Citations et Mots d'Histoire

Le temps des Révolutions

Otto von Bismarck    (1815 - 1898)

« Nous n'irons pas à Canossa »

En 1871, ayant fondé l'Empire allemand au prix de trois guerres, le chancelier Otto von Bismarck reporte son énergie dans la lutte contre les catholiques inféodés au Vatican. Il commence par accorder sa protection aux catholiques qui refusent le nouveau dogme de l'infaillibilité pontificale, proclamé lors du concile Vatican I (1870). Mal lui en prend car, à l'assemblée du Reichstag, la domination prussienne commence d'être contestée dès mars 1871 par un parti du Centre, le Zentrum, composé d'une soixantaine de députés catholiques issus d'Allemagne du sud et de Rhénanie. Commence le «Kulturkampf» ou «combat pour la civilisation». Un combat dont Bismarck aurait tout aussi bien pu se passer ! Il commence par nommer un ambassadeur au Vatican sans demander au préalable l'agrément du Saint-Père, contre tous les usages diplomatiques. Bien entendu, le pape Pie IX désavoue la nomination. Bismarck s'écrit alors au Reichstag, le 14 mai 1872 : «Soyez sans souci, Messieurs ! Nous n'irons pas à Canossa, ni en chair, ni en esprit !», en référence à un épisode quelque peu oublié de la querelle entre les papes et les empereurs au Moyen Âge. Ses partisans, soulevés d'enthousiasme, élèvent aussitôt à Harzburg une colonne de granit où l'on grave les mots désormais célèbres : «Nous n'irons pas à Canossa»... Par les «lois de Mai» (votées en mai 1873, mai 1874, mai 1875), le chancelier multiplie les brimades à l'encontre des catholiques en Prusse et dans l'ensemble de l'Allemagne : contrôle de l'état sur le patrimoine de l'église, surveillance des candidats à la prêtrise, dissolution de la compagnie de Jésus (les jésuites)... La résistance s'organise sous l'égide du député Ludwig Windthorst, un ancien camarade d'université du chancelier. «Vous voulez détacher les catholiques allemands de l'obéissance au Saint-Siège pour les soumettre au knout de votre police», lance-t-il. Les esprits s'échauffent... Le 13 juillet 1874, aux bains de Kissingen, un jeune ouvrier tonnelier catholique du nom de Louis Kullmann, quelque peu déséquilibré, tire sur le chancelier et le blesse à la main, mais Bismarck n'en arrive pas moins à ceinturer son agresseur ! La montée des socialistes à l'extrême-gauche et la progression du Zentrum d'une élection à l'autre obligent le chancelier à réfréner sa haine du catholicisme. Après la mort de Pie IX en 1878 et l'avènement d'un pape plus conciliant en la personne de Léon XIII, il va progressivement abolir la plupart des lois de Mai, discrètement et par petites touches de façon à ne pas perdre la face.


Louis-Ferdinand Céline    (1894 - 1961)

« Je le dis tout franc, comme je le pense, je préférerais douze Hitler plutôt qu'un Blum omnipotent. »
Source : Bagatelles pour un massacre (Denoël, 1937)

De son vrai nom Louis-Ferdinand Destouches, Céline est d'un avis assez général considéré comme l'un des plus grands écrivains français du XXe siècle. Mais ce sont surtout ses pamphlets antisémites de 1937 qui retiennent l'attention des historiens, comme celui ci-dessus...


Jonathan Swift    (1667 - 1745)

« Burn everything that comes from England except its coal » (en anglais)
« Brûlez tout ce qui vient d'Angleterre, hors le charbon » (traduction)
Source : Appel pour la consommation exclusive de produits irlandais

L'auteur célébrissime des Voyages de Gulliver (1720) est né à Dublin, en Irlande, dans une famille anglicane d'origine anglaise. Il ne tarde pas à souffrir des discriminations qui frappent les habitants de l'île, tant catholiques qu'anglicans. Il est l'un des premiers Irlandais à se révolter contre cet état de fait. C'est ainsi qu'il publie en 1720 un Appel pour la consommation exclusive de produits irlandais d'où est tiré l'ironique formule ci-dessus.

