Le 21 mai 1529, les janissaires (dico) turcs de Barberousse s'emparent de la puissante forteresse espagnole qui se dresse face à Alger, le Peñon. Le pirate fait exécuter le gouverneur de la forteresse. Il devient le maître tout-puissant de la ville d'Alger et de ses environs immédiats. Lui-même et ses successeurs vont dès lors écumer la Méditerranée jusqu'à la veille du débarquement français en Algérie.
Une famille de pirates
Les Barberousse sont au début quatre frères, nés d'un Albanais converti à l'islam. Leur nom vient de la barbe rousse que porte l'aîné, Aroudj (ou Arudj).
Corsaires dès leur plus jeune âge, ils reçoivent du sultan Sélim Ier, qui règne à Istamboul, la mission de combattre et soumettre les Maures d'Afrique du Nord. À la tête de 2 000 janissaires (mercenaires turcs), ils s'acquittent de leur mission avec une brutalité remarquée en s'emparant d'abord de Tunis.
Dans le même temps, les Espagnols, qui ont abattu le dernier royaume musulman de la péninsule hispanique, commencent à manifester des envies de conquête sur le littoral nord-africain.
En 1512, le roi berbère de Bougie appelle à l'aide les frères Barberousse. Il veut récupérer la ville dont l'ont chassé les Espagnols. Quatre ans plus tard, c'est au tour du roi d'Alger d'appeler à l'aide les frères Barberousse. Il s'inquiète à juste titre de la menace que représente la forteresse espagnole du Peñon.
Peu au fait des lois de l'hospitalité, Aroudj exécute le roi d'Alger dans son bain et pourchasse ses fidèles. Ses janissaires tuent et violent à qui mieux mieux. Les corps des notables sont pendus aux remparts. Aroudj poursuit ses adversaires jusqu'à Tlemcen. Mais le roi berbère de cette ville est allié au gouverneur espagnol d'Oran qui surgit avec ses troupes, chasse Aroudj de Tlemcen et finit par le tuer.
La revanche du dernier Barberousse
Des quatre frères Barberousse ne survit plus que Kheir ed-Din. Celui-ci prend aussitôt la relève de son aîné. Il inflige une sévère défaite aux troupes de l'empereur Charles Quint sous les murs d'Alger et peut dès lors attaquer le Peñon d'Alger.
Après l'éviction des Espagnols, Kheir ed-Din va librement écumer la Méditerranée avec ses galères, pillant les côtes et les navires de rencontre. L'objectif est la prise d'un maximum de butin. Il s'agit essentiellement de prisonniers, hommes, femmes et enfants, que l'on libère contre rançon s'ils sont riches ou que l'on vend comme esclaves sur les marchés d'Orient.
C'est par dizaines de milliers que se comptent les malheureux paysans, voyageurs ou marins enlevés à leur famille, condamnés à la mort lente et aux travaux forcés, au harem s'il s'agit de femmes.
Suivant les consignes du sultan Soliman auquel il a fait acte d'allégeance pour la ville d'Alger en 1520, Kheir ed-Din s'applique à ruiner les côtes italiennes en vue d'affaiblir la chrétienté en son coeur.
Soliman le Magnifique en est si impressionné qu’il le nomme en 1533, grand Amiral de la flotte ottomane. Puis Barberousse reprend Tunis en 1534 mais en est chassé par Charles Quint lui-même en 1535. Trois ans plus tard, il prend sa revanche en infligeant une lourde défaite à la flotte chrétienne, lors de la bataille de la Preveza en 1538.
Au corsaire musulman s'oppose un autre corsaire, chrétien celui-là, mais non moins talentueux. Il s'agit d'Andrea Doria, issu d'une noble lignée de Gênes. Andrea Doria se met au service du roi de France François Ier puis de l'empereur Charles Quint, son rival.
En 1534, le bey arabe de Tunis, chassé de sa ville par Barberousse, appelle à son secours l'empereur lui-même. Charles Quint débarque en force près de Tunis avec Andrea Doria et libère la ville où il entre lui-même en triomphe le 6 août 1535. 20 000 esclaves chrétiens sont libérés et Tunis devient vassale de l'empereur germanique. Le bey ne peut faire moins que d'abolir l'esclavage.
Charles Quint a moins de chance en 1541 avec Alger. Après l'échec d'une tentative de débarquement, la ville reste aux mains des Barbaresques.
L'empereur doit aussi compter avec le roi de France. François Ier s'accroche à son rêve de conquérir l'Italie et veut pour cela abattre Charles Quint. Il négocie une alliance avec le sultan Soliman II le Magnifique puis fait appel aux services de Kheir ed-Din, livrant Toulon à celui-ci en 1543.
Tout cela pour rien. Kheir ed-Din, le dernier Barberousse, se désengage au prix fort et poursuit la guerre de course jusqu'à sa mort, à 70 ans, qui survient en 1546 dans son palais d'Istamboul.
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Voir les 4 commentaires sur cet article
Erik (21-05-2018 11:09:38)
Madjid, il m'aura fallu douze longues années d'étude et de réflexion pour enfin pouvoir vous dire que l'histoire de l'Algérie commence en 1830 :-)
Jacqueline (08-07-2013 09:36:29)
Remarquable n'est peut-être pas l'adjectif qui convienne pour la BRUTALITE qui peut être sauvage, dure violente et surtout REVOLTANTE !!!
Georges Schell (20-05-2013 23:18:32)
Article très intéressant. Merci beaucoup !