Jésus-Christ (6 avant JC - 33)
« Celui d'entre vous qui est sans péché, qu'il soit le premier à lui jeter la pierre. »
Source : Évangile de Jésus-Christ selon Saint Jean (8,1-11)
La formule ci-dessus est extraite de l'un des passages les plus connus des Évangiles, dans lequel Jésus est sommé par les élites locales de juger une femme adultère conformément à la loi de Moïse :
Jésus s'était rendu au mont des Oliviers ; de bon matin, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s'assit et se mit à enseigner. Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu'on avait surprise en train de commettre l'adultère. Ils la font avancer et disent à Jésus : «Maître, cette femme a été prise en flagrant délit d'adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, qu'en dis-tu ?» Ils parlaient ainsi pour le mettre à l'épreuve, afin de pouvoir l'accuser. Mais Jésus s'était baissé et, du doigt, il traçait des traits sur le sol.

Allait-il se placer en contradiction avec son message de compassion ? Que nenni ! Il se tire du piège avec habileté :
Comme on persistait à l'interroger, il se redressa et leur dit : «Celui d'entre vous qui est sans péché, qu'il soit le premier à lui jeter la pierre». Et il se baissa de nouveau pour tracer des traits sur le sol. Quant à eux, sur cette réponse, ils s'en allaient l'un après l'autre, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme en face de lui...
Plus important que cela, Jésus ne se contente pas de ruser avec les prétentieux scribes. Resté seul avec la femme adultère, il lui pardonne après avoir pris en compte le fait qu'elle avait réellement péché.
C'est le principe chrétien de la rédemption, selon lequel le pardon et la pénitence peuvent effacer le péché, qui s'exprime dans ce texte :
Il se redressa et lui demanda : «Femme, où sont-il donc ? Alors, personne ne t'a condamnée ?» Elle répondit : «Personne, Seigneur». Et Jésus lui dit : «Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus».
Maurice Thorez (1900 - 1964)
« Il faut savoir finir une grève »
Les élections législatives du 3 mai 1936 portent au pouvoir, en France, le Front populaire.
Dans les entreprises, c'est aussitôt l'embrasement. Les « grèves sur le tas » se multiplient dans l'attente de mesures sociales qui n'ont que trop tardé depuis l'instauration de la IIIe République.
Le gouvernement de Léon Blum restaure précipitamment la paix sociale en signant avec les représentants patronaux et syndicaux les accords Matignon dans la nuit du 7 au 8 juin 1936 (l'hôtel Matignon est la résidence du président du Conseil).
Ces accords de Matignon prévoient des augmentations de salaires, l'élection de délégués ouvriers dans les usines, l'établissement de contrats collectifs et non plus individuels,...
Fort de ce succès, Maurice Thorez, secrétaire général du parti communiste, lance un appel aux grévistes le 11 juin 1936, à Paris : « il faut savoir terminer [une grève] dès que satisfaction a été obtenue. Il faut même savoir consentir au compromis si toutes les revendications n’ont pas encore été acceptées mais que l’on a obtenu la victoire sur les plus essentielles revendications ». Le travail reprend peu à peu dans les entreprises...
Catherine de Médicis (1519 - 1589)
« J'ai eu la fille toute nue ! »
Cette exclamation primesautière est attribuée au roi de France François Ier par l'historien Jean Orieux (Catherine de Médicis, la reine noire, J'ai lu, 2001).
Il ne s'agit pas des gaudrioles d'un roi très leste, mais de sa déception à constater que Catarina Medici (1519-1589), mariée à 14 ans à son fils cadet, le duc Henri d'Orléans, du même âge qu'elle, n'avait pas apporté les profits escomptés (apanages, faveurs, dot, bijoux), sur la foi des bonnes paroles de son oncle, le pape Clément VII de Médicis.
Pourtant, Catherine, fille de feu le duc de Florence Lorenzo II Medici (Laurent II de Médicis) et de Madeleine de La Tour d'Auvergne, incarnait la fortune de la richissime Florence.
Le mariage se révéla stérile pendant plus de dix ans, avant que l'épouse du prince puis roi (sous le nom d'Henri II) ne mette au monde dix enfants dont trois accèderont au trône (François II, Charles IX et Henri III).
