Dimitri Casali (Perrin, 346 pages, 23 €, 2011)
Dimitri Casali, journaliste et auteur de plusieurs ouvrages d'histoire, est aussi le créateur d'un opéra rock sur Napoléon.
Il s'indigne de la façon dont l'Histoire est enseignée en France depuis deux ou trois décennies.
Aux parents (et grands-parents) nostalgiques des manuels Malet-Isaac, il propose à travers ce livre une nouvelle mouture du traditionnel «roman national».
L'ouvrage est bien présenté : couverture semi-rigide, papier glacé, encadrés de couleur et nombreuses illustrations.
Sur le fond, cependant, l'ensemble est décevant et de nature à porter préjudice à la cause que l'auteur souhaite promouvoir !
Les illustrations sont pour la plupart empruntées aux peintres officiels du XIXe siècle, à contrecourant de la rigueur que s'imposent les historiens et les auteurs contemporains.
Tout à fait ridicule par exemple nous apparaît le portrait de Clovis (page 27) et pas franchement de nature à faire rêver nos «chères têtes blondes».
Si l'auteur plaide pour le retour de la chronologie et ne manque pas de nous asséner de longues listes de dates (des frises colorées et horizontales eussent été plus parlantes), par contre, il oublie totalement la dimension spatiale.
De façon étonnante, aucune carte ne vient éclairer le propos. Où se situe la France? Dans quel coin de notre planète? Que sont les «frontières naturelles» de la Révolution? Nous n'en saurons rien à la lecture de L'Altermanuel...
Cet oubli fait écho à un autre oubli, celui des Français eux-mêmes. À quoi ressemblait la société au Moyen Âge comme aux Temps modernes? Nous n'en saurons rien non plus.
Plus étonnant, l'auteur, amoureux de la France et de son Histoire, s'est longuement étalé sur la biographie de Saint Louis mais a tout simplement oublié d'évoquer les cathédrales gothiques qui ont fleuri en son siècle et constituent à ce jour l'un des plus beaux apports de la France à l'art mondial.
Cet Altermanuel est avant tout une longue litanie de biographies ou plutôt d'hagiographies (vies de saints plus ou moins enjolivées) autour de quelques grands personnages et souverains de l'Histoire.
Ces biographies pèchent elles-mêmes par leurs insuffisances, comme de dresser sur trois pages l'éloge de Turenne en oubliant ses aspects les plus piquants : sa liaison avec Mme de Longeville et surtout la mise à sac du Palatinat, qui souleva en son temps une vague d'indignation dans toute l'Europe.
Pour qui veut rafraîchir ses souvenirs d'école ou donner à ses enfants ou petits-enfants le goût de l'Histoire de France, il existe, rappelons-le, des livres autrement plus vivants, frais et de bon aloi, comme Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises (François Reynaert) ou L'Histoire de France tout simplement (Aurélien Fayet et Michelle Fayet).
Publié ou mis à jour le : 10/06/2016 09:42:47
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