Sir Winston Churchill (1874 - 1965)
« I have nothing to offer but blood, toil, tears, and sweat... » (en anglais)
« Je n'ai à offrir que du sang, de la peine, des larmes et de la sueur... » (traduction)
Ces mots saisissants sont extraits du discours de Churchill devant le Parlement britannique, le 13 mai 1940, trois jours après l'invasion de la France par Hitler et la nomination de l'orateur au poste de Premier ministre du Royaume Uni. Churchill, en fin connaisseur de l'Histoire, les a empruntés au révolutionnaire italien Giuseppe Garibaldi, qui les a prononcés pour la première fois à Rome, le 2 juillet 1849, devant ses Chemises rouges. Par son énergie et son talent oratoire, Churchill a déterminé les responsables et le peuple britanniques à lutter de toutes leurs forces contre le nazisme. -
« Never in the field of human conflict was so much owed by so many to so few » (en anglais)
« Jamais, dans l'histoire des guerres, un si grand nombre d'hommes n'ont dû autant à un si petit nombre. » (traduction)
Par cette déclaration publique du 20 août 1940, le Premier ministre Winston Churchill exprime la reconnaissance des hommes libres à l'égard de la poignée de pilotes de la Royal Air Force : ils ont repoussé les attaques de la Luftwaffe allemande et préservé l'Angleterre d'une invasion qui eut été fatale à la liberté en Europe.
À la veille du débarquement de Normandie, Churchill a un entretien orageux avec le général de Gaulle, chef de la France libre. Il lui dit à cette occasion : «Sachez-le, général ! Chaque fois qu'il nous faudra choisir entre l'Europe et le grand large, nous serons toujours pour le grand large. Chaque fois qu'il me faudra choisir entre vous et Roosevelt, je choisirai Roosevelt».
Ce principe allait très longtemps guider les dirigeants britanniques de l'après-guerre. -
« Chaque fois qu'il nous faudra choisir entre l'Europe et le grand large, nous serons toujours pour le grand large. »
Le 19 septembre 1946, à l'Université de Zurich, Winston Churchill, ex-Premier ministre britannique, appelle de ses vœux les « États-Unis d'Europe » sur la base d'une réconciliation franco-(ouest-)allemande... mais sans la Grande-Bretagne. À ses yeux, son pays a vocation à être seulement « au nombre des amis et garants de cette nouvelle Europe ».
Rappelons l'adresse de Churchill à de Gaulle en juin 1944 : « Sachez-le, général ! Chaque fois qu'il nous faudra choisir entre l'Europe et le grand large, nous serons toujours pour le grand large. Chaque fois qu'il me faudra choisir entre vous et Roosevelt, je choisirai Roosevelt ».
À Zurich, il ne pense sans doute pas autrement : « Chers amis continentaux, à deux reprises déjà, vous nous avez impliqués dans vos querelles. Faites donc la paix entre vous une bonne fois pour toutes et laissez-nous mener nos affaires avec le vaste monde ».
Toutefois, ses rivaux travaillistes, au pouvoir en Grande-Bretagne depuis juillet 1945 avec Anthony Eden, restent quant à eux fidèles à la tradition diplomatique britannique de l'équilibre des pouvoirs (balance of power). Le 4 mars 1947, ils signent avec la France le traité de Dunkerque par lequel ils s'engagent à soutenir militairement la France dans l'éventualité (très improbable) d'une renaissance du militarisme allemand.
« The best argument against democracy is a five-minute conversation with the average voter » (en anglais)
« La meilleure critique de la démocratie est un entretien de cinq minutes avec un électeur moyen » (traduction)
Le descendant des ducs de Marlborough témoigna toute sa vie d'une fidélité sans faille aux principes démocratiques... avec un humour très britannique, cela va de soi. Ne dit-on pas de lui, en référence à sa mère américaine, qu'il est
«50% Américain et 100% Britannique». Sur un mode résigné, dans un discours aux Communes le 11 novembre 1947 (cité par Bruno Hongre) :
«No one pretends that democracy is perfect or all wise. Indeed, il has been said that democracy is the worst form of government except for all those others that have been tried» «Personne ne prétend que la démocratie est parfaite ou sage. Il m'est arrivé d'entendre dire que c'est le pire des gouvernements à l'exception de tous ceux qui ont déjà été essayés». Personnalité d'exception, guerrier-né, écrivain prolixe (prix Nobel de littérature 1953), homme d'État imaginatif,
Churchill nous a aussi légué de nombreux mots d'esprit. En voici une sélection plus ou moins avérée, établie par le service de presse des éditions Tallandier. Lady Astor :
«Monsieur Churchill, si j'étais votre femme, je verserais du poison dans votre café...» Churchill :
«Et moi, Madame, si j'étais votre mari, je le boirais !» Churchill :
«On dit de moi que j'ai été le pire ministre des Finances que l'Angleterre ait jamais connu... et on a eu raison» (allusion à sa malvenue réévaluation de la livre en 1925). Une vieille lady choquée :
«Monsieur Churchill, vous êtes ivre !» Churchill :
«Et vous, Madame, vous êtes laide... Et moi, demain, je serai sobre !» En apprenant que le président Roosevelt avait dit de lui :
«Churchill a cent idées par jour, dont quatre seulement sont bonnes... mais il ne sait jamais lesquelles !», le Premier ministre aurait rétorqué, non sans mauvaise foi :
«Le président a tort de dire cela. Lui, il n'en a jamais». Un député en séance :
«Je vois l'honorable Churchill hocher la tête pendant que je parle. Mais je lui ferai remarquer que je ne fais qu'exprimer mon opinion personnelle» Churchill :
«Et moi, Monsieur, je ne fais que hocher ma tête personnelle». Au Parlement, en novembre 1937 :
«J'ai cru comprendre que nous n'avions rien fait en matière de défense aérienne, par peur d'effrayer la population. Eh bien ! Il vaut beaucoup mieux être effrayé maintenant que tué plus tard !». Un député :
«Monsieur Churchill serait-il en train de dormir pendant que je parle ?» Churchill :
«Si seulement !» À son amie Violet Asquith, dans un rare accès de modestie :
«Nous sommes tous des vers... Mais je crois que moi, je suis un ver luisant !». Aux Chequers, 2 novembre 1940, après avoir annoncé son intention de bombarder l'Italie :
«Il faudra faire attention de ne pas bombarder le pape : il a des amis influents !» A lord Beaverbrook :
«Le champagne est nécessaire en temps de défaite, et obligatoire en temps de victoire !». A l'auteur dramatique George Bernard Shaw, qui lui avait envoyé deux billets pour la première de sa prochaine pièce, accompagnés de ces simples mots :
«Voici un billet pour vous, et pour un ami - si vous en avez un...», Churchill répond :
«Ayant déjà contracté d'autres engagements, je regrette de ne pouvoir assister à la première de votre pièce. Merci de m'envoyer deux billets pour la représentation suivante - s'il y en a une...». Au sujet de Clement Attlee, son successeur au poste de Premier ministre :
«Une voiture vide s'arrête devant Downing Street, et Clement Attlee en descend...». À Lord Mountbatten :
«Les Romains m'ont volé mes meilleures... Et pour qu'on leur en reconnaisse la paternité, ils les ont écrites en latin !». Encore un mot (on ne prête qu'aux riches) :
«Je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même falsifiées».