers l'Armée de métier, dernier chapitre (Commandement)
« La véritable école du commandement est celle de la culture générale. Par elle, la pensée est mise à même de s'exercer avec ordre, de discerner dans les choses l'essentiel de l'accessoire, (...) de s'élever à ce degré où les ensembles apparaissent sans préjudice des nuances. Pas un illustre capitaine qui n'eût le goût et le sentiment du patrimoine et de l'esprit humain. Au fond des victoires d'Alexandre, on retrouve toujours Aristote... ».
Il serait bon que nos ministres, nos inspecteurs d'académie et nos directeurs d'écoles et d'université réfléchissent à ce propos de Charles de Gaulle, alors colonel d'état-major. Ils comprendraient combien il est important d'assurer aux écoliers la maîtrise et le goût de la lecture afin qu'ils puissent engranger des connaissances et une bonne capacité de réflexion tout au long de leurs vingt années de formation initiale.
Alexis de Tocqueville (1805 - 1859)
« Quand l'inégalité est la loi commune d'une société, les plus fortes inégalités ne frappent point l'œil ; quand tout est à peu près de niveau, les moindres le blessent. C'est pour cela que le désir de l'égalité devient toujours plus insatiable a mesure que l'égalité est plus grande. »
Source : De la démocratie en Amérique (tome 3, édition de 1840)
Dans le droit fil de l'observation ci-dessus, le penseur Alexis de Tocqueville montrera dans L'Ancien Régime et la Révolution (1856) que les droits féodaux étaient devenus en 1789 d'autant plus insupportables aux Français qu'ils avaient déjà pour l'essentiel disparus ! Au contraire, dans des pays comme la Hongrie ou la Russie, ils étaient encore très vivants mais parfaitement acceptés car ils étaient considérés comme faisant partie de la nature des choses.
Cette observation, dite « paradoxe de Tocqueville », peut s'appliquer à quantité de phénomènes sociaux, politiques ou moraux (harcèlement sexuel, violences à l'égard des femmes, homophobie, intolérance religieuse etc.). Ces phénomènes sont d'autant plus réprouvés qu'ils sont marginaux. Ainsi, c'est en Suède plus qu'au Mexique que les femmes se plaignent d'être battues et en France plus qu'en Algérie que le racisme anti-noir est dénoncé...