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Les interrogatoires avant le procès

Philippe Pétain (André Versaille éditeur, 236 pages, 22,90 euros,  2011)

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En avril-juin 1945, le maréchal Philippe Pétain, en instance de jugement, fut interrogé à dix reprises sur sa politique de collaboration avec l'occupant.

Voici le compte-rendu des interrogatoires (André Versaille éditeur, 236 pages, 22,90 euros).

L'auteur Benoît Klein commente pour nous les interrogatoires menés du 30 avril au 26 juin 1945 ainsi que la déclaration solennelle prononcée par le maréchal à l'ouverture de son procès, le 23 juillet 1945. En complément, il présente une audition dans la cellule de l'île d'Yeu, le 10 juillet 1947.

Ces documents sont accompagnés de textes d'explication qui les restituent dans le contexte historique.

L'historien Marc Ferro, auteur d'une biographie remarquée de Pétain, ajoute, en manière de préface, un portrait succinct mais précis du maréchal. Il rappelle ses choix et ses agissements politiques avant et pendant la guerre.

Le résultat est un ouvrage palpitant de vie et d'une lecture très claire, avec un éclairage nouveau sur les controverses suscitées par Pétain et la Collaboration.

On y découvre l'insistance mise par l'accusation à vouloir convaincre le maréchal de «complot» : le supposé cagoulard en chef Pétain aurait tramé la défaite pour renverser la République.

Radicale, bâtie sur quelques pièces et arguments massues, cette accusation convient à l'urgence judiciaire mais aussi à l'opinion publique puisqu'elle disculpe l'immense majorité des Français et de leurs représentants, qui a souscrit à l'armistice et aux pleins pouvoirs.

Face à l'accusation, Pétain est tenté dans un premier temps de souscrire à la stratégie de son premier avocat, le bâtonnier Payen : jouer la sénilité et les absences de mémoire.

Il préfère en définitive l'argumentation de son autre avocat, le jeune Jacques Isorni (il a déjà défendu Robert Brasillach), qui lui assène : «Vous êtes maréchal de France, chef de l'État. Des millions de Français vous ont aimé, vous aiment encore. Vous ne pouvez pas vous défendre comme ça». Il s'en tient donc à une déclaration liminaire puis au silence (pour ne pas montrer une fatigue et des absences bien réelles).

André Larané

Publié ou mis à jour le : 10/06/2016 09:42:47

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