Louis Antoine Saint-Just (1767 - 1794)
« Le bonheur est une idée neuve en Europe »
L'auteur de cette maxime est un jeune homme beau autant que cruel, tard venu à la Révolution. Fils d'un capitaine bourguignon, Louis Antoine de Saint-Justétudie et écrit des vers quand la Bastille est prise. S'enthousiasmant pour la Révolution et pour Robespierre, il doit attendre la Convention pour être élu député de l'Aisne. Il lui reste alors moins de deux ans à vivre... Il fait voter la loi des suspects qui permet d'arrêter ceux qui «n'ayant rien fait contre la Liberté, n'ont rien fait pour elle». Il proclame froidement : «Ce qui constitue une République, c'est la destruction totale de ce qui lui est opposé». Le 3 mars 1794 (13 ventôse An II selon le calendrier révolutionnaire), il monte à la tribune de l'Assemblée et propose au nom du Comité de Salut Public un décret en vue de recenser les indigents et de leur attribuer les biens enlevés aux contre-révolutionnaires. Il fait valoir que cette mesure constituera une excellent propagande à l'étranger. C'est ainsi qu'il lance aux députés de la Convention : «On trompe les peuples de l'Europe sur ce qui se passe chez nous. On travestit vos discussions. On ne travestit point les lois fortes; elles pénètrent tout à coup les pays étrangers comme l'éclair inextinguible. Que l'Europe apprenne que vous ne voulez plus un malheureux, ni un oppresseur sur le territoire français ; que cet exemple fructifie sur la terre ; qu'il y propage l'amour des vertus et le bonheur ! le bonheur est une idée neuve en Europe»... (*).