Hymnes nationaux

L’Histoire en chantant

 

C'est au XIXe siècle, au cœur des événements qui conduisent à l’indépendance ou à l’unification d’États, que vont naître la plupart des hymnes nationaux européens.

Un comédien français invente l’hymne belge

Pierre-Louis Delaval, Louis-Alexandre Hippolyte dit Jenneval, 1821. Agrandissement : Antoine Van Hammée, Van Campenhout chante La Brabançonne, 1880, musée de la ville de Bruxelles.La Belgique ouvre le bal ! En septembre 1830, en pleine révolte des Bruxellois contre le roi des Pays-Bas, alors que la ville se couvre de barricades, un comédien français de 29 ans, Louis-Alexandre Hippolyte, de son nom de scène Jenneval, prend part à l’insurrection.

Un soir, au café de L'Aigle d'or, il déclame un texte qu'il a lui-même écrit à la gloire de la liberté et de la révolution. La Brabançonne, ainsi nommée en l'honneur de la province de Bruxelles, le Brabant, est née.

Pour le mettre en musique, Jenneval fait appel à son ami le compositeur François van Campenhout. Le 12 septembre 1830, le chant est interprété au théâtre Royal par un ténor de renom, Lafeuillade. Dans la salle, c'est la quasi-émeute. Le public reprend en chœur la Brabançonne qui devient le chant de ralliement des indépendantistes puis l’hymne belge. À noter qu’en 1860, le premier ministre Charles Rogier réécrira lui-même le texte original, expurgeant les vers trop hostiles aux Néerlandais.

Le controversé Deutschlandlied

Inconnue des non-germanophones, la petite île d’Heligoland, située en mer du Nord et peuplée d’à peine un millier d’âmes, est à l’origine de l’hymne allemand.

Carl Georg Christian Schumacher, August Heinrich Hoffmann von Fallersleben, 1819, Berlin, Alte Nationalgalerie.En 1841, alors qu'il suit une cure sur ce minuscule archipel, alors possession britannique, le poète Hoffmann von Fallersleben écrit des vers appelant à l'unité allemande, sur un air de Joseph Haydn, composé un demi-siècle plus tôt pour l’anniversaire de l’empereur François II.

Ce Chant des Allemands exhorte les États de la Confédération germanique à mettre leurs querelles de côté au nom de l’unification et débute par la formule : « Deutschland über alles » (l’Allemagne au-dessus de tout). Mal vu du pouvoir qui le juge républicain et subversif, le chant n’en gagne pas moins une popularité croissante dans toute la confédération.

En 1890, l’Allemagne désormais unifiée signe avec le Royaume-Uni un traité par lequel le Reich se voit céder l’île d’Heligoland en échange de quelques possessions en Afrique de l'Est. Lors des cérémonies de transfert de l’archipel, le Chant des Allemands est interprété par les autorités, en souvenir du lieu où il avait été écrit, cinquante ans plus tôt.

Carl Frederik Sørensen, Paysage côtier et petit village de pêcheurs sur Heligoland, 1849. Agrandissement : les soldats allemands font la fête devant l'ancienne caserne anglaise. En civil, le consul Johann Gottlob Bufe, propriétaire de la brasserie Helgoland (1891).

Devenu l’hymne officieux du Reich, le chant est choisi en 1922 comme hymne officiel de la république de Weimar et sera conservé par le régime nazi qui donnera à l’expression « Deutschland über alles » un sens pangermaniste.

La défaite de 1945 entraîne l’abandon de l’hymne, remplacé dans les cérémonies protocolaires par le consensuel Ode à la joie de Beethoven. En 1952, Konrad Adenauer propose, contre l’avis du président Theodor Heuss et d’une partie de la classe politique, d'adopter à nouveau Le Chant des Allemands.

Soutenu par l'opinion publique allemande, le chancelier obtient gain de cause. Les deux premiers couplets, trop chargés d’histoire, sont toutefois supprimés. N’est donc conservé que le troisième couplet, parlant d'unité, de droit et de liberté. Il deviendra en 1990 l’hymne officiel de l’Allemagne réunifiée.

Frateli d'Italia, la Marseillaise italienne

L’histoire de l’hymne italien, Frateli d'Italia (Frères d'Italie) ressemble à celle de la Marseillaise. Son texte est écrit en 1847, en plein Risorgimento, par un jeune poète, Goffredo Mameli, au cours d’une réception dans la maison du consul américain à Gênes. Mameli présente son poème à un ami compositeur, Michele Novaro, qui, enthousiaste, le met aussitôt en musique.

