Jésus-Christ (6 avant JC - 33)
« Un prophète n'est méprisé que dans son pays, sa famille et sa propre maison »
Source : Évangile de Jésus-Christ selon Saint Marc (6, 1-6)
Au commencement de sa prédication, dans la province de Galilée où il a grandi, le Christ se heurte au scepticisme de ses auditeurs. Ces derniers voient en lui un voisin qu'ils ont côtoyé pendant de nombreuses années, d'où sa remarque acerbe, que l'on peut lire dans l'Évangile de Jésus-Christ selon Saint Marc (6, 1-6). Et l'évangéliste d'observer : «Les nombreux auditeurs, frappés d'étonnement, disaient : D'où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? N'est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ?».
Notons que dans l'extrait ci-dessus, l'Évangile semble prêter à Jésus des frères et des sœurs, ce qui est admis par les protestants mais contesté par les catholiques. Le mot grec adelphos employé par les évangélistes pourrait en effet désigner aussi bien les frères que les cousins ou les proches du Christ.
Notons que la tradition catholique selon laquelle Marie, la mère du Christ, serait restée vierge et sans autre enfant est relativement récente. Notons aussi, pour en sourire, que les Galiléens désignent les frères du Christ par leur nom mais ne se soucient pas d'en faire autant pour ses sœurs...
Comme aujourd'hui encore, dans maints pays d'Orient, les femmes comptaient moins que les hommes.-
« Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés ! »
Source : Évangile de Jésus-Christ selon Saint Matthieu (5,1-12)
Ce passage de l'Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu est connu comme le sermon des Béatitudes. Il figure au cœur de la prédication du Christ.
Le voici dans son intégralité :
Quand Jésus vit la foule, il gravit la montagne. Il s'assit, et ses disciples s'approchèrent. Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. Il disait :
«Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux !
Heureux les doux : ils obtiendront la terre promise !
Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés !
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés !
Heureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde !
Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu !
Heureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu !
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux !
Heureux serez-vous si l'on vous insulte, si l'on vous persécute et si l'on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux ! C'est ainsi qu'on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés». -
« Celui d'entre vous qui est sans péché, qu'il soit le premier à lui jeter la pierre. »
Source : Évangile de Jésus-Christ selon Saint Jean (8,1-11)
La formule ci-dessus est extraite de l'un des passages les plus connus des Évangiles, dans lequel Jésus est sommé par les élites locales de juger une femme adultère conformément à la loi de Moïse :
Jésus s'était rendu au mont des Oliviers ; de bon matin, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s'assit et se mit à enseigner. Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu'on avait surprise en train de commettre l'adultère. Ils la font avancer et disent à Jésus : «Maître, cette femme a été prise en flagrant délit d'adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, qu'en dis-tu ?» Ils parlaient ainsi pour le mettre à l'épreuve, afin de pouvoir l'accuser. Mais Jésus s'était baissé et, du doigt, il traçait des traits sur le sol.
Allait-il se placer en contradiction avec son message de compassion ? Que nenni ! Il se tire du piège avec habileté :
Comme on persistait à l'interroger, il se redressa et leur dit : «Celui d'entre vous qui est sans péché, qu'il soit le premier à lui jeter la pierre». Et il se baissa de nouveau pour tracer des traits sur le sol. Quant à eux, sur cette réponse, ils s'en allaient l'un après l'autre, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme en face de lui...
Plus important que cela, Jésus ne se contente pas de ruser avec les prétentieux scribes. Resté seul avec la femme adultère, il lui pardonne après avoir pris en compte le fait qu'elle avait réellement péché.
C'est le principe chrétien de la rédemption, selon lequel le pardon et la pénitence peuvent effacer le péché, qui s'exprime dans ce texte :
Il se redressa et lui demanda : «Femme, où sont-il donc ? Alors, personne ne t'a condamnée ?» Elle répondit : «Personne, Seigneur». Et Jésus lui dit : «Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus».
« Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »
Source : Évangile de Jésus-Christ selon Saint Luc (20, 24-26)
Ce dialogue extrait de l'Évangile selon Saint Luc (20, 24-26) est essentiel à la compréhension des relations entre l'Église et la société civile. Il définit en effet en une phrase le principe de séparation du spirituel et du séculier, ou laïcité).
On peut aussi retenir cet autre passage de Saint Luc (12, 13-21) :
Du milieu de la foule, un homme demanda à Jésus : «Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage.» Jésus lui répondit : «Qui m'a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ?» Jésus réitère la distinction entre la sphère spirituelle et la sphère terrestre lorsqu'il déclare au gouverneur romain Pilate : «Ma royauté n'est pas de ce monde. Si ma royauté était de ce monde, mes gardes auraient combattu pour que je ne sois pas livré aux Juifs. Mais ma royauté, maintenant, n'est pas d'ici.» (Évangile selon Saint Jean, 18, 36).
La laïcité s'est mise en place peu à peu en Europe occidentale à mesure que se sont formés les États modernes. En France, le processus a débuté avec les premiers Capétiens et a abouti avec la loi de séparation des Églises et de l'État.