Raymond Poincaré (1860 - 1934)
« La mobilisation n'est pas la guerre ! »
Déclaration aventurée de Raymond Poincaré (54 ans) lors de la mobilisation générale décrétée le 1er août 1914 par solidarité avec l'Empire russe. Tandis que, dans tout le pays, le tocsin prévient la population de cette mobilisation, le Président de la République française, élu l'année précédente, déclare dans un Appel à la nation française : «La mobilisation n'est pas la guerre. Dans les circonstances présentes, elle apparaît, au contraire, comme le meilleur moyen d'assurer la paix dans l'honneur»! Le 4 août 1914, alors que la guerre est devenue effective, le président adresse aux parlementaires un message avec ces mots : «Dans la guerre qui s'engage, la France (...) sera héroïquement défendue par tous ses fils, dont rien ne brisera devant l'ennemi l'Union sacrée...» L'Union sacrée ! L'expression va faire florès. Une fois les hostilités engagées, le président échoue par son manque de charisme et sa raideur à stimuler les énergies. Il renonce à visiter le front et, à l'heure de vérité, en 1917, se résout à appeler son vieil adversaire politique, Georges Clemenceau, à la tête du gouvernement (la présidence du Conseil). En octobre 1918, il s'oppose à lui en plaidant pour la poursuite des combats jusqu'à l'effondrement complet des troupes allemandes. Dans une lettre à Clemenceau, qui préfère un armistice immédiat, il lui demande de ne pas laisser «couper le jarret à nos troupes». Clemenceau met sa démission dans la balance et l'oblige à retirer sa lettre.