Élie Barnavi (André Versailles, 16,90 euros, 2009)
L'historien israélien Élie Barnavi a publié en 2009 un essai audacieux : Aujourd'hui, ou peut-être jamais (éditions André Versaille), dans lequel il plaidait pour une intervention ferme de la diplomatie américaine au Proche-Orient et surtout s'inquiétait des conséquences de la colonisation rampante des territoires occupés.
Élie Barnavi fait valoir qu'à grignoter incessamment la Cisjordanie occupée par Israël en 1967, les colons juifs et les groupuscules d'extrême-droite qui les soutiennent compromettent l'avènement d'un État palestinien viable avec des frontières pertinentes. Cela signifie à terme une imbrication de plus en plus étroite des populations juives et non-juives entre la Méditerranée et le Jourdain, dans un État binational, composé de l'État d'Israël proprement dit et de terrritoires palestiniens totalement dépendants de leur tuteur. Une situation proche, qu'on le veuille ou non, de l'apartheid sud-africain.
À terme, compte tenu de la croissance démographique plus rapide des musulmans, cette situation ne peut déboucher que sur une explosion ou sur la dissolution de l'État juif dans un État binational. Cette issue qu'appelle de ses voeux l'historien hétérodoxe Shlomo Sand, auteur du livre Comment le peuple juif fut inventé consacrerait la fin de l'idéal sioniste.
Pour l'historien Élie Barnavi, il ne fait pas de doute que la seule alternative demeure la création à brève échéance d'un État palestinien viable et indépendant. Cette conviction est partagée par la majorité des Israéliens, y compris à droite ! Mais du fait d'une Constitution et d'une proportionnelle intégrale qui permettent aux groupuscules ultra-religieux d'imposer leurs conditions à toutes les coalitions de gouvernement, aucun Premier ministre n'a encore pu la mettre en oeuvre. En 2023, cette issue paraît plus lointaine que jamais du fait de l'intensification de la colonisation en Cisjordanie où l'on compte déjà un demi-million de juifs, de la crise institutionnelle et démocratique dont est responsable le Premier ministre Benjamin Nétanyahou, enfin de la révolte palestinienne relancée par le Hamas à Gaza.
Voir : L'État hébreu en quête de légitimité
Publié ou mis à jour le : 10/10/2023 15:52:55
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