Du 1er au 4 mars 2023, le président français Emmanuel Macron a tenté de renouer le contact avec l’Afrique. Mal préparée par l’Élysée et le Quai d’Orsay, la tournée s’est soldée par de sévères embardées, en particulier lors de l’étape à Kinshasa.
Sans doute la fin de la relation privilégiée entre la France et l'Afrique francophone...
Le président Macron s’est d'abord rendu le 1er mars 2025 au Gabon (deux millions d’habitants sur 270 000 km2) où se tenait le One Forest Summit (en anglais dans le texte !).
Après un crochet par Luanda, capitale de l’Angola (35 millions d’habitants sur 1,2 millions de km2), premier producteur africain de pétrole devant le Nigeria, il s'est encore rendu à Brazzaville, au Congo-Brazzaville (6 millions d’habitants sur 342 000 km2), puis a traversé le fleuve pour se rendre en face, à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (95 millions d’habitants sur 2,4 millions de km2 en 2021).
Dans cette métropole plus turbulente qu’aucune autre, Emmanuel Macron a rencontré le président Félix Tshisekedi. Leur conférence commune, le 4 mars 2023, témoigne de tous les malentendus entre la France et l’Afrique !
Dans la vidéo ci-dessous, nous recommandons en particulier les passages à la 30e et à la 44e minutes qui montrent un affrontement à fleurets mouchetés entre les deux hommes. Le vainqueur n'est pas celui que l'on croit (ou espère)...
Emmanuel Macron s'emploie tout au long de la conférence à ne jamais citer le nom du pays voisin, le Rwanda. Il craint plus que tout de mécontenter le président rwandais Kagame, lequel ne supporte pas l'accusation (fondée) d'avoir été à l'origine du génocide de ses compatriotes tutsis en abattant l'avion de son prédécesseur, le président-dictateur Habyarimana. Or, Kagame a entrepris de piller les ressources minérales du Kivu (Est de la RDC) dans une « guerre des Grands Lacs » qui a fait des millions de morts et des millions de déplacés.
Poussé dans ses retranchements, Emmanuel Macron se défend des accusations de Félix Tshisekedi concernant le Rwanda en signifiant que le président congolais et sa classe politique portent une grande part dans les malheurs de leur pays par leur incurie ! Le reproche ne manque pas de sel, venant d'un chef d'État qui n'en finit pas de mettre son pays et ses institutions en tension (taxes sur le diesel, réforme des retraites, dette publique, dissolution...).
Félix Tshisekedi relève la critique : « Ca aussi, ça doit changer dans la manière de coopérer avec la France et l'Europe. Regardez-nous autrement, en nous respectant, en nous considérant comme de vrais partenaires et non pas toujours avec un regard paternaliste, avec l'idée de toujours savoir ce qu'il faut pour nous ».
Embarras du président Macron qui s'en sort par une pirouette en signifiant que la presse française, elle, ne se prive pas de dénoncer ses gouvernants coupables de malversations. Et de citer de façon quelque peu discourtoise son prédécesseur Jacques Chirac !
E. Macron : « Quand un ou une journaliste pose une question, ce n'est pas le gouvernement de la France... ».
À quoi son interlocuteur réplique : « Je faisais allusion aux propos de Le Drian. Lui, c'est un officiel. Et le compromis à l'africaine, c'est Le Drian, ce n'est pas la journaliste... ».
E. Macron : « Cette formule, président, on sait d'où elle est sortie... et il n'y avait pas de mépris dans la formule de Le Drian ».
F. Tshisekedi, passant au tutoiement : « Si, si, si. À Nairobi, d'ailleurs, grâce à toi, on a pu s'expliquer avec lui... ».














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