Catherine dut supporter sans mot dire la bonne fortune de Diane de Poitiers, maîtresse de son royal époux. Mais devenue régente à la mort tragique d'Henri II (1559), elle se révèlera un défenseur acharné de l'intégrité du royaume en butte aux menées des grands féodaux souvent habillés d'idéologie religieuse.
Son caractère dissimulé, son habit noir, son goût mélodramatique pour les devins et les intrigues «florentines» lui ont valu une réputation de conspiratrice largement usurpée.
Catherine de Médicis contribua à diffuser en France les moeurs et le goût italiens. Elle fit construire le Louvre et le palais des Tuileries. Elle avait adopté pour devise «Lacrymae hinc, hinc dolor» (De là viennent mes larmes et ma douleur) et pour emblème une lance brisée...
Alexis de Tocqueville (1805 - 1859)
« Je ne crois pas que la France puisse songer sérieusement à quitter
l'Algérie. L'abandon qu'elle en ferait serait aux yeux du monde l'annonce certaine de sa décadence. »
Alexis de Tocqueville a 25 ans en 1830. Jeune homme rêvant d'aventure et d'exotisme, il songe à s'établir en Algérie et se montre favorable à sa
conquête.
Plus tard, au terme de plusieurs séjours de l'autre côté de la Méditerranée, il écrit dans un Travail sur l'Algérie (octobre 1841) destiné aux parlementaires : «Je ne crois pas que la France puisse songer sérieusement à quitter l'Algérie. L'abandon qu'elle en ferait serait aux yeux du monde l'annonce certaine de sa décadence.»
Après ce préliminaire, Tocqueville justifie la guerre de conquête, non sans regretter les excès qu'elle entraîne : «Pour ma part, j'ai rapporté d'Afrique la notion affligeante qu'en ce moment nous faisons la guerre d'une manière beaucoup plus barbare que les Arabes eux-mêmes. C'est, quant à présent, de leur côté que la civilisation se rencontre.
Cette manière de mener la guerre me paraît aussi inintelligente qu'elle est cruelle (...).
D'une autre part, j'ai souvent entendu en France des hommes que je respecte, mais que je n'approuve pas, trouver mauvais qu'on brûlât les moissons, qu'on vidât les silos et enfin qu'on s'emparât des hommes sans armes, des femmes et des enfants.
Ce sont là, suivant moi, des nécessités fâcheuses, mais auxquelles
tout peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se soumettre. Et, s'il faut dire ma pensée, ces actes ne me révoltent pas plus ni même autant que plusieurs autres que le droit de la guerre autorise évidemment et qui ont lieu dans toutes les guerres d'Europe. En quoi est-il plus odieux de brûler les moissons et de faire prisonniers les femmes et les enfants que de bombarder la population inoffensive d'une ville assiégée ou de s'emparer en mer des vaisseaux marchands appartenant aux sujets d'une puissance ennemie ?» (oeuvres
de Tocqueville, La Pléiade, tome 1, pages 704 et 705).
Malgré tout lucide, l'historien ajoute en 1847 :
«Autour de nous, les lumières se sont éteintes. Nous avons rendu la société musulmane beaucoup plus misérable, plus désordonnée, plus ignorante et plus barbare qu'elle n'était avant de nous connaître.»
Jean Calvin (1509 - 1564)
« Brûler n'est pas répondre et il est plus facile de trouver des dominicains que des raisons. »
Cette ferme réplique a été formulée par Jean Calvin à propos de la condamnation au feu d'écrits réformés contraires au dogme catholique. L'allusion aux dominicains rappelle que cet ordre religieux était en charge de l'Inquisition depuis le Moyen Âge et qu'il lui revenait de traquer les hérésies. Notons que Calvin n'a pas lui-même fait preuve d'un grand esprit de tolérance dans la République de Genève où s'exerçait son autorité spirituelle...
Léon Blum (1872 - 1950)
« Nous avons trop l'amour de notre pays pour désavouer l'expansion de la pensée, de la civilisation françaises... Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d'attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de les appeler aux progrès réalisés grâce aux efforts de la science et de l'industrie. »
Ces propos de l'illustre leader de la SFIO socialiste ont été prononcés devant la Chambre des députés le 9 juillet 1925 (note).
Ils sont dans la continuité de Jules Ferry et témoignent de la permanence des idéaux colonialistes dans la gauche républicaine, au nom de l'« universalisme » de ses valeurs et de ses priorités.