17 janvier 2024. L’historien Emmanuel Todd ne laisse personne indifférent. Depuis près d’un demi-siècle, il bouscule nos certitudes par ses analyses géopolitiques adossées à ses travaux d’anthropologie familiale. C’est l’Histoire immédiate éclairée par l’Histoire longue. C'est l’Histoire comme nous l’aimons.
Dans ce dernier essai consacré à la guerre d'Ukraine (La Défaite de l'Occident, Gallimard, janvier 2024), Todd reprend et synthétise toutes ses réflexions sur l’Ukraine, la Russie et l’Amérique. On en retrouve l’écho dans les différents entretiens qu’il a accordés à Herodote.net depuis 2014...
L'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février 2022 a effaré les Occidentaux et surpris tous les observateurs. Emmanuel Todd lui-même confesse avoir été troublé sur le moment. Il a jugé importun d'analyser à chaud l'événement. L'opinion publique et les médias n'y étaient pas disposés et préféraient s'adonner aux dix « Principes élémentaires de propagande de guerre » selon Lord Ponsoby (note). Il a donc pris du temps pour réfléchir à ce retour de la guerre sur le continent européen et à sa signification dans l'Histoire longue.
Le résultat, c'est cet essai dense, agréable à lire et parfaitement construit dans lequel il s'applique à tirer tous les enseignements du conflit à grand renfort de références bibliographiques, de données économiques et d'études anthropologiques. La guerre d'Ukraine lui apparaît ainsi, avant tout, comme un révélateur de l'effondrement des États-Unis et du Royaume-Uni, lesquels n'auraient plus rien à voir avec les États-nations puissants et créatifs qu'ils ont été au siècle antérieur !
Pour nous, Français, qui avons coutume de toujours nous plaindre de notre sort, ce livre apparaît en définitive plutôt réconfortant. Il montre qu'en dépit de l'indigence de notre classe politique, nous conservons davantage d'atouts que nos cousins d'outre-Manche.
L'Allemagne elle-même, qu'Emmanuel Todd a longtemps fait profession de critiquer, pourrait paradoxalement sortir à son avantage de la défaite de l'OTAN et de l'axe Washington-Londres dans le conflit actuel. Comment ? En retrouvant la voie d'une coopération raisonnable avec son grand voisin russe, coopération amorcée en 2001 avec le discours de Poutine au Bundestag et brutalement interrompue au printemps 2008 à l'initiative de Washington.
Plus osé encore, Emmanuel Todd suggère en post-scriptum que la défaite de Washington pourrait aider Israël à sortir du piège de Gaza, là aussi par une intervention de Moscou ! Il ne s'agit bien sûr que d'hypothèses et avant de vous en indigner, ayez soin de lire la démonstration sur laquelle elles s'appuient...
Les surprises de la guerre
Comme la plupart des guerres, celle-ci ne s'est pas déroulée comme prévu. La première surprise fut la résistance inattendue de l'Ukraine, illustrée par la réponse magnifique du président Volodymyr Zelensky (un ex-acteur) à son homologue américain qui proposait de l'exfiltrer : « J'ai besoin de munitions, pas d'un taxi ».
Le plus surpris fut sans doute le président Poutine qui, comme tout un chacun, assimilait l'Ukraine à un État « failli » et pensait le faire tomber d'une pichenette. Il n'avait engagé que cent vingt mille hommes dans son « Opération militaire spéciale », délicat euphémisme pour qualifier une guerre d'invasion étendue sur un front de plus de mille kilomètres, de Kiev au nord à Kherson au sud.
L'attaque russe a aussi pris de court les Européens qui se croyaient engagés dans une paix perpétuelle par la grâce de l'OTAN, du « doux commerce » ainsi que d'une gentillesse à toute épreuve. Très vite s'est liquéfié le « couple » franco-allemand, contraint de s'effacer derrière l'axe Washington-Londres-Varsovie-Kiev. L'alignement inconditionnel du Royaume-Uni sur les États-Unis est une autre surprise relevée par Todd, sans doute celle qui l'a le plus affecté dans son anglomanie intime. Il déplore le torpillage des négociations russo-ukrainiennes d'Istanbul par le Premier ministre Boris Johnson.