Domenico Induno, Goffredo Mameli, vers 1849, Gênes, musée du Risorgimento et Institut Mazzini. Agrandissement : Portrait de Michele Novaro.Interprété pour la première fois à Turin, Frateli d'Italia se diffuse dans toute la péninsule comme chant de ralliement des patriotes italiens, en lutte pour l’indépendance et l’unification. Loin de s’en tenir à un engagement artistique, Mameli participe activement à la défense de Rome contre les troupes françaises et perdra même la vie durant les affrontements.

À la proclamation du royaume d’Italie en 1861, ce n’est pourtant pas Frateli d'Italia qui est choisi comme hymne national mais la Marche royale d'ordonnance, hymne de la maison de Savoie. Ce n’est qu’après la chute du régime fasciste et la naissance de la République italienne en 1946 que l’œuvre de Mameli, demeurée durant près d’un siècle dans le cœur des Italiens, deviendra l’hymne officiel du pays.

L’Internationale : l’hymne du mouvement ouvrier

Écrit durant la Commune de Paris, le texte de l’Internationale est resté plus de quinze ans dans l’anonymat le plus complet. Son auteur, le poète Eugène Pottier, condamné à mort pour sa participation à l’insurrection parisienne, est contraint de se réfugier à l’étranger et meurt dans la misère en Angleterre en 1887.
La même année son œuvre est publiée et la section lilloise du Parti ouvrier découvre le poème. Gustave Delory, le maire socialiste de Lille, demande à un ouvrier et compositeur, Pierre Degeyter, de mettre le poème en musique L’Internationale. Présenté en juin 1888 par la Lyre des travailleurs, le chant s’imposera comme l’hymne du mouvement ouvrier, chanté lors des Internationales ouvrières. Et c’est presque naturellement que l’URSS choisira de l’adopter comme hymne à sa naissance en 1922.

L’hymne portugais naît d’un conflit avec l’Angleterre

Après la Conférence de Berlin, alors que les puissances européennes entament la colonisation de l’intérieur du continent africain, le royaume du Portugal ambitionne de mettre la main sur les territoires séparant ses possessions d'Angola et du Mozambique. Ce projet vient contrecarrer celui des Britanniques qui cherchent à établir un vaste couloir colonial nord-sud, reliant Le Caire au Cap et revendiquent eux aussi cet espace.

Columbano Bordalo Pinheiro, Portrait de Henrique Lopes de Mendonça, XIXe siècle, Lisbonne, musée de la Présidence de la République. Agrandissement : Félix da Costa, Portrait d'Alfredo Keil, 1909, Lisbonne, musée de la Présidence de la République.Le 11 janvier 1890, Londres adresse un ultimatum à Lisbonne exigeant le retrait des troupes portugaises des territoires des actuels Zambie et Zimbabwe. Pour montrer que ce n’est pas une menace en l’air, un navire de guerre anglais entre en rade de Lisbonne, contraignant le roi Charles Ier et son gouvernement à céder.

Dans la capitale portugaise, la rue manifeste sa colère non seulement contre l’Angleterre, pourtant un des plus anciens alliés du royaume, mais aussi contre la monarchie, accusée de trahir les intérêts nationaux.

Le poète Henrique Lopes de Mendonça et le musicien Alfredo Keil traduisent la rage du peuple en écrivant une chanson patriotique : A Portuguesa (La Portugaise). Celle-ci sera choisie comme hymne national après le renversement du roi Manuel II et la proclamation de la république portugaise en 1910.

L’hymne devient un symbole national

À la fin du XIXe siècle, presque tous les États indépendants d’Europe et du continent américain ont adopté, au moins par l’usage, un hymne spécifique. À noter qu’en Amérique du Sud, la plupart des hymnes ont été composés par des Européens, en premier lieu des Italiens qui ont apporté outre-Atlantique des airs rappelant l’opéra transalpin avec chœur et orchestration grandioses.

L’hymne fait désormais figure de symbole national à part entière, au même titre que le drapeau ou la devise. Il est logiquement repris par les nations asiatiques. Dans leur politique d’occidentalisation à marche forcée, les autorités japonaises mettent en musique un waka du IXe siècle en l’honneur de l’empereur et confient l’orchestration à l’Allemand Franz Eckert, qui l’arrange sur le mode grégorien. Le Kimi ga yo (Votre règne) est joué la première fois lors de l'anniversaire de l'empereur Meiji, le 3 novembre 1880.

