Sur la route de Colomb et Magellan

Idées reçues sur les grandes découvertes

Michel Chandeigne et Jean-Paul Duviols (Le Cavalier Bleu, 190 pages, 14 euros,  2011)

Sur la route de Colomb et Magellan

Ce petit livre élégant, relié dans une couverture rigide, est un recueil de surprises pour tous les amateurs d'Histoire...

On croit tout connaître (ou presque) sur les Grandes Découvertes et l'on s'aperçoit qu'on a tout faux (ou presque).

Jean-Paul Duviols, professeur émérite à la Sorbonne et spécialiste de l'Amérique latine, s'est associé au bibliophile Michel Chandeigne pour composer ce bijou d'érudition.

L'argumentation, fondée sur une bonne connaissance des sources, est servie par une écriture agréable.

Ainsi, Michel Chandeigne et Jean-Paul Duviols observent ce que l'on sait des prédécesseurs de Christophe Colomb, ces navigateurs européens ou asiatiques qui auraient atteint le Nouveau Monde avant lui.

Hypothèses invraisemblables

À propos d'un livre de 2002 qui veut démontrer que le Chinois Zheng He serait dans ce cas, voilà ce qu'ils écrivent et pourrait s'appliquer à toutes les élucubrations de pseudo-historiens sur les sujets les plus divers : «Nous sommes devant le cas typique d'un ouvrage construit sur une thèse conçue a priori. Tous les indices deviennent des preuves, les hypothèques se métamorphosent en faits historiques, et peu à peu se construit un échafaudage complexe et romanesque qui finit par constituer l'édifice lui-même. Sans entrer dans les détails, il est aisé de de présenter des contre-arguments à chaque articulation du raisonnement, mais l'ensemble devient si fastidieux à réfuter qu'il risque de survivre encore quelque temps à toutes les dénégations».

Bien entendu, les auteurs n'ont aucun mal à démonter l'idée selon laquelle les gens du Moyen Âge considéraient la Terre comme étant plate.

Plus inattendue est la remise en cause du rôle de l'Infant Henri «le Navigateur» dans les explorations portugaises. Après sa mort, on lui a attribué la création d'un centre de recherches à Sagres, à la pointe Sud du Portugal jusqu'à ce qu'un historien allemand du XIXe siècle lui attribue son surnom. Dans les faits, son rôle a été des plus modestes et il n'a en tout cas jamais convié de savants et de marins à Sagres.

Nous apprenons aussi que les caravelles, petits navires à un seul pont et à voiles triangulaires, ont peu servi aux grandes navigations, à la différence des nefs, navires plus gros et plus ronds, à plusieurs ponts, avec des voiles triangulaires. Sans doute doivent-elles leur succès posthume à la consonance phonétique de leur nom.

L'oeuf de Christophe Colomb, la syphilis, la naissance de Christophe Colomb et celle de Magellan, les bateaux de Cortès... Ces sujets et quelques autres excitent également la curiosité des auteurs. D'aucuns seront surpris d'apprendre par exemple que les épices étaient loin de valoir autant qu'on le dit. Tout en étant d'un grand profit, un kilo de girofle, par exemple, se vendait en 1523 au prix d'un ducat d'or soit l'équivalent de 3,5 grammes d'or... C'est à peu de chose son prix actuel !


Publié ou mis à jour le : 10/06/2016 09:42:47

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