Antoine-Laurent de Lavoisier (1743 - 1794)
« Rien ne se crée, ni dans les opérations de l'art ni dans celles de la nature, et l'on peut poser en principe que, dans toute opération, il y a une quantité de matière avant et après l'opération; que la qualité et la quantité des principes sont les mêmes et qu'il n'y a que des changements »
À la fois chimiste et financier, Antoine-Laurent de Lavoisier est élu à 25 ans à l'Académie des sciences ! Sollicité sur un problème d'éclairage à Paris, il montre expérimentalement que la combustion de l'hydrogène ne se solde pas par une disparition de matière mais par la formation de nouvelles substances par addition avec l'air. Ses recherches, rassemblées dans un volumineux Traité élémentaire de chimie, publié en 1789, sont à l'origine de la chimie moderne. Elles tournent autour du principe ci-dessus, que l'on résume usuellement par l'aphorisme : «Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme». La fonction parallèle de fermier général qu'exerce Lavoisier n'est peut-être pas étrangère à la découverte de ce principe... La collecte des impôts amène en effet le savant à pratiquer la comptabilité double : on totalise dans une colonne les recettes, dans une autre les dépenses et l'on veille à ce que les deux totaux soient identiques... même résultat qu'en chimie !
« La République n'a pas besoin de savants »
Comme fermier général et privilégié de l'Ancien Régime, le chimiste Antoine-Laurent de Lavoisier eût à pâtir de la Révolution. Il est emprisonné le 24 novembre 1793, sous la Terreur, en dépit des services rendus à la République. Le tribunal révolutionnaire l'ayant condamné à la guillotine, le savant demande un sursis de quinze jours pour terminer une expérience. Si l'on en croit une relation tardive de l'abbé Grégoire, il s'attire cette réplique du vice-président du tribunal, un certain Coffinhal : Nous n'avons pas besoin de chimistes». La postérité, pour souligner la malfaisance de la Convention, retient la formule : La République n'a pas besoin de savants !»... La scène et la formule paraissent peu vraisemblables quand l'on sait la vigueur avec laquelle le gouvernement révolutionnaire mobilisait les scientifiques au service de la guerre contre l'envahisseur. Lavoisier est guillotiné le 8 mai 1794 sur la place de la Révolution (aujourd'hui place de la Concorde) ainsi que ses 27 collègues de la ferme générale.