Didier Le Fur (Tallandier, 190 pages, 15,90 euros, 2012)
Spécialiste de la Renaissance, l’historien Didier Le Fur fait ici une incursion au Moyen Âge avec ce petit essai consacré à l’Inquisition pontificale. Le sous-titre délimite avec soin le cadre de l’enquête : la France jusqu’au XVe siècle.
Autrement dit, il n’est question ici que de l’institution judiciaire créée par la papauté au XIIIe siècle en vue d’éradiquer les hérésies et en particulier les dissidences cathares et vaudoises qui menaçaient l’unité de l’Église.
Cette première inquisition, conduite par des dominicains expérimentés et d’âge mûr, n’avait de compte à rendre qu’au Saint-Siège. De ce fait, elle se trouvait souvent en conflit avec les évêques et les seigneurs féodaux, lesquels auraient souvent aimé agir à leur guise face aux présumés hérétiques… et s’approprier leurs biens chaque fois que possible.
Les inquisiteurs, qui disposaient d’une très grande liberté d’appréciation, pouvaient être tentés d’en abuser mais devaient répondre de leurs actes devant le Saint-Siège.
Ce fut le cas de Robert le Bougre, un ancien hérétique devenu grand Inquisiteur, qui se rendit coupable de nombreux excès et finit sa vie en prison après que le roi Saint Louis l'eut dénoncé au pape.
Ces inquisiteurs pouvaient en dernier recours utiliser la torture. Ils pouvaient aussi livrer leurs victimes au bras séculier afin qu’elles soient brûlées mais ces mises à mort, qui avaient surtout valeur d’exemple, demeurèrent relativement rares.
Entre légende noire et histoire
Ainsi que le rappelle Didier Le Fur, l’image noire que l’on prête à ce tribunal vient des falsifications d’un prétendu érudit du début du XIXe siècle qui en fit la description sur la base d’archives imaginaires. Il a fallu attendre les années 1970 pour que des historiens scrupuleux mettent à jour la supercherie et fassent le tri entre faits et légendes.
L’Inquisition pontificale a pâti aussi de l’assimilation avec la deuxième Inquisition, celle qui fut fondée en Espagne en 1479 par Isabelle la Catholique et Ferdinand d’Aragon. Indépendante du Saint-Siège et placée d’abord sous l’autorité du célèbre Torquemada, elle avait vocation à sévir contre toutes les déviances dans l’empire hispanique. Elle ne fut abolie qu’en 1820.
Voir : Le pape établit l'Inquisition en France
Publié ou mis à jour le : 10/06/2016 09:42:47
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