XVIe-XXIe siècles

De la Nouvelle-France au Québec

La Nouvelle-France doit son nom à l'explorateur Verrazano qui a découvert la région en 1524. Dix ans plus tard, Jacques Cartier entame une série de trois expéditions qui lui permet de reconnaître la région et d'en prendre possession au nom du roi François Ier. Il donne au fleuve qui le traverse le nom de Saint-Laurent et au pays le nom de Canada, d'après le mot indien qui désigne un village.

Colonisée au siècle suivant à l'initiative de Samuel de Champlain, la Nouvelle-France reçoit cependant trop peu de colons pour résister à la pression anglaise. Elle est cédée à l'Angleterre par le traité de Paris en 1763.

Londres réorganise sa colonie par l'Acte constitutionnel de 1791 qui distingue un Bas-Canada francophone et un Haut-Canada anglophone. Mais il faudra attendre l'Acte de l'Amérique du nord britannique de 1867 et l'émergence de la Fédération canadienne - autonome puis indépendante -, pour que les francophones obtiennent enfin la plénitude de leurs droits au sein de la Province de Québec.

André Larané
Un projet fragile

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Établissements français et anglais en Amérique du Nord en 1713 (source : Atlas Historica)
« La Nouvelle France appelée vulgairement Canada » [vulgairement signifie ici communément] : ainsi sont désignées sur les papiers officiels de l'Ancien régime les colonies françaises d'Amérique du Nord. Au XVIIe siècle, ces colonies s’étendent de la forêt boréale au cercle arctique, sur un territoire immense qui va de l'île de Terre-Neuve à l'Est à la baie d’Hudson au Nord, aux montagnes Rocheuses à l’Ouest et au golfe du Mexique au Sud.

Elles forment quatre entités qui vont s'effilocher dès le début du siècle suivant :
• le Canada proprement dit englobe la vallée du Saint-Laurent et la région des Grands Lacs, les Pays d'en Haut ; ses habitants francophones se dénomment eux-mêmes Canadiens ; leurs descendants forment les 4/5e de la population de l'actuellle Province de Québec (8,7 millions d'habitants en 2022).
• au sud de l'estuaire, l'Acadie est une colonie à part ; cédée à l'Angleterre par le traité d'Utrecht en 1713, elle constitue aujourd'hui la province bilingue du Nouveau-Brunswick ainsi que les provinces insulaires anglophones de Nouvelle-Écosse et de l'Île-du-Prince-Édouard,
• l'île de Terre-Neuve a été découverte par Jean Cabot ; ses eaux riches en bancs de morues ont nourri les Européens aux Temps modernes ; cédée à l'Angleterre par le traité d'Utrecht (à l'exception des ilôts de Saint-Pierre-et-Miquelon), l'île est devenue un dominion autonome en 1869 ; elle s'est résignée à entrer dans la Fédération canadienne avec le nord-est du Labrador en 1949,
• la vallée du Mississippi, baptisée Louisiane par son découvreur Cavelier de la Salle en 1682 ; elle appartient aujourd'hui aux États-Unis.

Une colonie mal aimée

Au XVIe siècle, l'absence d'or et de diamants ainsi que l'impossibilité de cultures spéculatives détournent le roi de la Nouvelle-France. Il n'y a guère que quelques aventuriers pour se hasarder à faire le commerce des fourrures avec les Indiens du cru.

L'exploration est reprise sous les règnes d'Henri IV et de Louis XIII par un hardi aventurier, Samuel de Champlain, lequel traversera 21 fois l'Atlantique ! Champlain fonde la ville de Québec. Il mérite amplement le surnom de « Père de la Nouvelle-France ».

En 1627, la Nouvelle-France est concédée par Richelieu à une société par actions : la Compagnie des Cent-Associés. Il lui accorde le monopole du commerce de la fourrure et l'administration du territoire, à charge pour elle d'y amener au moins deux cents colons par an.

Mais la colonisation marque le pas. Pour ne rien arranger, les Anglais occupent brièvement Québec en 1629-1632, prétextant de l'antériorité de la découverte, et les Hurons, fidèles alliés des Canadiens français, sont quinze ans plus tard battus par les Iroquois. Ces derniers, que les Hollandais ont obligeamment équipés de fusils, multiplient les coups de main contre les établissements français. Pour les assagir, le roi dépêche outre-Atlantique le régiment de Carignan-Salières (1200 hommes).