Land of Hope and Glory, l’hymne officieux de l’Angleterre

En 1902, pour son couronnement, le roi Édouard VII choisit une marche militaire composée un an plus tôt par Edward Elgar et intitulée Pomp and Circumstance. Celle-ci est mise en vers par le poète d'Arthur Christopher Benson sous le titre de Land of Hope and Glory (Terre d’espoir et de gloire). Le chant patriotique gagne une grande popularité outre-Manche, faisant même figure d’hymne officieux de l’Angleterre par opposition au God Savet the King, hymne de tout le Royaume-Uni.
Aux États-Unis, la musique d’Elgar va connaître un destin inattendu. En 1905, le compositeur britannique est invité à l’université de Yale pour y recevoir un prix honorifique. En hommage, l'orchestre symphonique de New Haven joue sa célèbre marche. L’air sera ensuite adopté par les universités américaines lors des cérémonies de remises de diplômes.

Staline invente l’hymne russe

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les hymnes nationaux redeviennent des symboles de résistance et de lutte pour la liberté. Le 11 novembre 1940, c'est en chantant La Marseillaise que des centaines de lycéens et étudiants manifestent devant l’Arc de Triomphe contre l’Occupation allemande. De même, la BBC diffuse régulièrement sur ses ondes les hymnes des pays occupés.

Pour accroître le moral de l’Armée rouge, Staline exige en 1943 la création d’un nouvel hymne national en remplacement de l’Internationale, pas assez russe à son goût. Le dictateur commande un texte au poète Sergueï Mikhalkov, mis en musique par Alexandre Aleksandrov sous la forme d’une marche imposante et grandiose. Celle-ci est officiellement adoptée le 15 mars 1944.

Inauguration par Vladimir Poutine de la statue du poète Sergueï Mikhalkov, le 28 mai 2014.L’hymne soviétique verra d’abord ses paroles en l’honneur de Staline expurgées sous Brejnev avant d’être entièrement supprimé en 1991 par Boris Eltsine qui lui substitue un air plutôt anodin de Mikhaïl Glinka, fondateur de l’opéra russe. Cette Chanson patriotique sans paroles ne suscite cependant aucun engouement populaire.

En 2001, à la demande de Vladimir Poutine, l’ancien hymne soviétique redevient l’hymne russe. De nouvelles paroles sont écrites par Mikhalkov, auteur de l’hymne stalinien, alors âgé de 87 ans !

La décolonisation fait naître une centaine d’hymnes

Après la Seconde Guerre mondiale, l’indépendance d’une centaine d’États entraîne la création d’autant de nouveaux hymnes nationaux. Le plus souvent, les autorités organisent un concours dont le lauréat est désigné par un comité.

François Coillard, 1903. Agrandissement : M. Wadell et M. Coillard (au centre) en Afrique centrale, 1893, Washington, Libray of Congress.Les pays nouvellement indépendants choisissent généralement des hymnes aux sonorités occidentales. Certains font même directement appel à des compositeurs originaires des anciens pays colonisateurs. Les hymnes de la Mauritanie, du Sénégal ou de la Centrafrique sont ainsi composés par des Français.

Celui du Lesotho, petit royaume enclavé dans l’Afrique du Sud, a été écrit par un célèbre missionnaire protestant et explorateur français : François Coillard. Envoyé au Lesotho par la Société des missions évangéliques de Paris, il écrit en 1867 un chant de travail sur un cantique d’un compositeur suisse, Ferdinand Samuel Laur, qui devient si populaire qu’il sera choisi un siècle plus tard comme hymne national à l’indépendance du Lesotho.

Encore plus étonnante, l’histoire de l’hymne malaisien, tiré d’une vieille chanson française du XIXe siècle ! C’est aux Seychelles, où il a été exilé par les Anglais en 1876, que le sultan de Perak découvre la chanson Rosalie, de Pierre-Jean de Béranger, une lettre d'adieu d'une jeune fille à un soldat de Napoléon partant à la guerre.

À leur retour d’exil, les enfants du sultan traduisent la chanson en malais et la font connaître dans tout l’archipel. Chantée dans les fêtes traditionnelles, elle devient l'hymne de l'État de Perak sous le nom de Terang Bulan. Lors de l’indépendance de la Malaisie en 1957, les nouveau pouvoir la choisira comme hymne national. Plus tard, le gouvernement imposera un tempo bien plus rapide, transformant la vieille chanson d'amour en une marche militaire.

