Henri IV (1553 - 1610)
« Ralliez-vous à mon panache blanc, vous le trouverez toujours au chemin de l'honneur et de la victoire ! »
Ces mots quelque peu grandiloquents auraient été prononcés par le roi de France Henri IV au cours de la bataille d'Ivry. Ce jour-là, le 14 mars 1590, le roi affronte victorieusement une armée catholique guidée par le duc de Mayenne, de la famille des Guise, lesquels ne veulent à aucun prix pour la France d'un roi protestant.
Avant la bataille, le truculent Béarnais aurait ainsi harangué ses troupes : «Mes compagnons, Dieu est pour nous ! Voici ses ennemis et les nôtres ! Voici votre roi (...). Si vous perdez vos enseignes, cornettes ou guidons, ne perdez point de vue mon panache, vous le trouverez toujours au chemin de l'honneur et de la victoire...»
Ce casque à panache, orné de grandes plumes, ainsi que d'une améthyste et de perles, allait effectivement conduire le roi à la victoire et le faire entrer dans la légende... Mais la chronique ne dit pas qu'il fut blanc. Au XIXe siècle, les hagiographes feront le rapprochement entre ce panache et l'écharpe blanche dont s'étaient dotés Henri de Navarre et ses compagnons protestants à la bataille de Coutras.
La légende veut que ce soit la «Grande Corisande», Diane d'Andoins, maîtresse du roi de Navarre, qui ait suggéré à celui-ci ce signe de reconnaissance. Le blanc, sans doute choisi pour s'opposer au rouge, couleur des troupes espagnoles et catholiques, ou par référence à une forme de pureté évangélique, va ainsi devenir la couleur du clan protestant, puis, quand Henri montera sur le trône, l'une des couleurs de référence de la monarchie française !
« Paris vaut bien une messe »
Le roi protestant Henri de Navarre devient, sous le nom d'Henri IV, l'héritier légitime du trône de France après l'assassinat de son cousin, le roi Henri III en 1589. Mais la majorité catholique du royaume s'oppose les armes à la main à son intronisation et il comprend qu'aussi nombreuses que soient ses victoires, elles ne lui permettront jamais de se rallier le peuple s'il continue de s'en distinguer par la religion.
Sur les conseils de son ami Sully, lui-même protestant, il décide de se convertir à la religion dominante. C'est ainsi que le 25 juillet 1593, Henri abjure le protestantisme et demande à devenir catholique devant la basilique de Saint-Denis.
L'Histoire résume son choix par la formule ci-dessus, un tantinet cynique. On la prête tantôt à Henri, tantôt à Sully, mais elle est plus vraisemblablement apocryphe (le maréchal Pétain, républicain agnostique, a tenu une réflexion similaire beaucoup plus tard).
L'année suivante, Henri peut enfin se faire sacrer roi à Chartres (la ville traditionnelle du sacre, Reims, étant aux mains des Ligueurs catholiques). Quelques semaines plus tard, il rentre triomphalement à Paris, sa capitale. -
« Je ferai qu’il n’y aura point de laboureur en mon Royaume qui n’ait moyen d’avoir une poule dans son pot. »
Le roi de France Henri IV, assassiné au terme d'un règne épique et rude, s'est acquis une immense popularité posthume. Ainsi lui prête-t-on le vœu que les paysans de son royaume puissent s'offrir régulièrement une poule au pot, en témoignage de la paix et de la prospérité retrouvées.
Cette belle légende remonte à L’Histoire d’Henri le Grand, une biographie rédigée en 1661 par Hardouin de Perefixe, archevêque de Paris, pour l'édification de son illustre élève, le jeune roi Louis XIV, petit-fils d'Henri IV !
La poule au pot est évoquée par le prélat lors d'une conversation au jeu de paume entre Henri IV et le duc de Savoie :
Le Duc lui dit qu’il ne pouvait assez admirer la beauté et l’opulence de la France, et demanda à sa Majesté ce qu’elle lui valait de revenu. Ce Prince généreux et prompt en ses réparties lui répondit, «Elle me vaut ce que je veux».
Le Duc trouvant cette réponse vague, le voulut presser de lui dire ce que la France lui valait. Le Roi répliqua, «Oui, ce que je veux, parce qu’ayant le cœur de mon peuple, j’en aurai ce que je voudrai, et si Dieu me donne encore de la vie, je ferai qu’il n’y aura point de laboureur en mon Royaume qui n’ait moyen d’avoir une poule dans son pot»...
Par cette anecdote, le précepteur de Louis XIV suggère à son élève de bien traiter son peuple et en particulier ses laboureurs, autrement dit les plus aisés des paysans, assez riches pour posséder un attelage ou un cheval.
Hardouin de Péréfixe est à l'origine de quelques autres «légendes dorées» autour du futur Henri IV, comme celle selon laquelle le grand-père Henri II de Navarre aurait frotté les lèvres du nouveau-né avec une gousse d'ail et les aurait humecté avec du vin de Jurançon, lors de sa naissance au château de Pau, le 13 décembre 1553.