Sir Winston Churchill (1874 - 1965)
« Chaque fois qu'il nous faudra choisir entre l'Europe et le grand large, nous serons toujours pour le grand large. »
Le 19 septembre 1946, à l'Université de Zurich, Winston Churchill, ex-Premier ministre britannique, appelle de ses vœux les « États-Unis d'Europe » sur la base d'une réconciliation franco-(ouest-)allemande... mais sans la Grande-Bretagne. À ses yeux, son pays a vocation à être seulement « au nombre des amis et garants de cette nouvelle Europe ».
Rappelons l'adresse de Churchill à de Gaulle en juin 1944 : « Sachez-le, général ! Chaque fois qu'il nous faudra choisir entre l'Europe et le grand large, nous serons toujours pour le grand large. Chaque fois qu'il me faudra choisir entre vous et Roosevelt, je choisirai Roosevelt ».
À Zurich, il ne pense sans doute pas autrement : « Chers amis continentaux, à deux reprises déjà, vous nous avez impliqués dans vos querelles. Faites donc la paix entre vous une bonne fois pour toutes et laissez-nous mener nos affaires avec le vaste monde ».
Toutefois, ses rivaux travaillistes, au pouvoir en Grande-Bretagne depuis juillet 1945 avec Anthony Eden, restent quant à eux fidèles à la tradition diplomatique britannique de l'équilibre des pouvoirs (balance of power). Le 4 mars 1947, ils signent avec la France le traité de Dunkerque par lequel ils s'engagent à soutenir militairement la France dans l'éventualité (très improbable) d'une renaissance du militarisme allemand.