SOS Racisme (1984)
« Touche pas à mon pote ! »
En 1983, une marche des Beurs contre le racisme réunit 200 000 personnes entre Lyon et Paris. Des mouvements de jeunesse israélites, proches du gouvernement socialiste, se rapprochent de ces jeunes musulmans d'origine maghrébine.
L'année suivante, ils créent ensemble l'association SOS Racisme, avec un symbole : une main colorée dressée contre l'adversaire, et un slogan : « Touche pas à mon pote ! »
L'opinion publique, ravie, voit dans ce slogan l'expression juvénile de l'antiracisme et la promesse d'une société multicolore et fraternelle. Elle n'en discerne pas le sens véritable : l'affirmation qu'un délinquant devient intouchable dès lors qu'il est un ami (un « pote »). C'est la négation de la justice, de la loi et de l'égalité entre les citoyens.
La petite main judéo-musulmane n'évoque plus que les illusions d'une époque révolue. Julien Dray, l'un des fondateurs de SOS Racisme, s'en fait l'écho quinze ans plus tard, en écrivant : « Avec la fin de la mixité sociale s'est mise en place la fin de la mixité ethnique. L'arrivée de l'immigration africaine a rajouté les blacks aux beurs. Le piège était refermé. Le processus d'intégration par le brassage des populations s'est brutalement interrompu... Beaucoup de jeunes impliqués dans des violences urbaines sont des blacks et des beurs. Réalité qu'enveloppe avec une fausse pudeur la périphrase "jeunes de banlieue" » (Julien Dray, État de violence, Editions n°1, 1999).
Après la victoire de l'équipe française en juillet 1998, lors de la Coupe du Monde de football, le slogan est remplacé par l'évocation de la « génération black-blanc-beur ». Brève illusion. Derrière l'apparente générosité du propos, perce le danger du communautarisme et d'une société éclatée.
Par l'emploi du basic english (black au lieu de Noir) et du verlan (beur pour Arabe ou Nord-Africain) et la référence obsédante à des classifications ethniques et raciales, la « génération black-blanc-beur » se met en marge d'une communauté française fondée sur l'adhésion à une culture prestigieuse et aimable. L'islamisation de la jeunesse immigrée et l'islamisme radical pointent leur nez...