Jules César (100 avant JC - 44 avant JC)
« Tu quoque, fili » (en latin)
« Toi aussi, mon fils » (traduction)
Le 1er jour des ides de mars de l'an 709 de la fondation de Rome (15 mars de l'an 44 avant JC), Jules César est agressé par un groupe de sénateurs.
Parmi les conjurés figure Brutus, en qui César avait placé toute sa confiance. En le voyant, il lui lance en grec : « Kai su teknon » ce que les chroniqueurs latins ont traduit par un mot de dépit : «Tu quoque, mi fili» (Toi aussi, mon fils). Il pourrait s'agir au contraire d'une malédiction à l'adresse du traître au sens de : Qu'il t'arrive à toi aussi le même sort ! Là-dessus, César se recouvre de sa toge et meurt. -
« Veni, vidi, vici ! » (en latin)
« Je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu ! » (traduction)
Jules César ayant vaincu son rival Pompée à Pharsale se rua ensuite avec son armée en Asie mineure (la Turquie actuelle). À Zéla, en 47 av. J.-C., il bat Pharnace II, fils et successeur de Mithridate IV le Grand, roi du Pont (la région de l'actuel détroit du Bosphore), un roi qui donna du fil à retordre aux Romains. Après vingt-cinq ans de guerres, il avait enfin été vaincu par le même Pompée en 66 av. J.-C.
Commémorant sa victoire de Zéla par un défilé triomphal à Rome (son quatrième triomphe), César se fit précéder par un porteur qui présente une pancarte où sont écrits les trois mots : « Veni, Vidi, Vici » . Cette concision exprime le génie militaire et l'esprit de décision du général. Elle rappelle aussi aux Romains, dont beaucoup conservent de l'admiration pour Pompée, que son rival s'est montré meilleur stratège face aux armées du Pont...
« Caesarem vehis caesarisque fortunam » (en latin)
« Tu portes César et sa fortune [son destin] » (traduction)
Ayant franchi le Rubicon et chassé son rival Pompée d'Italie, César entreprend de poursuivre celui-ci en Grèce. Comme ses troupes sont restées en Italie, il tente de traverser incognito le détroit qui sépare Apollonia d'Illyrie (Durrès) de Brindes (Brindisi) pour aller les chercher. Mais le frêle bateau à douze rames sur lequel il a pris place est pris dans une tempête et le pilote donne l'ordre de revenir au port.
D'après l'historien Plutarque, César révèle alors son identité et adresse au pilote les mots ci-dessus, signifiant par là que la chance est avec lui et qu''il ne peut rien lui arriver !... Mais le pilote n'est pas rassuré pour autant et le bateau fait malgré tout route arrière. En Illyrie, finalement, César aura la chance d'être rejoint par ses troupes et son fidèle lieutenant Antoine. Il infligera alors à Pompée la défaite de Pharsale le 6 juin de l'an 48 avant JC. -
« Alea jacta est » (en latin)
« Les dés sont jetés » (traduction)
A l'instant de traverser le Rubicon avec son armée et de déclarer ainsi la guerre au Sénat de Rome, Jules César aurait dit en grec, la langue des élites romaines de l'époque : «Anerrifthô Kubos» (Que soit jeté le dé !). La traduction latine de cette formule nous a été léguée par l'historien Suétone : «Iacta esto alea», ou, selon l'opinion commune, «Alea jacta est».
L'historien, qui vécut plus d'un siècle après les événements, sous le règne de l'empereur Trajan, raconte que Jules César avait quitté la Gaule transalpine avec quelques troupes (300 cavaliers et 4.000 légionnaires). Il s'était rendu à Ravenne pour suivre au plus près ce qui se passait à Rome, là où s'affrontaient les tribuns de son parti et les sénateurs de celui de son rival, Pompée : «Donc, lorsqu'il eut appris que l'on avait passé outre à l'opposition et qu'ils avaient eux-mêmes quitté Rome, il fit aussitôt partir en avant quelques cohortes, secrètement, pour ne pas éveiller de soupçons, puis afin de donner le change, vint assister à un spectacle public, examina le plan d'une école de gladiateurs qu'il voulait faire construire, et dîna en nombreuse compagnie, suivant son habitude.
