Le territoire de la France métropolitaine est parsemé de châteaux forts et de villes du Moyen Âge, dont certains très (trop ?) célèbres – raison pour laquelle nous ne vous parlerons pas de Carcassonne ni d’Avignon – d’autres beaucoup moins. Voici quelques coups de cœur, ô combien subjectifs, en attendant vos conseils.
Accroché à un éperon rocheux vosgien dominant la plaine d'Alsace, le château du Haut-Koenigsbourg permet de revisiter l'histoire de la région, du XIIe siècle au début du XXe siècle.
Symboles par excellence du Moyen Âge, les châteaux-forts se dressent dans l’imaginaire national en haut d’un promontoire imprenable, pour contrôler les vallées alentours. L’Alsace en offre plusieurs exemplaires spectaculaires, à commencer par le Haut-Koenigsbourg surplombant la plaine d’Alsace, même si l’on pense peut-être plus encore à la Grande Illusion de Renoir qu’au Moyen Âge en le visitant. Il offre aussi l’occasion de visiter un monument historique restauré « à l’allemande », sous Guillaume II, dans une perspective qui tranche sur celle héritée de Viollet-le-Duc.
Dans la région, les châteaux de Fleckenstein, construit dans la falaise, et du Haut-Barr s’inscrivent dans la même perspective : s’ils attirent de nombreux touristes allemands, ils n’ont sans doute pas en France la réputation qu’ils méritent.
On ne peut en dire autant des « châteaux cathares », Quéribus, Peyerpertuse, Montségur… Le battage touristico-médiatique, mais aussi politique, autour de ces monuments, peut être difficile à supporter tant on raconte n’importe quoi sur les Cathares – il en existe d’autant plus de « spécialistes » que ces femmes et hommes n’ont pas laissé de documents, ce qui laisse la porte ouverte à toutes les interprétations et anachronismes révisionnistes – mais leurs silhouettes et les paysages somptueux qui les entourent méritent qu’on surmonte ces désagréments.
À quelques dizaines de kilomètres à l’ouest, on peut préférer les châteaux de Gaston Fébus, comme Bellocq ou Mauvezin.
Si les châteaux médiévaux de Loire, même moins célèbres que leurs successeurs de la Renaissance, sont bien connus, de Nantes à Beaugency, en passant par les remparts de Clisson, Angers, ou Chinon, on mettra ici l’accent sur la Normandie, que le long affrontement avec la France a dotée de nombreux châteaux, à commencer par celui de Caen, qui nous semble curieusement méconnu. Celui de Gisors (Eure) trône, arrondi, au sommet de sa motte castrale, offre une image saisissante. Ajoutons-y celui de Domfront, celui de Falaise… et vous aurez de quoi occuper des vacances.
Les amateurs de donjons médiévaux n’oublieront pas celui de Vincennes – représenté, comme le château de Dourdan, sur les Très riches heures du duc de Berry. Ils pourront aussi observer le bocage vendéen depuis celui de Pouzauges (85) en frissonnant à l’évocation des atrocités perpétrées par son ancien propriétaire Gilles de Rais.
Parmi les nombreuses villes bourgades médiévales dont le charme opère toujours, Loches et son massif donjon figurent parmi nos favorites mais il y en a tant que bien peu pourront affirmer toutes les connaître. On n’oubliera pas Beynac et Cazenac (Dordogne), dont le Conseil d’État vient – enfin – de confirmer que le contournement routier ne se ferait pas et ne défigurerait pas le paysage. Pérouges (Ain), Saint-Emilion (Gironde), Cordes-sur-Ciel (Tarn), Gerberoy (Oise), Les Baux-de-Provence (Bouches-du-Rhône) ou Eze et son balcon sur la mer (Alpes Maritimes)…, autant de destinations qui fleurent bon les vacances. On peut évidemment y ajouter les quartiers médiévaux de villes comme Fougères ou Metz, ou même le Vieux Lyon.
Si l’on a une représentation des monuments médiévaux comme biscornus, les villeneuves et bastides viennent démentir cette idée : construites de manière cohérente par des seigneurs désireux d’attirer des nouveaux habitants, elles sont structurés en plan « hippodamiens » (à angles droits ) ou en cercles comme Martres-Tolosane (Haute-Garonne), voire les deux dans le cas de Montferrand. Étonnamment, d’ailleurs, c’est un homme politique du XXe siècle, Marcel Sembat, qui donne son nom à la place autour de laquelle rayonne le village, que l’on identifie sans peine dans le tissu urbain de Clermont-Ferrand lorsqu’on prend de la hauteur.
Le Sud-Ouest est parsemé de ces villeneuves et bastides, comme la bastide de Monpazier (Dordogne) et sa place carrée ou Sainte-Foy-la-Grande (Gironde). Dans un autre style, pensons à Aigues-Mortes, fondée par Louis IX (futur saint Louis) dans les années 1240 afin de servir de port de départ pour les 7e et 8e croisades.
Qu’on soit amateur de lugubres châteaux en ruine ou de villages riants, d’urbanisme de hasard ou au contraire d’ordre planifié, il y a toujours un quartier, un village, un château médiéval à proximité.
Enfin, on n’oubliera pas que le Moyen Âge ne nous a pas légué que des monuments de pierre, mais aussi des paysages, fruits du travail des hommes : la Brenne et ses étangs si appréciés des ornithologues, par exemple, valent bien, à leur manière, la plus splendide des forteresses.
Il était une fois... l'Europe
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