Citations et Mots d'Histoire

Le temps des Révolutions

Alexis de Tocqueville    (1805 - 1859)

« Je ne crois pas que la France puisse songer sérieusement à quitter
l'Algérie. L'abandon qu'elle en ferait serait aux yeux du monde l'annonce certaine de sa décadence. »

Alexis de Tocqueville a 25 ans en 1830. Jeune homme rêvant d'aventure et d'exotisme, il songe à s'établir en Algérie et se montre favorable à sa conquête. Plus tard, au terme de plusieurs séjours de l'autre côté de la Méditerranée, il écrit dans un Travail sur l'Algérie (octobre 1841) destiné aux parlementaires : «Je ne crois pas que la France puisse songer sérieusement à quitter l'Algérie. L'abandon qu'elle en ferait serait aux yeux du monde l'annonce certaine de sa décadence.» Après ce préliminaire, Tocqueville justifie la guerre de conquête, non sans regretter les excès qu'elle entraîne : «Pour ma part, j'ai rapporté d'Afrique la notion affligeante qu'en ce moment nous faisons la guerre d'une manière beaucoup plus barbare que les Arabes eux-mêmes. C'est, quant à présent, de leur côté que la civilisation se rencontre. Cette manière de mener la guerre me paraît aussi inintelligente qu'elle est cruelle (...). D'une autre part, j'ai souvent entendu en France des hommes que je respecte, mais que je n'approuve pas, trouver mauvais qu'on brûlât les moissons, qu'on vidât les silos et enfin qu'on s'emparât des hommes sans armes, des femmes et des enfants. Ce sont là, suivant moi, des nécessités fâcheuses, mais auxquelles tout peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se soumettre. Et, s'il faut dire ma pensée, ces actes ne me révoltent pas plus ni même autant que plusieurs autres que le droit de la guerre autorise évidemment et qui ont lieu dans toutes les guerres d'Europe. En quoi est-il plus odieux de brûler les moissons et de faire prisonniers les femmes et les enfants que de bombarder la population inoffensive d'une ville assiégée ou de s'emparer en mer des vaisseaux marchands appartenant aux sujets d'une puissance ennemie ?» (oeuvres de Tocqueville, La Pléiade, tome 1, pages 704 et 705). Malgré tout lucide, l'historien ajoute en 1847 :
«Autour de nous, les lumières se sont éteintes. Nous avons rendu la société musulmane beaucoup plus misérable, plus désordonnée, plus ignorante et plus barbare qu'elle n'était avant de nous connaître.»

Actualités de l'Histoire
Revue de presse et anniversaires

Histoire & multimédia
vidéos, podcasts, animations

Galerie d'images
un régal pour les yeux

Rétrospectives
2005, 2008, 2011, 2015...

L'Antiquité classique
en 36 cartes animées

Frise des personnages
Une exclusivité Herodote.net