Mme Roland (1754 - 1793)
« Ô Liberté, que de crimes on commet en ton nom ! »
Apostrophe de Mme Roland, le 18 brumaire an III (8 novembre 1793), au moment de monter sur l'échafaud, lequel était situé en face d'une statue de la Liberté, sur la place de la Révolution (ci-devant place Louis XV, future place de la Concorde), à Paris.
Ce cri fait écho aux Montagnards, ou députés de la « Montagne », qui proclament à qui veut les entendre : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! ».
Dès 1791, les Montagnards s'opposent aux Girondins - ou Brissotins -. Il s'agit de plusieurs députés originaires du département de la Gironde. Parmi eux, Brissot, Guadet, Buzot, Condorcet, Pétion, Pache, Louvet, Barbaroux ainsi que Roland de la Platière et son épouse, Manon Philipon, femme de grande culture et de caractère, lectrice passionnée de Plutarque, qui tenait un salon à la mode sous l'Ancien Régime, rue Guénégaud.
Manon Philipon a épousé l'inspecteur des poudres Roland de la Platière en 1780. Sous la Révolution, elle devient l'égérie de son groupe et acquiert une influence notable dans le gouvernement girondin où elle obtient pour son mari les fonctions de ministre de l'Intérieur. Ce gouvernement est à l'origine de la déclaration de guerre à l'Autriche en 1792.
Le 10 juin 1792, comme le roi refuse de sanctionner les décrets portant sur le bannissement des prêtres réfractaires et la formation près de Paris d'un camp de 200 000 fédérés, Mme Roland adresse au roi, sous la signature de son mari, une lettre comminatoire « à peine polie ». Le roi réplique en renvoyant Roland et ses deux collègues, les ministres Servan et Clavière. C'est la fin du gouvernement girondin et le retour des feuillants (monarchistes modérés) au pouvoir.
Après la chute de la monarchie (10 août 1792), les Girondins doivent faire face à l'hostilité des Montagnards de la Convention et de la Commune de Paris. Ils sont arrêtés le 2 juin 1793 et guillotinés six mois plus tard, à l'exception de Jean-Marie Roland qui réussit à s'échapper... mais se donne la mort en apprenant l'exécution de sa femme.
Celle-ci, qui s'était laissée arrêter le 2 juin 1793, avait été libérée le 24 juin puis à nouveau incarcérée le jour même. Dans l'attente de son jugement, elle rédige à la Conciergerie des Mémoires qui demeurent un témoignage de première main sur la Gironde.