Quelques auteurs d’hymnes célèbres

À l’image de la Marseillaise, l’écrasante majorité des hymnes nationaux ont été écrits par d'humbles poètes du dimanche, devenus malgré eux des héros de la nation. D’autres seront même persécutés. Tian Han, auteur de l’actuel hymne chinois, La Marche des Volontaires, est arrêté et torturé durant la Révolution culturelle et mourra en prison.

Quelques hymnes ont repris des poèmes d’auteurs de renom. L’Inde et le Bengladesh ont choisi des textes de Rabindranath Tagore, premier écrivain asiatique à recevoir le prix Nobel de littérature. Le grand poète uruguayen Francisco Acuña de Figueroa est non seulement l’auteur des paroles de l’hymne de son pays mais aussi de celles du Paraguay.

Notons que plusieurs chefs d’État ont eux-mêmes écrit les paroles de leur l’hymne tels le président sénégalais Léopold Sédar Senghor ou le leader burkinabé Thomas Sankara. Quant à la république de Taïwan, elle a pour texte l’extrait d’un discours prononcé en 1924 par le père fondateur de la république chinoise, Sun Yat Sen.

L’hymne autrichien composé par Mozart ?

Même constat pour les musiques. Seule une poignée d’hymnes nationaux ont été composés par d’illustres musiciens. Parmi les rares exceptions, citons l’hymne officiel du Vatican, la Marche pontificale de Charles Gounod, écrite en 1869 pour l’anniversaire de Pie IX.

En 1946, le gouvernement autrichien, à la recherche d’un nouvel hymne national, exhume la dernière composition de Mozart, écrite quelques semaines avant sa mort : une cantate intitulée Freimaurerkantat. Les spécialistes vont toutefois émettre des doutes sur la paternité réelle de l’œuvre dont l’auteur est plus vraisemblablement Johann Holzer, simple frère de loge de Mozart.

Rien n’interdit à deux États d’avoir le même hymne. La mélodie de l’hymne estonien est identique à celle de l’hymne finlandais. Un pays peut même tout bonnement se passer d’un hymne. C’est ce qui est arrivé entre 1996 et 2002 à l’Afghanistan, le régime des talibans ayant interdit tout chant et toute musique.

De l’hymne guerrier à l’hymnes consensuel

Plutôt pauvres musicalement, les hymnes nationaux ont des paroles aux thèmes redondants, mettant généralement à l’honneur la défense de la patrie, les idées de liberté, l’hommage aux souverains ou aux héros nationaux…

La notion la plus récurrente est celle de Dieu, dont le mot est cité dans la moitié des hymnes du monde, y compris dans le troisième couplet de la Marseillaise ! En effet, beaucoup d’hymnes de pays décolonisés ont été écrits par des pasteurs ou des missionnaires.

Dans les États qui ont arraché leur indépendance après de longs conflits, les hymnes ont pu avoir des paroles violentes à l’égard de la puissance de tutelle. En Belgique mais aussi en Amérique latine, les références aux anciens colonisateurs ont été rapidement supprimées ou modifiées, dans un souci d’apaisement.

L’hymne algérien est le seul hymne national à menacer nommément un autre pays. Écrit en 1955, il met ainsi directement en cause la France dans son troisième couplet : « Ô France ! Voici venu le jour où il te faut rendre des comptes. Prépare-toi ! Voici notre réponse. Le verdict, notre révolution le rendra. ». Le président Chadli Bendjedid tentera en vain de faire supprimer ce couplet controversé dans les années 1980.

Depuis la fin de la Guerre froide, la tendance est au consensus. Fini les hymnes exaltant le sang versé pour la patrie. Place à la paix et à célébration des paysages !

Exemple de cette évolution, l’hymne sud-africain, adopté sous Nelson Mandela. Symbole de réconciliation entre les peuples, le nouvel hymne n’est ni plus ni moins que la juxtaposition de deux chants historiquement antagonistes : le chant panafricain Nkosi Sikelel' iAfrika, également hymne de la Zambie et de la Tanzanie, fusionné avec Die Stem, hymne de l'ancien pouvoir blanc ! Autre singularité : l’hymne sud-africain est écrit dans les cinq principales langues du pays : xhosa, zoulou, sesotho, afrikaans et anglais. Un chant multilingue unique au monde.

