Georges Danton (1759 - 1794)
« De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace »
Fils d'un procureur d'Arcis-sur-Aube, en Champagne, Georges Danton devient avocat en 1787 avant de se rallier avec passion au mouvement révolutionnaire. Sa laideur et sa vigueur, sa vénalité aussi, le font surnommer le «Mirabeau de la canaille». C'est à l'été 1792 qu'il se révèle. L'Assemblée législative est réduite à l'impuissance par les menées séditieuses de la Commune insurrectionnelle de Paris... Le pays est menacé d'invasion par les Prussiens et les Autrichiens. Le 21 juillet, un décret proclame «la Patrie en danger». Mais le 10 août 1792, la monarchie est renversée et l'Assemblée législative décide de se saborder et de laisser la place à une assemblée constituante. Entre temps, elle fait entrer Danton au Conseil exécutif (le gouvernement), au poste de ministre de la Justice. Longwy capitule devant les Prussiens le 23 août. La Révolution semble perdue. Le 2 septembre, à Paris, mûs par le désespoir et la haine, des émeutiers commencent à massacrer des malheureux en attente de jugement dans les prisons... Mais le même jour, à la tribune de l'Assemblée, Danton galvanise les énergies et lance : «Tout s'émeut, tout s'ébranle, tout brûle de combattre. Une partie du peuple va se porter aux frontières, une autre va creuser des retranchements et la troisième, avec des piques, défendra l'intérieur des villes (...). Nous demandons que quiconque refusera de servir de sa personne ou de remettre ses armes soit puni de mort (...). Le tocsin qu'on va sonner n'est point un signal d'alarme, c'est la charge sur les ennemis de la patrie. Pour les vaincre, il nous faut de l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace, et la France est sauvée». Ce discours (et plus encore peut-être les arrangements secrets de Danton avec le duc de Brunswick, commandant en chef de l'armée ennemie) vont être à l'origine du sursaut de Valmy. Par cette victoire inespérée, la Révolution sera sauvée.
« Après le pain, l'éducation est le premier besoin du peuple »
Le 6 avril 1793, l'assemblée révolutionnaire de la Convention crée le Comité de salut public à l'initiative du tribun Georges Danton. Il s'agit de sauver la France et la Révolution des périls intérieurs et extérieurs. Danton lui-même préside le Comité. Mais enrichi par la corruption et remarié en juin 1793 avec une jeunette de 17 ans, Danton aspire à jouir de la vie dans sa retraite d'Arcis-sur-Aube. Il prend du recul par rapport à la Révolution. Le 10 juillet 1793, il est évincé de la présidence du Comité, où fait son entrée Robespierre, un rival aussi austère que lui-même est jouisseur. Un mois plus tard, le 13 août 1793, à la tribune de la Convention, Danton, toujours en avance d'une idée, n'en lance pas moins le projet d'une instruction publique, gratuite et obligatoire : «Quand vous semez dans le vaste champ de la République, vous ne devez pas compter le prix de la semence ! Après le pain, l'éducation est le premier besoin du peuple !».
« Tu montreras ma tête au peuple. Elle en vaut la peine »
Le tribun Georges Danton, ancien avocat, orateur puissant et inspiré, a maintes fois sauvé la Révolution française dans les mois difficiles de 1792 et 1793. Début 1794, il aspire à clore le processus révolutionnaire et mettre un terme à la Terreur d'autant que les périls extérieurs et intérieurs semblent écarter. Il mène campagne en ce sens avec ses amis, dont Camille Desmoulins, rédacteur du Vieux Cordelier. Mais les Jacobins, unis autour de Robespierre et maîtres du Comité de salut public, ne l'entendent pas ainsi. Ils dénoncent les dantonistes, surnommés avec mépris les «Indulgents» et les font arrêter le 30 mars 1794. Danton se défend avec énergie devant le Tribunal révolutionnaire le 2 avril. Il n'en est pas moins guillotiné le 5 avril 1794 et prononce alors les mots ci-dessus à l'adresse du bourreau.