Jean-François Kahn (Fayard, 588 pages, 23 euros, 2013)
On pourrait croire à une plaisanterie : Jean-François Kahn (75 ans), l'un des meilleurs essayistes du moment et en tout cas l'un des plus virulents, annonce sa retraite des médias et, aussitôt après, publie un livre de 600 pages consacré aux Gaulois.
Avec une verve, un humour et une érudiction intacts, il nous promène ainsi sur près d'un millénaire, de 600 av. J.-C. à 500 de notre ère, à travers la Gaule gauloise et la Gaule romaine, en s'accordant de perpétuels allers-retours dans le temps et même une petite escapade du côté de Néandertal et Cro-Magnon.
Le récit - ou plutôt les récits - commence par un héros nommé... Vindex. Rien à voir avec Vercingétorix. Ce Gaulois-là est un notable romanisé qui se permet de dénoncer en pleine assembléeà à Lyon, les extravagances de l'empereur Néron. Il va ainsi précipiter sa chute.
À travers le portrait de plusieurs personnages de cette sorte, l'auteur montre comment les Gaulois, après avoir combattu l'envahisseur romain, se sont pleinement ralliés à lui jusqu'à devenir des hérauts de la romanité.
D'aucuns mettent en cause aujourd'hui les bienfaits de la conquête. Pas Jean-François Kahn qui rappelle en premier lieu que, si cruelle qu'elle fut, la conquête de Jules César a épargné à la Gaule une autre invasion, celle des Germains.
Pour nous raconter la conversion de «nos ancêtres les Gaulois» à la romanité, il use très volontiers d'anachronismes, généralement drôles, et de comparaisons avec le temps présent. Comme par exemple l'évocation de la transformation de nos villes et villages dans le dernier demi-siècle, avec l'arrivée de l'automobile, des zones commerciales et industrielles, des enseignes de multinationales...
Sans trop s'embarrasser de précautions de thésards, il évoque aussi les sujets polémiques comme les sacrifices humains ou la récupération du mythe gaulois par les républicains de la fin du XIXe siècle. Un régal sucré.
Voir : La Gaule et les Gaulois avant César
Publié ou mis à jour le : 10/06/2016 09:42:47
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