En 1663, on ne compte encore que 2500 colons au Canada. Ils descendent en grande majorité d'un groupe de mille deux cents paysans et artisans des environs de Mortagne-au-Perche, un pays de bocage situé entre la Normandie et l'Île-de-France ! En l'absence de nouvelle vague migratoire, c'est sur leur généreuse fécondité - au moins jusqu'au milieu du XXe siècle - que va reposer le peuplement de la Nouvelle-France. La plupart des habitants francophones du Canada en sont les descendants directs.

À la demande des élites locales, Colbert, ministre de Louis XIV, dissout la compagnie et réorganise la colonie sur le modèle d'une province française, avec un gouverneur général qui représente le roi et dirige les affaires militaires ainsi qu'un intendant, qui a en pratique le rôle le plus important car il dirige la justice, l'intérieur et même les finances publiques.

Jean Talon, premier intendant de la Nouvelle-France (Claude François dit Frère Luc, 1671, monastère des augustines de l'Hôtel-Dieu de Québec)L'Église catholique occupe une situation centrale dans la vie de la colonie, à travers l'évêché, établi à Québec en 1674, mais aussi les nombreux établissements monastiques et le séminaire de Saint-Sulpice à Montréal.

Le monopole du commerce est concédé à une Compagnie des Indes occidentales. Quant aux terres, elles sont attribuées à des nobles français à charge pour eux de les peupler, avec le droit de prélever des droits seigneuriaux (cens, mainmorte...) sur leurs paysans !

Last but not least, le gouvernement permet à 400 soldats du régiment Carignan de s'établir sur place. Il finance aussi la venue de femmes célibataires, les Filles du Roy, pour corriger le déséquilibre des sexes.

Sous l'impulsion du premier intendant, Jean Talon, la Nouvelle-France, en panne depuis les désillusions de Jacques Cartier, connaît un rapide développement économique, fondé sur l'agriculture mais aussi la pêche à la morue autour de Terre-Neuve et surtout la pelleterie (commerce des peaux).

La Nouvelle-France vue par Questions d'Histoire

Premier essor

Les paysans, au nombre de quelques milliers, se cantonnent sur les berges du Saint-Laurent, qu'ils défrichent et mettent en culture sous la tutelle de leurs curés et de leurs seigneurs.

Des aventuriers s'enfoncent par ailleurs dans les forêts. Ces trappeurs entretiennent des contacts avec les Indiens, en particulier les Algonquins nomades. Ils leur achètent des fourrures, essentiellement de castors. C'est « l'or de la Nouvelle-France », un sous-produit que méprisent les Indiens mais qu'apprécient au plus haut point les élégants et élégantes de Paris.

En échange de ces fourrures, les trappeurs fournissent de la quincaillerie en cuivre ou en fer dont les Indiens tirent de précieux outils, ainsi que des fusils, qui remplacent avec profit les arcs traditionnels, et des perles de verre, très prisées car elles se substituent à la monnaie traditionnelle à base de coquillages marins.

Les relations entre Français et Indiens, fondées sur l'échange économique, débouchent parfois sur des unions. Ainsi naît une population métisse très habile au commerce des fourrures (note). Rien à voir avec les pratiques des colonies anglaises voisines : les Européens de ces colonies, beaucoup plus nombreux, se vouent avant toute chose à la mise en culture des terres et n'attendent rien des Indiens, sinon qu'ils leur cèdent des territoires, le plus souvent par la transaction à l'amiable, parfois par la guerre.

Le Conseil souverain, avec le gouverneur, l'évêque et l'intendant (Charles Huot, XIXe siècle, hôtel du Parlement, Québec)

Frontenac, un gouverneur de mérite

En 1672 arrive à Québec un nouveau gouverneur, Louis de Buade, comte de Frontenac (50 ans). Celui-ci se prend immédiatement de passion pour la Nouvelle-France et ambitionne d'en faire un véritable empire. Sans attendre, il réunit des états généraux de la Province, ce qui n'a pas l'heur de plaire au Roi-Soleil et à son ministre Colbert. Qu'à cela ne tienne, il ne va avoir de cesse de développer l'activité de la Province autour des trois centres principaux : Québec, Trois-Rivières et Montréal.
À son initiative, Louis Jolliet et le père Jacques Marquette découvrent l'existence du Mississippi. Frontenac noue aussi une alliance avec les Cinq-Nations iroquoises et envoie au-devant d'elles René-Robert Cavelier de la Salle. Il va construire le fort Frontenac (aujourd'hui Kingston) sur le lac Ontario et, dix ans plus tard, descendra le Mississippi et baptisera la Louisiane.
Rappelé en France en 1682 suite aux manigances d'un courtisan, Frontenac retrouve ses fonctions et sa chère province en 1689, alors que la France et l'Angleterre s'affrontent dans le cadre de la guerre de la Ligue d'Augsbourg. Jusqu'à sa mort à Québec, le 28 novembre 1698, le gouverneur va repousser tant les attaques des Anglais que des Iroquois, repassés de leur côté. Il s'empare même des postes anglais de la baie d'Hudson et de Terre-Neuve. Château Frontenac, un célèbre hôtel de luxe de la fin du XIXe siècle, en style néogothique, cultive son souvenir. 

