Avec l’union entre la Castille et l’Aragon, consacrée par le mariage d’Isabelle et Ferdinand en 1479, l’Espagne devient une puissance européenne et achève la Reconquista en s’emparant du royaume musulman de Grenade en 1492. Elle va pouvoir à son tour se lancer à la conquête des océans car le temps presse. Le Portugal a déjà commencé à se tailler un empire maritime.
En 1488, Bartolomeu Dias a franchi le cap de Bonne Espérance, rapprochant ainsi les Portugais des Indes… Isabelle et Ferdinand ne se font donc guère prier pour financer l’expédition de Christophe Colomb. Ce navigateur Génois propose en effet de mettre le cap à l’Ouest pour damer le pion aux entreprenants Lusitaniens…
Les Espagnols à la conquête de l’Amérique
Le 12 octobre 1492, Colomb atteint les Bahamas, puis il reconnaît Cuba et enfin Hispaniola qui deviendra St Domingue avant de rentrer en Espagne. Croyant avoir découvert les côtes les plus orientales de l’Asie, il part pour un 2e voyage en 1493 qui lui permet de fonder des implantations permanentes à Hispaniola. La colonisation de l’Amérique commence déjà et ranime encore la compétition entre les Espagnols et les Portugais.
Pour éviter les conflits, le traité de Tordesillas accorde à chacun l’exclusivité d’une route vers l’Inde au sud du parallèle des Canaries : celle de l’est pour les Portugais, celle de l’ouest pour les Espagnols. Comme la limite entre les deux passe au large des îles du Cap-Vert, les Portugais vont pouvoir s’approprier les terres du Brésil.
Le 3e voyage de Colomb en 1498 lui permet de toucher pour la première fois au continent proprement dit, mais il continue à croire qu’il s’agit des Indes. C’est l’expédition d’Alonso de Hojeda l’année suivante qui commence à entrevoir la présence d’un vaste continent : celui-ci prendra le nom de son cosmographe italien Amerigo Vespucci.
Puis en 1500, Vicente Pinzon outrepasse le traité de Tordesillas et confirme qu’il s’agit d’un continent immense en reconnaissant les bouches d’un fleuve gigantesque, l’Amazone. Peu après, le navigateur Rodrigo de Bastidas s’avance jusqu’à la côte de Panama. Lors de son 4e voyage en 1502, Colomb complète ces découvertes en atteignant le Honduras.
Par la suite, la colonisation des Antilles se poursuit avec de premières implantations à Porto Rico, la Jamaïque, puis Cuba en 1511. Vasco de Balboa fonde la première colonie sur le continent près de l’isthme de Panama. Puis en 1513, il traverse l’isthme et découvre ainsi le Pacifique.
A cette époque, les Portugais commencent à atteindre les Moluques pour le commerce des épices, situées dans l’actuelle Indonésie. La taille du Pacifique n’étant pas connue, l’idée émerge qu’elles appartiennent à l’Espagne selon le traité de Tordesillas. Le nouveau roi d’Espagne Charles Quint accepte donc la proposition du Portugais Fernand de Magellan de reconnaître la route des Moluques par l’ouest.
L’expédition est lancée en 1519 et reconnaît pour la première fois les côtes de l’Argentine, puis le détroit permettant d’atteindre le Pacifique qui portera son nom. Elle reconnaît ensuite la côte sud du Chili avant de voguer vers l’ouest jusqu’à atteindre les Philippines. Magellan y trouve la mort en 1521 lors d’une bataille contre les indigènes, et c’est finalement le nouveau commandant Elcano qui parvient à rallier les Moluques. L’expédition rentre finalement en Espagne par l’ouest en évitant les établissements portugais, achevant le premier tour du Monde.
Au cours de cette même période, un exploit tout aussi remarquable a lieu depuis l’île de Cuba. Tout commence en 1518 lorsque des explorateurs rapportent des rumeurs de terres riches en or vers l’ouest. L’année suivante, le maire de Santiago de Cuba Hernan Cortes lève une expédition pour s’en emparer. Il débarque d’abord dans le Yucatan en pays maya où il rencontre un rescapé d’une ancienne expédition et une indigène qui serviront d’interprètes.