Le plus surprenant fut l'échec des sanctions économiques sur lesquelles les Européens comptaient pour faire plier la Russie. Le 1er mars 2022, le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire déclarait ainsi : « Le trésor de guerre de Poutine est déjà réduit à presque rien. Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe. (...) États-Unis et Europe ensemble sont de très loin le continent économique, financier le plus puissant de la planète. (...) Le rapport de force économique et financier est totalement en faveur de l'Union européenne, qui est en train de découvrir sa puissance économique. »
Las. Ainsi que le rappelle Emmanuel Todd, Poutine avait anticipé le coup et pris des dispositions dès 2014 pour surmonter les sanctions et préparer ses banques à une suspension du réseau international SWIFT. Plus gravement, du point de vue occidental, la Russie put contourner les sanctions grâce à l'appui ouvert ou tacite des deux tiers de l'humanité, dont la Chine, l'Inde, le Brésil, la Hongrie, etc. Ainsi prit forme pour la première fois de façon visible l'opposition entre « Occident collectif » et « Sud global », ou encore l'Occident et le Reste du monde, traduction par Emmanuel Todd de l'expression américaine The West versus the Rest.
Côté américain, à lire La Défaite de l'Occident, on a le sentiment d'un aveuglement et d'une incompétence sans limites. Comment Washington, englué dans sa rivalité armée avec la Chine, pouvait-il imaginer que celle-ci se détacherait de Moscou, écrit Todd ? Pékin sait parfaitement que si l'OTAN venait à vaincre la Russie, son tour viendrait aussitôt après... La dernière et plus grande surprise de cette guerre nourrit le cœur du livre : l'incapacité des États-Unis à alimenter en continu l'armée ukrainienne en armements de pointe. C'est l'enseignement majeur de ce conflit, qui fait dire à Emmanuel Todd que « l'Occident s'autodétruit plutôt qu'il n'est attaqué par la Russie ». C'est ce qu'il s'applique à montrer dans la suite de son analyse.
Le nihilisme pour horizon
L'historien s'est penché sur la Russie, l'Ukraine, le Royaume-Uni et les États-Unis. Il s'est demandé ce que la guerre révélait de leur évolution politique, économique, humaine et même spirituelle et anthropologique au cours des dernières décennies. Le voyage vaut le détour même s'il laisse de côté l'Europe continentale ou encore la Chine.
De façon inédite dans son parcours de chercheur, Emmanuel Todd aborde les aspects proprement spirituels et religieux de la condition humaine. C'est pour constater l'effondrement de la foi religieuse dans les pays occidentaux. Cette déchristianisation a été progressive. On en voit les prémices dans le Bassin parisien au XVIIIe siècle, en lien avec la première limitation volontaire des naissances. Mais cette déchristianisation a aussi connu des rémissions dans la société bourgeoise du XIXe siècle et surtout après la Seconde Guerre mondiale, en lien avec le retour à des valeurs familiales traditionnelles, un regain de natalité... et une singulière confiance en l'avenir.
Puis, les Occidentaux, tant protestants que catholiques, se sont éloignés à petits pas des rituels (messe dominicale, jeûne du vendredi) avec même les encouragements de Vatican II, comme le suggère l'historien Guillaume Cuchet. Ils n'ont plus conservé que les préceptes moraux et les rituels minimum (baptême, mariage, funérailles), ce qu'Emmanuel Todd appelle le « christianisme zombie ». Enfin, avec la légalisation du mariage homosexuel et la généralisation de la crémation (réprouvés par l'Église), nous en arrivons selon lui au « christianisme zéro » !
Emmanuel Todd rappelle que la modernité a été rendue possible par l'alphabétisation de masse, laquelle est venue de ce que les protestants s'obligeaient à lire les Évangiles. Elle a bénéficié aussi de la morale héritée de l'enseignement religieux (application au travail, tolérance, respect des institutions). « Le christianisme a été la matrice originelle de toutes nos croyances collectives ultérieures : partout en Europe, la nation ou la classe ; en France spécifiquement, le radical-socialisme, le socialisme, le communisme, le gaullisme ; en Grande-Bretagne, le travaillisme et le conservatisme », écrit-il page 154.