En 1729, trois ans après la publication de son chef d'oeuvre, Les voyages de Gulliver (à la fois conte d'enfant et satire de la société moderne), Swift récidive avec une Modeste proposition pour empêcher les enfants des pauvres d'être à la charge de leurs parents ou de leur pays et pour les rendre utiles au public. Dans ce pamphlet inspiré par la profonde misère qui sévit en Irlande, il propose rien moins que de rôtir et manger les enfants en surnombre : «Quand à notre ville de Dublin, on pourrait y aménager des abattoirs, dans les quartiers les plus appropriés, et qu'on en soit assuré, les bouchers ne manqueront pas, bien que je recommande d'acheter plutôt les nourrissons vivants et de les préparer "au sang" comme les cochons à rôtir»...


Voltaire    (1694 - 1778)

« I disapprove of what you say, but I will defend to the death your right to say it » (en anglais)
« Je ne partage pas vos idées mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous puissiez les exprimer » (traduction)
Source : citation faussement attribuée à Voltaire par Evelyn Beatrice Hall (1906)

Cette célèbre formule, devenue en France le paradigme de la liberté d'expression, a été inventée par un auteur anglo-saxon, Evelyn Beatrice Hall. Elle figure dans son livre : The friends of Voltaire (Les amis de Voltaire), publié en 1906 sous le pseudonyme S[tephen] G. Tallentyre.

Par cette formule faussement attribuée à Voltaire,  l'auteure a voulu exprimer l'idée qu'elle se faisait de lui.

Dans les faits, le spirituel auteur de Candide, qui aimait plus que tout la compagnie des puissants, y compris celle de Frédéric II, pratiquait une tolérance très sélective !

Il s'est ainsi réjoui des poursuites contre les jésuites, ses ennemis jurés, et s'est gardé de protester lorsque Malesherbes, le directeur de la Librairie royale, a suspendu, autrement dit censuré, la revue de son plus virulent ennemi, le dévot Fréron. Ses écrits regorgent aussi de propos haineux et méprisants à l'égard des humbles, des catholiques, des Turcs,  des mahométans, des noirs etc.


Victor Hugo    (1802 - 1885)

« L'inviolabilité de la vie humaine est le droit des droits. Tous les
principes découlent de celui-là. Il est la racine, ils sont les
rameaux. L'échafaud est un crime permanent. C'est le plus insolent des
outrages à la dignité humaine, à la civilisation, au progrès. Toutes
les fois que l'échafaud est dressé, nous recevons un soufflet. Ce
crime est commis en notre nom. »

Source : Actes et Paroles vol. II - Pendant l'exil 1852-1870

En exil à Guernesey sous le Second Empire, Victor Hugo cultive sa fonction de conscience morale et universelle. Il poursuit son combat contre la peine de mort, entamé dans sa jeunesse, au temps où il était encore royaliste. C'est ainsi qu'il écrit les mots ci-dessus en réponse à la lettre d'un comité central italien pour l'abolition de la peine de mort (sa réponse est est datée de Hauteville-House, samedi 4 février 1865).


Jean Fourastié    (1907 - 1990)

« Ne doit-on pas dire glorieuses les trente années qui séparent Madère de
Cessac, et ont fait passer Douelle et la France de la pauvreté millénaire,
de la vie végétative traditionnelle, aux niveaux de vie et genres de vie
contemporains ?
- À meilleur titre certainement que « les trois glorieuses » de 1830 qui, comme la plupart des révolutions, ou bien substituent un despotisme à un autre, ou bien, et ce sont de meilleurs cas, ne sont qu'un épisode entre deux médiocrités... »

Source : Les trente glorieuses (Pluriel, Fayard, 1979, page 27)

En 1979, l'économiste Jean Fourastié publie Les Trente Glorieuses (Fayard), un livre dans lequel il baptise de la sorte les trois décennies de croissance rapide qui séparent la Libération (1944) de la guerre du Golfe et du premier choc pétrolier (1974). L'expression fait florès. Elle est toujours régulièrement employée pour qualifier l'après-guerre, avec un soupçon de nostalgie (on pense à l'expression Belle Époque qui qualifia de même, a postériori, la génération précédant la Grande Guerre.

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