Roger Botte (André Versaille, 2010)
Comment la malédiction de Cham fut-elle détournée en terre d'islam afin de justifier l'esclavage des Noirs ? Le Coran a-t-il vraiment programmé la fin de l'esclavage ? Pourquoi Mahomet, qui aurait pu l'interdire, comme il a prohibé l'alcool, les jeux de hasard et l'usure, ne l'a-t-il pas fait ?... Voici quelques-unes des questions soulevées par cet ouvrage.
L'auteur analyse et compare les situations en Tunisie (où le décret d'affranchissement, en 1846, précède de deux ans l'abolition en France) ; en Arabie Saoudite (où La Mecque, territoire sacré, fut longtemps un marché d'esclaves) ; au Maroc (où l'esclavage ne fut jamais formellement aboli) ; en Mauritanie (où d'anciens esclaves doutent encore de l'efficacité de l'abolition étatique et ne jugent valide que la formule religieuse d'affranchissement prononcée par le maître) et au Soudan (où l'esclavage a connu une résurgence dans le cadre de la guerre civile de 1983 à 2005).
II montre encore comment, au moment des abolitions, les jurisconsultes musulmans ont déployé subterfuges, fictions légales ou ruses jurisprudentielles pour faire concorder réalité sociale et légalité divine, et comment, partout, les maîtres d'esclaves y résistèrent opiniâtrement.
Si l'on estime qu'aucune institution du droit musulman ne peut être considérée comme abrogée, quand bien même elle serait tombée en désuétude, on comprend qu'un peu partout dans le monde musulman, des juristes ou des islamistes continuent de soutenir que l'esclavage, sous certaines conditions, est toujours permis. Loin des polémiques partisanes, Roger Botte nous donne un livre indispensable pour saisir une question qui fait largement débat aujourd'hui.
Publié ou mis à jour le : 10/06/2016 09:42:47
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