La déchristianisation a laissé le champ libre au néolibéralisme qui fait de la cupidité et de l'âpreté au gain le moteur de l'activité humaine et « détruit les services publics, l'industrie et les conditions de vie » (page 210). Cette idéologie a conquis les élites occidentales dans les années 1970, sous la bannière de Margaret Thatcher et Ronald Reagan et conduit à ce que les jeunes cerveaux des pays développés se sont détournés des carrières scientifiques et techniques pour embrasser les fonctions plus lucratives du commerce, de la communication et de la finance. « Le néolibéralisme a voulu fonder un capitalisme non wébérien, dont "l'esprit" serait libéré de l'éthique protestante. Au-delà de son simplisme intellectuel, la révolution néolibérale trahit une déficience morale. (...) On nous a rebattu les oreilles avec la "destruction créatrice" schumpétérienne. Mais ce que l'on observe pour de bon, dans l'économie et la société, c'est la destruction tout court : le mot "nihilisme" revient nous hanter. (...) Souvenons-nous de la phrase la plus connue de Margaret Thatcher : "There is no such thing as society" ("La société, ça n'existe pas"), souvent citée, avec raison, tellement elle est centrale. (...) Pourtant, cette phrase, si extraordinaire dans sa radicalité, nous révèle une vérité cachée du néolibéralisme : sa négation pure et simple de la réalité » (page 211).
S'ensuivent la mondialisation des échanges, la délocalisation des industries dans les pays à bas coût et l'exploitation de leurs prolétaires au bénéfice de l'oligarchie financière... et des classes populaires occidentales. Celles-ci se voient réduites au statut de consommateurs avec le nihilisme, autrement dit le vide, pour horizon. Leurs insatisfactions professionnelles (chômage, précarité, petits boulots) ont pour conséquence une dégradation des conditions de santé, une baisse de l'espérance de vie et un effondrement du niveau éducatif et même du quotient intellectuel (QI), dont les Anglo-Saxons n'ont aucun scrupule à mesurer l'évolution.
Ce nihilisme frappe de plein fouet les jeunes générations comme l'indique l'effondrement de la fécondité et la montée des pathologies (transitions de sexe, asexualité, etc.) Les Étasuniens, les Britanniques et les autres Occidentaux compensent cette perte de substance par le recours massif à des immigrés, ingénieurs, scientifiques ou médecins.
« L'une des grandes illusions des années 1960 - entre révolution sexuelle anglo-américaine et Mai-68 français - fut de croire que l'individu serait plus grand une fois affranchi du collectif. C'est tout le contraire. L'individu ne peut être grand que dans une communauté et par elle. Seul, il est voué par nature à rétrécir. Maintenant que nous sommes libérés en masse des croyances métaphysiques, fondatrices et dérivées, communistes, socialistes ou nationales, nous faisons l'expérience du vide et nous rapetissons, » écrit l'auteur (page 159).
L'effacement de la religion et des valeurs qu'elle sous-tend va de pair avec la déliquescence des États. C'est ainsi que l'État-nation disparaît des terres qui l'ont vu naître (îles britanniques, France, États-Unis) pour ressurgir dans les terres les plus improbables, de la Chine (et Taiwan !) à l'Afrique en passant par la Russie, l'Iran, la Turquie, etc.
À travers des cartes relatives à la patrilinéarité et à l'homophobie, Emmanuel Todd montre que l'Occident et le reste du monde ne s'opposent pas seulement par les enjeux économiques, politiques et stratégiques ! Ils s'opposent aussi de manière plus profonde par les valeurs mentales et l'anthropologie :
• L'« Occident collectif » se caractérise pour l'essentiel par la fluidité des mœurs qu'autorise un statut égalitaire de l'homme et de la femme.
• Le « Sud global » est dominé par des systèmes familiaux patrilinéaires fondés sur la primauté du masculin, la distinction des sexes et la répression de l'homosexualité (voir notre carte sur l'orientation sexuelle dans le monde)...