Cortes poursuit ensuite la navigation vers l’ouest et fonde Vera Cruz sur la côte. Il rencontre alors des indigènes qui subissent depuis récemment le joug de l’empire aztèque centré à l’intérieur des terres. Cortes s’appuie sur les ennemis de l’empire pour progresser en direction de sa capitale Tenochtitlan. Il est d’abord accueilli en grande pompe par l’empereur Moctezuma II, mais les conquistadors le prennent en otage et se montrent brutaux avec la population, ce qui déclenche une insurrection des Aztèques. Cortes parvient à reprendre la ville en 1521 avec l’aide de ses alliés et la détruit en grande partie, mettant fin à l’empire aztèque. En 1524, il fonde à la place la ville espagnole de Mexico. Les années suivantes seront notamment consacrées à étendre le territoire vers le pays maya à l’est.
Une autre étape décisive est franchie en 1531 : apprenant l’existence d’un vaste empire plus au sud, l’officier Francisco Pizarro lève une armée à Panama et longe la côte pacifique jusqu’à la ville de Tumbes. Il y apprend que l’empire inca est en pleine guerre civile suite à la mort de l’empereur Huayna Capac d’une maladie mystérieuse. La variole et la rougeole apportés par les Espagnols ont déjà fait des ravages dans le Nouveau Monde, ce qui va considérablement faciliter la conquête du Pérou.
Basé à Quito, le prétendant Atahualpa est en train de remporter la guerre contre son frère Huascar installé à Cuzco. Il est sur la route de la capitale quand Pizarro débarque. Celui-ci commence par s’allier à Atahualpa, mais il le trahit peu après à Cajamarca et l’exécute avant de mettre un empereur fantoche sur le trône. Il peut ainsi reprendre à son compte les victoires d’Atahualpa et il met à sac la ville de Cuzco en 1534. Il parvient ensuite à réprimer une insurrection des indigènes en 1537, confortant son emprise. Au passage, il fonde la ville de Lima sur la côte qui s’impose rapidement comme la nouvelle capitale du Pérou. Les derniers souverains incas se réfugient à Vilcabamba où ils maintiendront une fragile autorité jusqu’en 1572.
En moins de 20 ans, les Espagnols ont réussi à découvrir et à conquérir les deux grands empires du Nouveau Monde. Il est temps de réorganiser ces nouvelles possessions espagnoles : ainsi émergent la vice-royauté de Nouvelle-Espagne en 1535 centrée sur Mexico et celle du Pérou en 1542 centrée sur Lima. Les tentatives d’implantation en Floride et sur le Rio de la Plata s’avèrent plus éphémères du fait de l’hostilité des indigènes.
Dans le même temps, les volontés d’expansion couplées à la soif de l’or motivent la poursuite des explorations. Les expéditions mènent d’abord au fond du golfe de Californie, que Cabeza de Vaca parvient à rejoindre depuis la Floride en 1536. Puis Hernando de Soto s’enfonce beaucoup plus loin à l’intérieur des terres de 1539 à 1543. Au passage, ces entreprises espagnoles contribuent à réintroduire le cheval disparu du continent lors des premières migrations humaines. Il deviendra un élément incontournable chez les Indiens d’Amérique du Nord.
Plus au sud, on peut citer la conquête des Andes Colombiennes par Gonzalo de Quesada qui fonde Bogota en 1538, et celle du Chili par Pedro de Valdivia qui fonde Santiago en 1541. Enfin la recherche de l’eldorado pousse Francisco de Orellana à redescendre l’Amazone depuis les Andes jusqu’à son embouchure en 1542.
Le milieu du XVIe siècle marque la fin de cette première phase de conquêtes espagnoles en Amérique presque incroyable par sa rapidité et son ampleur. A cette époque, l’empire espagnol est déjà une fabuleuse source de richesses pour la métropole. ..
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