Rivalité franco-anglaise

Tandis que 70 à 80% du commerce de la Nouvelle-France est orienté vers la métropole, les colonies anglaises commercent entre elles à 80%, preuve de leur dynamisme propre.

Les Anglais ne restent pas indifférents aux fourrures du grand Nord. En vue d'en faire commerce eux-mêmes, ils créent dès 1670, à Londres, la Compagnie des aventuriers d'Angleterre, plus connue sous le nom de Compagnie de la baie d'Hudson (cette grande baie se situe au nord-ouest de la Nouvelle-France).

Dans cette conjoncture défavorable à la France, l'Amérique du nord est atteinte par la rivalité entre Français et Anglais, les uns et les autres souhaitant s'approprier le commerce des fourrures mais aussi se réserver la colonisation des grandes étendues à l'ouest du continent.

Chacun cherche l'alliance avec les Indiens. Après la paix de Ryswick (1697), le gouverneur Callière, qui a succédé à Frontenac, conclut avec les Iroquois la Grande Paix de 1701. Cette alliance va durer jusqu'au milieu du XVIIIe siècle. Ensuite, les Iroquois, prenant acte de la supériorité démographique des Anglais, vont rentrer peu à peu dans leur orbite.

L'analyse des Indiens s'est révélée pertinente. Par le traité d'Utrecht qui met fin en 1713 à la guerre de la Succession d'Espagne, le vieux roi Louis XIV cède aux Anglais ses colonies de Terre-Neuve et d'Acadie ainsi que le territoire de la baie d'Hudson pour avoir les mains libres sur le Vieux Continent.

Il suffit de jeter un oeil sur la carte ci-dessus pour mesurer la portée de ce renoncement : les populations franco-canadiennes et catholiques de la vallée du Saint-Laurent se voient déjà encerclées par des territoires britanniques, avec un débouché très étroit sur l'océan ! Leur sort est scellé cinquante ans avant le traité de Paris qui les livrera officiellement à la Couronne britannique, d'autant que, dès la mort du Roi-Soleil, les Français vont se détourner du Canada et ne plus s'intéresser qu'à la Louisiane et aux îles à sucre.

La Grande Paix de Montréal (1701)

La guerre de Sept Ans

Au cours du XVIIIe siècle, la Nouvelle-France se développe à vitesse lente, sans apport migratoire, forte seulement de la fécondité de ses habitantes, au contraire des colonies anglaises voisines. La rivalité franco-anglaise culmine avec la guerre de Sept Ans (1756-1763), que les Anglais dénomment French and Indian War (la « guerre contre les Français et les Indiens ») et les Québécois « guerre de la Conquête ». C'est le principal conflit du XVIIIe siècle et à certains égards la première guerre mondiale.

Les hostilités débutent dans les territoires encore vierges du bassin du Mississipi deux ans avant la déclaration de guerre officielle. La mort d'un officier français à Fort-Duquesne, le 28 mai 1754, entraîne riposte et contre-riposte. Au final, faute de l'emporter sur terre, Londres ordonne la saisie de 300 navires de commerce français partout dans le monde... et, par mesure de précaution, ordonne la déportation des Acadiens francophones de sa colonie de Nouvelle-Écosse.

La guerre générale devient dès lors inéluctable. Cette guerre va se dérouler sur tous les continents. Les Anglais, qui tirent de plus en plus de ressources du commerce avec leurs établissements d'outre-mer, vont en effet faire en sorte d'éliminer leurs concurrents français d'Amérique du Nord et des Indes.

En Amérique du nord, au début des hostilités, les Français compensent leur infériorité numérique en pratiquant la « petite guerre » à l'image de leurs alliés indiens : ils lancent des attaques brèves, limitées et inopinées de façon à décontenancer l'adversaire. Mais cette guérilla s'épuise face à des effectifs ennemis sans cesse croissants.