Autant dire que Vladimir Poutine joue sur du velours quand il promulgue des lois contre l'homosexualité et la question transgenre : il est sûr de gagner de la sorte l'adhésion des deux tiers de l'humanité !
« Démocratie autoritaire » contre « oligarchies libérales »
Pour en revenir à la Russie, Emmanuel Todd rappelle d'abord qu'elle est devenue à l'ère Poutine un État-nation stable. C'est ce qu'il avait déjà affirmé en 2014 dans un entretien avec Herodote.net : « La Russie nous surprendra toujours ». Ainsi les Russes avaient-ils gagné plusieurs années d'espérance de vie et vu leur mortalité infantile chuter fortement, alors que les Étatsuniens connaissaient des évolutions exactement inverses ! Cela explique le soutien de la masse du peuple russe à son président, y compris dans la guerre qui lui a été imposée par l'OTAN (c'est sa version et elle est acceptée par ses concitoyens). Cela explique aussi, selon Emmanuel Todd, la stratégie adoptée par le président russe face à l'Ukraine et l'OTAN.
À la différence des dirigeants occidentaux, obnubilés par la communication, les réseaux sociaux et les prochaines élections, Vladimir Poutine a le loisir de réfléchir aux enjeux de long terme de son pays. Il a conscience de la fragilité de sa démographie, avec un indicateur de fécondité qui est retombé ces dernières années au niveau ouest-européen (1,5 enfants par femme). Qui plus est, dans les prochaines années arriveront à l'âge adulte les classes creuses de l'ère Eltsine, nées dans les années 1990. C'est pourquoi il a voulu attaquer l'Ukraine et sécuriser ses confins tant qu'il en avait encore les moyens humains. Et c'est pourquoi Poutine n'a engagé dans les opérations que des effectifs limités, les mercenaires de Wagner et les guerriers tchétchènes de préférence aux conscrits. Avec une industrie qui continue de produire armes et munitions en grandes quantités, il espère pouvoir tenir jusqu'à la défaite de l'Ukraine et de l'OTAN.
Quant à étendre sa zone d'occupation, voire agresser les États voisins (Baltes, Pologne, etc.), c'est une lubie occidentale qui ne tient pas la route. La Fédération de Russie couvre 17 millions de km2 avec une population hétérogène et déclinante de 140 millions d'habitants, soit à peine plus importante que la population japonaise qui occupe 380 000 km2. Le souci de Poutine comme de tout gouvernant russe est de conserver ce territoire, pas de l'étendre.
Face à la Russie, l'Ukraine reste pour Emmanuel Todd une énigme. En 2014, déjà, dans un entretien avec Herodote.net : « L'Ukraine et la tentation de la guerre », il s'était inquiété de son instabilité par le fait qu'il s'agit pour l'essentiel d'un pays avec des structures familiales nucléaires très souples (comme dans le monde anglo-saxon) mais qui ne sont pas contenues par un État solide. La surprise, on l'a vu, est venu de sa résistance inattendue à l'invasion russe.
Ici, l'historien aborde une hypothèse proprement hérétique : si l'Ukraine avait réellement souhaité se fondre dans l'univers ouest-européen, elle aurait abandonné à la Russie, dès 2015 ou au pire en mars 2022, ses provinces orientales qui constituent un obstacle à son occidentalisation du fait de leur caractère russophone et même russe ; si elle a préféré s'engager dans une lutte à mort afin de conserver ces provinces pour lesquelles les Ukrainiens de l'Ouest n'ont que mépris, ne serait-ce pas qu'elle souhaitait au fond d'elle-même rester dans le monde russe ? se demande Emmanuel Todd. Je me garderai de répondre.
Le plus notable, maintenant, est la dégénérescence de la démocratie en son cœur historique, France, îles britanniques, États-Unis. L'historien l'avait entrevue en 2008 dans son essai Après la démocratie avec un divorce entre l'oligarchie métropolitaine et les classes populaires. Ce divorce a éclaté au grand jour lors du référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen et n'a fait que s'accentuer comme le montre le phénomène trumpiste aux États-Unis. Il repose sur des réalités tangibles comme le déclassement des populations du Middle West américain et l'effondrement de leurs conditions de vie et de leur espérance de vie.
