Werner Otto Müller-Hill (Michalon (256 pages, 18 €), 2011)

Né en 1885 et mort en 1977, benjamin d'une famille de Fribourg, Werner Otto Müller-Hill se définit comme un «bon Allemand». Aussi antinazi qu'antibolchévique, il dénonce le funeste pacte germano-soviétique comme une erreur tragique. Exerçant à Strasbourg à la fin de la guerre, dans la position difficile d'un juriste légaliste tenu à la réserve et à la prudence, il tient, entre 1944 et 1945, un journal qu'il dissimulera soigneusement et que son fils Benno ne découvre qu'à sa mort.
Il y consigne avec précision événements et réflexions, notamment au sujet de la crédulité du peuple allemand, berné par les discours officiels des nazis.
Malgré ses origines bourgeoises - il décrit son enfance privilégiée dans «Souvenances» en fin de volume, Werner s'affirme comme profondément démocrate. À plusieurs reprises, il dénonce l'extermination des juifs par les nazis et parle de la «solution finale» comme d'une «abomination antihéroïque, antimilitaire et absolument antiallemande». Ses convictions personnelles et son éthique le poussent naturellement à considérer Hitler comme un malade mental. Toutefois, il déplore que son opinion ne soit pas partagée par tous ceux de sa classe.
Ce journal nous plonge dans ce que Werner nomme, justement, le «crépuscule des dieux». La stupidité et l'horreur de toute guerre ressortent ici pleinement, et la publication de ce texte inédit, soixante-cinq ans après sa rédaction, est une pièce importante à ajouter au dossier du grand conflit mondial.
Traduit de l'allemand et annoté par Jean-Paul Colin.
Publié ou mis à jour le : 10/06/2016 09:42:47
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