Goya

Patriote et révolté

Francisco de Goya y Lucientes est sans doute le plus grand peintre de sa génération. Il est né le 30 mars 1746 à Fuendetodos, près de Saragosse, dans la famille d'un artisan.

La vendange (Francisco Goya, 1786, musée del Prado, Madrid)D'une remarquable longévité artistique (plus de 60 ans), il débute comme peintre de l'aristocratie heureuse du XVIIIe siècle. Ses premières oeuvres se rapportent à des sujets légers de la société espagnole. Elles rappellent la peinture gracieuse de Fragonard, son contemporain...

Notons son audace dans le nu ci-dessus, l'un des deux ou trois nus espagnols dignes d'attention (avec la Vénus de Vélasquez). Intitulée La Maja desnuda (Goya a aussi peint la même personne vêtue : La Maja ubrana !), cette toile, qui rompt avec les conventions classiques, représenterait la duchesse d'Albe ou la maîtresse de Godoy (homme fort de la Cour), Pepita Tudo.

Retable de l'église Notre-Dame de l'Assomption, Chinchon (1808, Goya)Peintre éclectique, Goya réalise aussi des oeuvres religieuses dans le style maniériste comme cette Assomption de la Vierge ci-contre qui illustre le retable de l'église Notre-Dame de l'Assomption, à Chinchon, un village proche de Madrid où son frère Camilo oeuvrait comme curé et où lui-même aimait à se reposer et peindre.

Autoportrait de Goya en 1815, à 69 ans (musée du Prado)Devenu sourd en 1792, à 46 ans, Goya laisse poindre son tempérament sombre et révolté dans des peintures et des gravures d'une rare noirceur.

Il porte un regard critique et satirique sur son temps et c'est en rugissant qu'il entre dans le XIXe siècle.

Peintre de cour, il soumet à son regard acéré tous les grands personnages du pays, le Premier ministre Godoy et la famille royale elle-même. 

L'artiste fait partie des « afrancesados », l'élite sensible aux idées de la Révolution française, mais il est bientôt déchiré par le soulèvement anti-français de 1808.

Lui-même est témoin, sur la grande place de Chinchon, d'une scène de crime qui lui inspirera quelques-uns de ses croquis de la guerre.

Il atteint le sommet de son art lorsqu'il peint le soulèvement populaire de Madrid du 2 mai 1808 (« Dos de Mayo ») et la répression du lendemain (« Tres de Mayo ») dans des tableaux d'un stupéfiant réalisme qui préfigurent déjà les horreurs du XXe siècle.

Notons que le peintre réalise ces toiles en 1814, c'est-à-dire seulement après l'évacuation de l'Espagne par les Français. Il a alors 68 ans !...

Mais on en découvre les prémices dans une toile de 1808 sur les horreurs de la guerre : on y voit déjà la scène d'exécution dans toute son horreur.  

Scène de la guerre d'Espagne, vers 1808, Francisco de Goya, musée des Beaux-Arts de Buenos Aires, Argentine.

En 1819, Goya achète près de Madrid une maison dont il va faire son atelier, très vite surnommée la « Quinta des Sordo ». Mais il n'en jouit pas longtemps. En 1823, suite à l'intervention française contre les libéraux de Cadix, Goya, craignant pour sa liberté, se réfugie à Bordeaux. C'est là qu'il finira sa vie le 16 avril 1828. Mal avisée, la ville de Bordeaux ne saura conserver aucune toile du maître. 

Publié ou mis à jour le : 2020-08-16 18:17:17

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