L’Ode à la joie, hymne contesté d’un État sans nation

En 1972, le Conseil de l’Europe adopte un hymne officiel, destiné à être interprété dans toute manifestation à caractère européen : le prélude de l'Ode à la joie de Ludwig van Beethoven, composé en 1824. Le texte original en allemand de Schiller n’ayant pas été retenu, l’hymne ne comporte pas de paroles.
Ce choix suscite aussitôt la polémique dans les pays concernés. D’abord parce que l’ Ode à la joie a été largement promue par le régime nazi, jouée notamment pour l'ouverture des jeux Olympiques de Berlin en 1936. Ensuite parce que l’orchestration officielle en a été confiée à Herbert von Karajan, lui-même compromis avec le Troisième Reich, rapportant au passage au chef d’orchestre de juteux droits d'auteur. Pour couronner le tout, au même moment, le régime blanc et ségrégationniste de Ian Smith en Rhodésie du Sud adopte 1ui aussi l’Ode à la joie comme hymne national.
Malgré ces controverses, la Communauté Économique Européenne, future Union Européenne, adoptera à son tour la musique de Beethoven comme hymne en 1986. Quarante ans plus tard, l’hymne peine à susciter l’adhésion des Européens et reste moins populaire que le Te Deum de Marc-Antoine Charpentier, composé sous Louis XIV. Utilisé depuis 1953 comme indicatif musical des diffusions de l'Union européenne de radio-télévision, celui-ci est en outre l’hymne du Concours Eurovision de la chanson et du Tournoi des Six Nations de rugby.

Le rôle crucial du sport

Dans un monde de plus en plus pacifié, ce sont les retransmissions sportives qui vont donner aux hymnes nationaux un incomparable essor. Que ce soit avant le coup d’envoi d’un match international ou lors du couronnement d’un vainqueur, l’interprétation de l’hymne national devient l’un des moments clés des compétitions, mettant en avant l’émotion des sportifs comme des supporters.

Joués et entonnés devant les télévisions du monde entiers, les hymnes nationaux des évènements sportifs sont désormais utilisés par les États pour promouvoir leur culture, à la manière du traditionnel haka des rugbymen néo-zélandais.

En 1969, le Maroc ainsi décide de doter son hymne national de paroles, afin que celui-ci puisse être chanté l’année suivante à la Coupe du monde de football, où le royaume était le seul représentant africain.

En 2007, le Comité olympique espagnol organise un concours national destiné à attribuer des paroles à la Marcha Real. Le texte lauréat est interprété le 21 janvier 2008 par Placido Domingo mais la réaction du public est si mauvaise que l’initiative est abandonnée.

L’hymne, un symbole sacré

Dans de nombreux pays, l’hymne national est chanté chaque matin dans les écoles devant le drapeau ou en ouverture d'une manifestation sportive. La BBC britannique l’a longtemps diffusé à l’ouverture et à la clôture de ses programmes quotidiens.

À l’image du God Save the King, l’hymne est devenu un symbole intangible. Après son élection en 1974, Valéry Giscard d'Estaing demandera au compositeur Roger Boutry de réarranger la Marseillaise sur un rythme plus lent, à la manière d’une valse. Une variante si critiquée que François Mitterrand se hâtera de la supprimer sitôt élu.

Manquer de respect à un hymne, même avec humour, est désormais perçu comme un sacrilège. En 1979, Serge Gainsbourg déclenchera une violente polémique pour avoir osé chanter La Marseillaise sur un air de reggae. Certains pays vont jusqu’à interdire les interprétations non officielles de l’hymne national, comme l’avait fait non sans brio le guitariste Jimi Hendrix lors du Festival de Woodstock en 1969.

En 2002, les sifflets de la Marseillaise par les supporters corses durant la finale de la Coupe de France de football entre Lorient et Bastia, six mois après ceux des spectateurs du match France-Algérie, provoquent une véritable affaire d'État. Jacques Chirac en personne monte au créneau et dénonce « l'affront fait à la France ». En réponse, le 23 janvier 2003, les députés voteront à l'unanimité un amendement instituant un nouveau délit d' « outrage au drapeau tricolore et à l'hymne national », punissable de 7500 euros d'amende et de six mois de prison.

Bibliographie

Jean-Marc Cara, Le concert des nations : le tour du monde en 198 hymnes, Éditions 1, Paris, 2004

Publié ou mis à jour le : 2024-07-13 11:14:00

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