Le marquis de Montcalm, tout juste débarqué de France, prend le commandement des opérations mais il ne dispose que de 6 800 soldats. Les Anglo-Américains en viennent à aligner quant à eux 40 000 hommes dont 23 000 soldats de métier et le reste de miliciens. Ils lancent trois attaques contre la Nouvelle-France : l'une à l'ouest, dirigée contre Fort-Duquesne, l'autre au centre vers Montréal, la troisième à l'est vers la forteresse de Louisbourg et Québec. Montcalm repousse les 15 000 soldats qui se dirigent vers Montréal. Mais il ne peut empêcher la chute de Fort-Duquesne, rebaptisé Pittsburgh en l'honneur du Premier ministre anglais, ni celle de Louisbourg, contrainte à la reddition le 26 juillet suivant par le major général Wolfe.

L'année suivante, dans la nuit du 12 au 13 septembre 1759, ce dernier occupe avec 4 800 hommes les plaines d'Abraham, une prairie qui longe les fortifications de Québec. Montcalm accourt sans attendre les renforts. L'affrontement se déroule « à l'européenne », prenant de court les Canadiens et les miliciens français, fauchés par une salve de fusils. Montcalm est mortellement blessé (de même que son adversaire) et les Anglais entrent peu après dans la ville de Québec. Un an plus tard, c'est au tour de Montréal de se rendre.

Difficile compromis

Cédé à l'Angleterre par le traité de Paris, le Canada français est réduit à la vallée du Saint-Laurent et rebaptisé « Province of Quebec ». La région des Grands Lacs est restituée aux Indiens pour faire droit à la revendication des Algonquins fédérés par le chef Pontiac.

La Nouvelle-France voit son identité compromise par la poussée anglophone. Elle va être sauvée paradoxalement par l'insurrection des Treize Colonies anglaises. Pour y faire face, le roi d'Angleterre choisit de s'appuyer sur les élites québécoises, plus dociles que leurs homologues anglophones des Treize Colonies.

Par l'Acte de Québec de 1774, il quadruple le territoire de la province, garantit les droits et l'autonomie de l'Église catholique, reconnaît le régime seigneurial et le droit civil hérités de l'ancien régime français. Mais l'indépendance des États-Unis et l'afflux au Canada de dizaines de milliers de colons loyalistes anglophones change une nouvelle fois la donne. L'Acte constitutionnel du 10 juin 1791 fait une place aux nouveaux-venus en créant, en lieu et place de la Province of Quebec, une colonie du Bas-Canada à majorité francophone et une colonie du Haut-Canada à majorité anglophone.

Échec de la rébellion patriote

Au début du XIXe siècle, en concomitance avec la flambée des nationalismes (indépendance de la Belgique, de la Grèce, des colonies sud-américaines...), certains Québécois commencent à songer à une émancipation politique de leur province. Parmi eux Louis-Joseph Papineau, qui fonde le parti Patriote. Empêchés de s'exprimer au Parlement de Québec où ils se heurtent à l'opposition des Loyaux, partisans du statu quo, les Patriotes en viennent à se soulever en 1837 et 1838.

La répression est féroce. Douze d'entre eux sont pendus devant la prison Au-pied-du-courant, à Montréal, sur ordre du gouverneur John Colborne, surnommé le « Vieux brûlot » parce qu’en plus de faire tomber des têtes, il brûlait les villages. La rue de la prison porte aujourd'hui le nom de Thomas Chevalier de Lorimier, le plus connu des condamnés, pendu le 15 février 1839 avec trois de ses compagnons d’armes.

Londres, en vue de prévenir une nouvelle rébellion, décide le 23 juillet 1840, par un Acte d'Union, de réunir le Haut et le Bas-Canada en une seule colonie, simplement appelée Canada, avec l'espoir sous-jacent que les francophones seront à terme noyés au milieu des anglophones.

L'échec des Patriotes amène la bourgeoisie francophone à se replier sur des positions conservatrices. Louis-Hippolyte La Fontaine, de concert avec le réformateur anglophone Robert Baldwin, arrache à Londres une pleine autonomie de la colonie.

Heurs et malheurs d'une nation multiculturelle

Le 1er juillet 1867, enfin, naît le Canada sous sa forme actuelle. Ce jour-là, la reine Victoria signe l'Acte de l'Amérique du nord britannique par lequel est créée la Confédération canadienne. Les deux anciennes provinces canadiennes du Haut et du Bas-Canada réapparaissent sous la dénomination respective d'Ontario et de Québec (à ne pas confondre avec la ville fondée par Samuel de Champlain). Elles sont par ailleurs réunies à deux autres colonies britanniques : le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse. L'ensemble est représenté par un Parlement fédéral à Ottawa. En souvenir de cet événement majeur, le 1er juillet est devenu fête nationale du Canada.