Depuis deux décennies, ces populations sont gravement affectées par leur addiction aux médicaments opiacés destinés à soulager leur mal-être). Mis en cause dans ce crime organisé, les trusts pharmaceutiques n'en continuent pas moins d'exercer leurs ravages avec la bénédiction des élus de Washington. Cette observation parmi d'autres conduit Emmanuel Todd à qualifier les régimes occidentaux d'« oligarchies libérales ». Le pouvoir réel appartient à l'oligarchie néolibérale qui n'est plus freinée par aucun scrupule de nature religieuse ou éthique. Mais cette oligarchie veille à protéger les minorités de tous ordres, homosexuels, minorités ethniques, etc. En cela, elle se présente comme libérale.
Non sans culot, l'historien oppose ces « oligarchies libérales » à la « démocratie autoritaire » qu'est devenue la Russie poutinienne ! Le régime, avec toute sa brutalité, satisfait en effet les aspirations de la masse de ses concitoyens, y compris les non-Russes (Caucasiens, etc.). Dans le même temps, il réprime les minorités, à commencer par la mouvance LGBT. Il y a d'autant plus de facilités que les élites occidentalisées des métropoles, qui auraient pu lui faire obstacle, ont émigré.
« L'Europe se trouve engagée dans une guerre profondément contraire à ses intérêts, autodestructrice, alors même que depuis trente ans au moins, ses promoteurs nous vendaient une Union toujours plus approfondie qui, grâce à l'euro, allait devenir une puissance autonome, contrepoids aux géants que sont la Chine et les États-Unis. L'Union européenne a disparu derrière l'OTAN, plus soumise désormais aux États-Unis qu'elle ne l'avait jamais été, » écrit-il (page 161).
Le résultat visible dans la sphère politique anglo-américaine est la disparition des élites traditionnelles, remplacées par les représentants des nouvelles minorités ethniques. À Londres et Edimbourg, les dirigeants viennent du sous-continent indien. À Washington, le gouvernement Biden ne compte pour ainsi dire plus aucun représentant de l'élite WASP (White Anglo-Saxon Protestant) qui a fait les beaux jours de l'Amérique triomphante de l'après-guerre, le président lui-même étant catholique d'ascendance irlandaise.
Autrement plus grave est l'effondrement des capacités industrielles du pays. Les États-Unis réalisaient 45% de la production industrielle mondiale en 1945 et n'en réalisent plus que 17%, largement dépassés par la Chine (28%). Les comptes publics et notamment le mode de calcul du PIB (Produit Intérieur Brut) font encore illusion selon Emmanuel Todd. Comment admettre en effet les chiffres ronflants des économistes quand les États-Unis affichent des critères de santé désastreux (espérance de vie, mortalité infantile), très inférieurs à ceux des Européens et même des Russes, tout en affectant 18% de leur PIB aux dépenses de santé ?
Ces incohérences apparaissent avec éclat dans la guerre en cours en Ukraine avec l'incapacité des États-Unis à fabriquer et fournir les armements et les munitions que les Ukrainiens réclament à cor et à cri. Elles rendent insupportable l'assertion selon laquelle la Russie, qui, elle, continue de produire armes et munitions, ne représenterait que 3,3% du PIB de l'ensemble des membres de l'OTAN. Ces froides observations permettent à Emmanuel Todd de prédire la défaite finale de l'alliance sans présumer de la suite.
Entretien d'Emmanuel Todd avec Jean Petaux, professeur de culture générale et science politique à Sciences Po Bordeaux (librairie Mollat, Bordeaux, 23 janvier 2024)
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Lionel (03-02-2024 13:51:24)
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Dizonle (21-01-2024 11:21:56)
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Christian (18-01-2024 06:35:46)
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Louis-Marie Poissant (17-01-2024 13:03:38)
Voilà ! Vu du Québec, c'est exactement ma réaction face aux français : vous valez beaucoup plus que l'opinion que vous avez de vous-même. L'empire anglo-américain n'a misé que sur la liberté... Lire la suite