Ensuite, après le coucher du soleil, il fit atteler à un chariot les mulets d'une boulangerie voisine et partit dans le plus grand secret avec une faible escorte. Puis les lumières s'éteignirent, il perdit sa route et resta longtemps égaré, mais enfin, vers l'aube, il trouva un guide et parvint à son but à pied, par des sentiers tout à fait étroits. Ayant rejoint ses cohortes au bord du Rubicon, rivière qui marquait la limite de sa province, il s'arrêta un moment et, songeant à la portée de son entreprise, il dit en se tournant vers sa suite :"Maintenant, nous pouvons encore revenir en arrière, mais une fois que nous aurons franchi ce petit pont, tout devra être réglé par les armes." Comme il hésitait, il reçut un signe d'en haut. Un homme d'une taille et d'une beauté extraordinaires apparut soudain, assis tout près de là et jouant du chalumeau ; des bergers étant accourus pour l'entendre ainsi qu'une foule de soldats des postes voisins, et parmi eux également des trompettes, cet homme prit à l'un d'entre eux son instrument, s'élança vers la rivière et, sonnant la marche avec une puissance formidable, passa sur l'autre rive. Alors César dit : "Allons où nous appellent les signes des dieux et l'injustice de nos ennemis. Le sort en est jeté."...» (*). -
« Gallia est omnis divisa in partes tres... » (en latin)
« La Gaule, dans son ensemble, est divisée en trois parties... » (traduction)
Source : traduction française de Maurice Rat, Garnier-Frères, 1967
Le chef-d'œuvre littéraire de Jules César, DE BELLO GALLICO, COMMENTARIUS PRIMUS, connu en français sous le titre: Commentaires sur la Guerre des Gaules, débute par une définition inédite de l'Hexagone : « Gallia est omnis divisa in partes tres, quarum unam incolunt Belgae, aliam Aquitani, tertiam qui ipsorum lingua Celtae, nostra Galli appellantur. Hi omnes lingua, institutis, legibus inter se differunt. Gallos ab Aquitanis Garumna flumen, a Belgis Matrona et Sequana dividit. Horum omnium fortissimi sunt Belgae, propterea quod a cultu atque humanitate provinciae longissime absunt, minimeque ad eos mercatores saepe commeant atque ea quae ad effeminandos animos pertinent important, proximique sunt Germanis, qui trans Rhenum incolunt, quibuscum continenter bellum gerunt » (version latine).
« La Gaule, dans son ensemble, est divisée en trois parties, dont l'une est habitée par les Belges, l'autre par les Aquitains, la troisième par ceux qui dans leur propre langue, se nomment Celtes, et, dans la nôtre, Gaulois. Tous ces peuples diffèrent entre eux par la langue, les coutumes, les lois. Les Gaulois sont séparés des Aquitains par le cours de la Garonne, des Belges par la Marne et la Seine. Les plus braves de tous ces peuples sont les Belges, parce qu'ils sont les plus éloignés de la civilisation et des mœurs raffinées de la Province, parce que les marchands vont très rarement chez eux et n'y importent pas ce qui est propre à amollir les cœurs, parce qu'ils sont les plus voisins des Germains qui habitent au-delà du Rhin et avec qui ils sont continuellement en guerre ».
Ces lignes sont essentielles à la compréhension de nos origines. Elles nous rappellent que les Gaulois, premiers habitants de l'actuelle France, tenaient leur nom des Romains. Et c'est Jules César lui-même qui a créé le mythe d'une « nation gauloise», ancêtre de la nation française.
Dans les faits, les habitants de l'Hexagone (la France actuelle) appartenaient pour la plupart à la mouvance celte, étendue sur une grande partie de l'Europe, du Bosphore à la Grande-Bretagne. De part et d'autre des Pyrénées habitaient des tribus similaires que, faute de mieux, on appelle Celtibères. Quant au Rhin, loin d'être une frontière, il était perpétuellement traversé par des tribus que l'on eut été en peine de qualifier de gauloises ou de germaines.
« Caesaris mulier non fit suspecta ! » (en latin)
« La femme de César ne doit pas être soupçonnée ! » (traduction)
À l'aube de son ascension, en 62 avant JC, Caïus Julius, surnommé César, avait formulé la justification ci-dessus pour répudier sa femme, Pompeia, petite-fille du dictateur Sylla, si l'on en croit Plutarque (Vie des hommes illustres). Il ne voulait pas reconnaître qu'elle l'avait effectivement trompé, qui plus est avec un homme qu'il tenait à garder dans le cercle de ses fidèles !
Pendant la période des mystères de Bona Dea(la Bonne Déesse), il était de coutume que des fêtes strictement réservées aux femmes se déroulent dans la maison du grand Pontife (l'ordonnateur de la religion), qui n'était autre alors que César. Guidé par la curiosité, le jeune amant de Pompéia, Publius Claudius Pulcher, communément appelé Claude (ou Clodius), avait osé pénétrer dans la maison sous un déguisement de femme mais sa voix l'avait trahi. L'incident fit scandale et Cicéron lui-même dénonça le sacrilège. Seule Pompéia fit les frais de l'affaire... Son amant obtint l'acquittement, probablement par prévarication, en achetant les juges.
Clodius ne s'en tint pas quitte et poursuivit Cicéron de sa hargne. Plus tard, lorsqu'il eut été désigné tribun avec l'appui du triumvirat (César, Crassus et Pompée), il exila l'avocat en tirant prétexte de la conjuration de Catilina. Ce tribun décidément peu recommandable organisa un gang pour terroriser les bonnes gens et se remplir les poches.
Un groupe de réactionnaires (nous dirions des «skinheads») s'organisa sous la bannière de l'autre tribun, Milon, et les deux bandes donnèrent aux Romains le spectacle de leurs violents démêlés jusqu'à ce que Clodius soit tué dans l'une de ces échauffourées, en 52 avant JC. Dans l'atmosphère de terreur qui régnait à Rome, Cicéron n'eut pas le courage de défendre Milon, accusé de ce crime, mais la plaidoirie qu'il avait préparée, Pro Milone, a heureusement été conservée. -