Pirates et corsaires

L’Âge d’or de la piraterie (2/4)

Au XVIe siècle, la piraterie se développe sous l'impulsion du commerce maritime, dans les Antilles puis dans l'océan Indien.  Dans leur course à la puissance, les souverains européens créent aussi le statut de corsaire (dico) afin de mieux combattre leurs ennemis.

Aert Anthoniszoon, Navire français attaqué par deux galiotes barbaresques, vers 1615, Londres, National Maritime Museum. Agrandissement : Théodore Gudin, Combat d'un vaisseau français et de deux galères barbaresques, XIXe siècle, Collections du Musée national de la Marine de Toulon.

Les Barbaresques dans la Méditerranée

Khayr al-Din Barberousse, Anonyme, XVIe siècle, Paris, musée du Louvre. Agrandissement : Khayr al-Din Barberousse avec le trident, allégorie de la puissance maritime, Anonyme, XVIe siècle.C’est dans la Méditerranée que renaît la piraterie à l’aube de la Renaissance. Elle est portée par les corsaires basés en Afrique du Nord et entrés au service du sultan ottoman qui règne à Constantinople. Ils sont appelés « Barbaresques », la Barbarie étant le nom sous lequel est désignée à l’époque l’Afrique du Nord ou Maghreb.

Au premier rang d’entre eux se trouve Barberousse qui s'empara d'Alger en 1529 et mit aussi le siège devant Nice avant d’hiverner à Toulon en 1543.

Les Barbaresques et la flotte ottomane subirent ensuite des défaites sévères dont celle de Lépante, en 1571. On en revint alors à une piraterie traditionnelle, portée sur le pillage et le trafic d’esclaves en Méditerranée et jusqu'en Islande.

Francisco Pacheco, San Pedro Nolasco s'embarquant pour aller racheter des captifs détenus par des musulmans, vers 1600, musée des Beaux-Arts de Séville. L'historien José María Asensio a identifié la figure du batelier comme un portrait possible de l'écrivain Miguel de Cervantes, basé sur le Livre des portraits de Pacheco.

Métaux précieux et épices, trésors convoités

À partir du XVIe siècle, suite à la découverte de l’Amérique par les Espagnols et au contournement de l’Afrique par les Portugais, le commerce maritime et son corollaire, la piraterie, se reportent vers l’Atlantique et l’océan Indien où transitent les galions chargés de riches cargaisons à destination de l’Europe : métaux précieux, tabac, épices, bois exotiques... 

Thomas Cavendish, Sir Francis Drake et Sir John Hawkins, British School, XVIIe siècle, Londres, National Maritime Museum.  Agrandissement : Drake est adoubé chevalier par la reine Élisabeth Ière, bronze, Joseph Boehm, 1883, Royaume-Uni, Tavistock.Désireux de ruiner le monopole que se sont arrogés les Portugais et les Espagnols sur ce commerce, les souverains de France et d’Angleterre encouragent leurs propres marins et armateurs, tel le Dieppois Jean Ango, à les combattre.

Les pirates anglais, et notamment les « Chiens de Mer » (Sea dogs) de John Hawkins, s’élancent dans le sillage des Dieppois et des Rochelais. Le plus illustre d’entre eux, Francis Drake, s’empare de la flotte espagnole qui transporte l'or du Pérou à partir de Panama.

Les « Gueux de la mer » hollandais s'y mettent aussi en s'emparant en 1572 de La Brielle, ville hollandaise occupée par les Espagnols. C'est le début de la guerre d'indépendance des Pays-Bas.

Prise de Brielle, Jan Luyken, 1679, musée historique d'Amsterdam.

Sus aux galions ! Flibustiers et Frères de la Côte

Au XVIIe siècle, des aventuriers de toutes origines s'en vont chercher fortune sur les mers. Ils s’installent dans les Antilles, au large des colonies espagnoles, notamment sur l’île de la Tortue, près d’Hispaniola (Haïti).

Jean-Baptiste Picquenard, Monbars l'exterminateur ou Le Dernier chef des flibustiers, Anecdote du Nouveau Monde, t. I, Paris, Galland, 1807. Agrandissement : The Ghost of Captain Brand, Howard Pyle, 1896.L'île accueille des pirates français et anglais désignés sous le nom de flibustiers. Ils se regroupent en une confrérie, les « Frères de la Côte ».

Le pionnier de la flibuste fut  le Dieppois Pierre Le Grand. En 1635, il se distingue en abordant un galion faisant route vers Cuba. Son succès lui vaut de finir ses jours à Dieppe en riche bourgeois.

Mais le plus redoutable et le plus sanguinaire des flibustiers fut  l’Olonnois, car né en 1630 aux Sables-d’Olonne. Son attaque de San Pedro (Honduras) déconsidéra la flibuste jusqu'à la cour de Louis XIV.

Un autre flibustier de grande cruauté futle Gallois Henry Morgan, qui s’installa à la Jamaïque et pilla les colonies espagnoles alentour. Malgré ses actes de torture, il fut toujours couvert par le gouverneur de l'île et à la fin de sa vie, fut anobli et nommé gouverneur de la Jamaïque.

Les pirates dans la géopolitique européenne

René Duguay-Trouin, Antoine Graincourt, XVIIIe siècle, Paris, musée national de la Marine. Agrandissement : Jean Bart, Mathieu Elias, XVIIIe siècle, Paris, musée national de la Marine.Louis XIV eut recours à de nombreux corsaires dont les plus connus sont Jean Bart et  Duguay-Trouin qui s’empara de Rio de Janeiro.

Après la paix d'Utrecht en 1713, marins anglais et français s’enrôlèrent en masse dans la piraterie et commencèrent de s'en prendre aux navires qui pratiquaient le transport d'esclaves (dico).

Un des corsaires les plus connus de cette époque fut le Britannique Bartholomew Roberts, à l’origine d’un fameux « code des pirates » qui fixait la discipline, les règles de partage des butins, ainsi qu'une police d’assurance pour chacun.

 Bartholomew Roberts et deux navires, le Royal Fortune et le Ranger sur la côte de Guinée, Benjamin Code, vers 1724.

Les pirates de Madagascar et de l’océan Indien

Dans les années 1690, les flibustiers furent chassés de Antilles et migrèrent vers l’océan Indien pour tirer profit des échanges croissants entre les Indes et l'Europe (soie, indiennes, épices, porcelaine, etc.). Ils s’installèrent dans de petites îles comme Sainte-Marie, près de Madagascar.

Parmi ces pirates, Henry Every dit Long Ben, fut en 1695 l’homme le plus recherché du monde, et pour cause. Il s'empara du navire du Grand Moghol qui transportait, outre sa fille et sa suite, une quantité colossale d’or et de pierreries.

Mais vers la fin des années 1720, les pirates sentirent le vent tourner. Beaucoup acceptèrent les amnisties royales et abandonnèrent leurs activités. L’Âge d’or de la piraterie prit fin.

Publié ou mis à jour le : 2023-03-27 17:17:24

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