« Mon pays c'est l'hiver » (Gilles Vigneault)

La Province de Québec, ultime avatar de la Nouvelle-France, est aujourd'hui l'une des dix provinces du Canada, avec environ huit millions d'habitants sur 1,6 million de km2 (trois fois la superficie de la France). La plus grande partie de sa population vit sur les bords du Saint-Laurent et la moitié autour de Montréal, une métropole vivante et cosmopolite, avec une importante minorité anglophone.
Surnommé « La Belle Province » par ses habitants un tantinet chauvins, le Québec se signale par une Nature omniprésente et très diverse, avec un climat continental prononcé : étés courts et chauds, hivers longs et très froids comme le chante Gilles Vigneault.

De 1936 à 1959, le gouvernement du Québec est assuré presque sans interruption par le chef du parti de l'Union nationale, Maurice Duplessis. Conservateur, il renforce l'autorité de l'Église et s'en prend aux mouvements syndicaux comme aux partis suspects de collusion avec les communistes. Il dote la province du drapeau fleurdelisé. Il encourage aussi les investissements étrangers, ce qui permet à la province de s'industrialiser à grandes enjambées.

À cette période, qualifiée de « grande noirceur » par l'opposition libérale, succède une révolution tranquille illustrée par la grande Exposition universelle de Montréal (1967) mais troublée par la montée des souverainistes du parti Québécois de René Lévesque, partisans de l'indépendance de la province. La « Crise d'octobre », en 1970, porte à son comble la crise politique.

L'accession de René Lévesque au poste de Premier ministre (1976) et l'échec du premier référendum sur l'indépendance (1980) entraînent un recul des souverainistes.

Avec l'effondrement de la fécondité et l'arrivée en masse d'immigrés de tous pays, la Province du Québec est en train d'effectuer une mue sans précédent et il est à craindre que son particularisme linguistique et son identité attachante, à mi-chemin de l'Europe et de l'Amérique anglo-saxonne, ne survivent pas au XXIe siècle. Le français n'est plus guère pratiqué que par la moitié des habitants de Montréal. Hors du Québec et du Nouveau-Brunswick, dans le reste du Canada, il est proprement ignoré et même méprisé, y compris de la plupart des fonctionnaires fédéraux. 

Le Québec, un tête-à-queue sans précédent en matière démographique

Les cinq ou six millions de Québécois actuels descendent pour l'essentiel de 3380 pionniers établis sur les bords du Saint-Laurent avant 1680 (cf Naissance d'une population. Les Français établis au Canada au XVIIe siècle, INED-PUD, 1987). Ils venaient pour l'essentiel de Normandie et 1 200 d'entre eux étaient originaires de la région de Mortagne-au-Perche. C'était des paysans normands bien formés aux travaux de la terre. Bénéficiant dans leur patrie d'adoption de ressources abondantes, ils surent les faire fructifier et furent en mesure de nourrir des familles très nombreuses. Génération après génération, ils ont eu six à sept enfants en moyenne jusqu'au XIXe siècle (autant que les Nigériens actuels).
Brusquement, dans les années 1960, ces mêmes Québécois(es) se détournèrent des maternités. Leur indice conjoncturel de fécondité (dico) s'établit aujourd'hui à peine au-dessus d'un enfant par femme, ce qui signifie une division du nombre de naissances par près de deux à chaque génération (tous les trente ans environ). Les descendants des courageux colons de Nouvelle-France pourraient quasiment disparaître à la fin du présent siècle.
Ainsi que le note le démographe Gérard-François Dumont, la population francophone du Québec a été indifférente à une éventuelle indépendance aussi longtemps que sa forte natalité lui permettait de garder son rang au sein de la fédération canadienne. L'inquiétude s'est fait jour dans les années 1960 lorsque l'effondrement brutal de la fécondité des Québécoises a entraîné une diminution de la proportion de francophones dans la « Belle Province ». L'essor du mouvement indépendantiste et la floraison de lois restrictives sur l'emploi de l'anglais sont la conséquence de cette inquiétude.


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Histoire du Canada
Publié ou mis à jour le : 2023-01-16 14:01:04
Ginchereau, Normande (28-09-2022 13:31:27)

Je viens de lire quelques pages et c'est une invitation à se procurer ce livre d'un érudit. GRAND MERCI

claudeperche (25-09-2017 16:44:02)

Je viens de lire avec un grand intérêt votre page "de la Nouvelle France au Québec" qui a bien enrichi ce que je connais déjà. Une future page écrite avec la même compétence sur l'arrivée prÃ... Lire la suite

Lynn (03-07-2017 04:01:22)

Vous avez oubliez les Acadiens qui sont arrivés en Acadie en 1604 et la déportation violente et cruelle en 1755 où à peu près 12 000 familles se sont fait séparées - père de son épouse et des... Lire la suite

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