Marie, marquise de Sévigné (1626 - 1696)
« Racine passera comme le café ! »
Cette prédiction hasardeuse est faussement attribuée à Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné. De notoriété publique, l'illustre épistolière n'appréciait guère son contemporain, le poète Jean Racine, et sans doute ne goûtait-elle pas davantage le café, boisson originaire du Yémen et introduite à la même époque à Paris.
Notons que la marquise avait eu le goût plus sûr en ce qui concerne le chocolat, découvert au Mexique par Christophe Colomb et introduit en France par Anne d'Autriche, la mère du roi Louis XIV. Il se consommait sous la forme d'une boisson épaisse (comme aujourd'hui encore en Espagne) : «J'ai voulu me raccommoder avec le chocolat ; j'en ai pris avant-hier pour digérer mon dîner, afin de bien souper, et j'en ai pris hier pour me nourrir, afin de jeûner jusqu'à ce soir. Il m'a fait tous les effets que je voulais, voilà de quoi je le trouve plaisant, c'est qu'il agit selon l'intention», écrit-elle à son propos.
La marquise de Sévigné fut veuve en 1651, à l'âge de 25 ans ! Elle semble avoir mené ensuite une vie très convenable malgré les insinuations de son propre cousin Roger de Rabutin, dit Bussy-Rabutin, dans son Histoire amoureuse des Gaules. Sa fille épousa le comte de Grignan, que la charge de lieutenant-général retenait en Provence. La marquise y fit de longs séjours très agréables et, dans l'intervalle, de 1671 à 1696, écrivit à sa fille quelques 1500 lettres qui relatent par le menu les événements du royaume et les rumeurs de la cour dans un style vif et élégant. L'auteur disait «laisser trotter sa plume la bride sur le cou».