Pierre Orseolo II (1000)
« Desponsamus te, mare nostrum, in signum veri perpetuique domini ! » (en latin)
« Nous t'épousons, notre mer, en signe de véritable et perpétuelle souveraineté » (traduction)
Chaque année, le jour de l'Ascension, le doge de la Sérénissime République de Venise montait cérémonieusement à bord d'une superbe galère sculptée et dorée, le Bucentaure, escorté d'une myriade de gondoles et de barques richement décorées. Arrivé au large du Lido, il jetait à la mer un anneau béni en or, symbolisant les épousailles de l'État vénitien avec une mer lui devant soumission. Dans le même temps, les cloches de la ville sonnaient à toute volée.
Cette tradition remonterait à l'Ascension de l'an Mil, jour du départ de Pierre Orseolo II pour des conquêtes en Istrie et en Dalmatie. Une tradition complémentaire se réfère à la victoire navale de 1117 sur les galères de Frédéric Barberousse. Allié de Venise, le pape Alexandre III, flagorneur, aurait alors surrenchéri : «Que la mer vous soit soumise comme l'épouse l'est à l'époux».
De fait, la République de Venise régna sur la mer Adriatique et bien au-delà, jusqu'en Crète, de 811 à 1797, date à laquelle elle fut dissoute et annexée à l'Autriche par le traité de Campoformio.
Cité vouée au commerce, Venise a été tout le temps gouvernée par un Grand Conseil composé des patriciens représentant les plus riches familles. Il revenait à ceux-ci d'élire le doge (du latin dux, qui signifie chef). Plus haut magistrat de la République, le doge était élu à vie mais ses pouvoirs étaient sévèrements encadrés. -